Gouvernement : les évêques maronites dénoncent un "partage honteux des quotes-parts"

Les évêques maronites ont dénoncé mercredi le "partage honteux des quotes-parts" qui entrave la formation du gouvernement et mis en garde contre une tentative de "renverser le pacte national, la Constitution et l'accord de Taëf", critiquant également la "mauvaise gestion" de la crise de la part des dirigeants libanais.

Dans un communiqué publié à l'issue de leur réunion mensuelle, les prélats ont regretté "la mauvaise gestion des intérêts et de l'argent publics" alors que les conditions de vie des Libanais continuent de se détériorer. Ils ont également déploré "l'aggravation de la crise politique, qui rend la formation d'un gouvernement  impossible depuis un an pour des raisons liées au partage honteux des quotes-parts". Ils ont mis en garde contre les répercussions de cette situation, estimant qu'elle cachait une "tentative de renverser le pacte national, la Constitution et l'accord de Taëf".

Ces propos constituent une critique à peine voilée du chef de l'Etat, Michel Aoun, et de son camp, accusés par leurs détracteurs de violer la Constitution et l'accord de Taëf alors que la question des prérogatives du président et du Premier ministre désigné entravent la mise sur pied du cabinet. Les tractations gouvernementales entre M. Aoun et le Premier ministre désigné, Nagib Mikati, semblent toujours être semées d'embûches. M. Mikati a déjà rencontré à treize reprises le chef de l'Etat depuis sa désignation le 26 juillet sans que les deux hommes parviennent à s'entendre sur la formation du cabinet.

Les évêques "tiennent les personnes concernées au sein de l'Etat pour responsables des conséquences des catastrophes successives qu'ils causent", ont-ils souligné dans leur communiqué. Les responsables religieux ont indiqué que "la liberté, la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale du Liban sont sur le point de disparaître", estimant que ceci est dû à des "forces régionales et locales".

Les dignitaires maronites ont par ailleurs dénoncé l'"humiliation" que vivent les Libanais en raison des crises en série qui frappent le pays. Plus de 78% des Libanais vivent aujourd'hui sous le seuil de pauvreté, leur pouvoir d'achat s'étant effondré en raison de la dépréciation de la monnaie locale face au dollar. Plusieurs secteurs actifs du pays sont également paralysés par les pénuries de carburants, de médicaments et de certains produits alimentaires essentiels.