Rechercher
Rechercher

Économie - Électricité

Augmentation de la production d’EDL : négociations avec la Syrie en vue

Une délégation officielle libanaise se rendra prochainement à Damas pour discuter d’un acheminement de gaz naturel et d’électricité sur son territoire.

Augmentation de la production d’EDL : négociations avec la Syrie en vue

Photo P.H.B.

Évoquée il y a deux semaines par l’ambassadrice des États-Unis Dorothy Shea, l’initiative américaine pour aider Électricité du Liban (EDL) à combler une partie de son déficit de production semble petit à petit prendre forme. Les autorités libanaises s’apprêtent en effet à envoyer une délégation en Syrie pour négocier le passage sur son territoire du gaz naturel égyptien et/ou du courant produit en Jordanie à destination du Liban.

Selon une source au ministère de l’Énergie et de l’Eau, le chef de l’État Michel Aoun et le Premier ministre sortant Hassane Diab ont en effet donné leur « autorisation exceptionnelle » pour dépêcher cette délégation qui devrait être composée notamment des ministres sortants des Finances Ghazi Wazni, de l’Énergie et de l’Eau Raymond Ghajar et du directeur général de la Sûreté générale Abbas Ibrahim. La vice-présidente du Conseil des ministres et ministre sortante de la Défense Zeina Acar sera également du voyage, en sa qualité de ministre par intérim des Affaires étrangères et des Émigrés.

On apprend de même source que le but des discussions consistera à faire le point sur l’état des infrastructures qui entreraient en jeu, à savoir le gazoduc arabe qui relie l’Égypte au Liban en passant par la Jordanie puis la Syrie, et le réseau électrique haute tension connectant ces deux derniers pays au Liban. Il s’agira plus précisément d’évaluer les réparations à entreprendre ainsi que leur coût, de décider qui devra les prendre en charge et à quelles conditions. Les participants devront en principe également explorer les modalités selon lesquelles la Banque mondiale, dont l’implication avait déjà été évoquée par l’ambassadrice américaine, pourrait contribuer à soutenir l’un ou l’autre projet, voire les deux.

Première visite officielle depuis 2011

En revanche, aucune information précise concernant la date de ces négociations à venir n’a encore filtré. Si elle se confirme, cette visite sera la première effectuée par des membres du gouvernement libanais de façon officielle depuis le début du conflit syrien en 2011. Si des responsables libanais s’étaient déjà rendus en Syrie pour rencontrer leurs homologues du régime de Bachar el-Assad, qui est visé par des sanctions américaines, c’était à chaque fois sans l’accord exprès du Grand Sérail ou du palais présidentiel.

Lire aussi

Le point sur les initiatives visant à augmenter la production d’EDL

C’est le 19 août que Dorothy Shea a fait part à Baabda, puis dans les médias, de l’initiative américaine visant à aider le Liban à régler une partie de ses problèmes de production d’électricité, aussi bien liés aux capacités limitées du fournisseur public qu’à ses problèmes financiers exacerbés par la crise depuis deux ans. L’annonce de la diplomate US a été rendue publique quelques heures après que le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a indiqué qu’un navire transportant du mazout iranien se dirigeait vers le Liban, exposant potentiellement Beyrouth à des sanctions. Le secrétaire général du parti chiite a depuis fait état de deux autres départs de navire-citerne en provenance d’Iran et visant à alimenter un marché local paralysé par les pénuries chroniques, sur fond de dépréciation de la monnaie nationale et de levée des subventions.

La loi César

Selon un communiqué publié par la présidence libanaise le jour de l’annonce de l’ambassadrice américaine, les deux pistes évoquées consistent à « faire parvenir de l’électricité au Liban en provenance de Jordanie, via la Syrie », et/ou à « faciliter les importations de gaz d’Égypte vers le Liban-Nord » où se situe la centrale de Deir Ammar et une partie des installations pétrolières du pays. La possibilité que ces deux options soient simultanément activées est également envisageable.

Une source proche de Baabda avait de plus indiqué à L’Orient-Le Jour que les États-Unis avaient déjà donné leur accord pour que le courant en provenance de Jordanie ou le carburant égyptien puissent être acheminés via la Syrie, malgré les sanctions imposées par la loi César depuis fin 2019. Ce dernier texte de loi inflige de lourdes sanctions au régime syrien, ainsi qu’à toute personne, société, institution ou gouvernement faisant du commerce avec Damas ou contribuant à la reconstruction de la Syrie.

Il reste que très peu de détails techniques ont pour l’instant été révélés, alors que les deux pistes envisagées ne seront a priori pas simples à mettre en œuvre. Seule certitude, confirmée par plusieurs sources dont celle proche de Baabda, l’utilisation du gaz à la place du fuel consommé par les centrales d’EDL, et pour un montant équivalent, « permettrait au Liban de produire 1,4 fois plus de courant électrique ». Une fois importé, ce gaz naturel pourrait être utilisé par les centrales de Deir Ammar et de Zahrani (Liban-Sud), d’une capacité combinée de 850 mégawatts (MW), et celles à moteurs inversés installées en 2015 à Zouk (Kesrouan) et Jiyé (littoral du Chouf), d’une capacité combinée de 220 MW. Outre ces quatre centrales, le gaz égyptien pourrait aussi servir à alimenter les deux navires-centrales de la société turque Karadeniz, dont le contrat arrive à échéance fin septembre. Installés à Zouk et Jiyé, les navires Fatmagül Sultan et Orhan Bey disposent eux d’une capacité combinée de 370 MW.

La piste consistant à importer de l’électricité de Jordanie s’apparente, elle, davantage à une solution d’appoint dans la mesure où les relais haute tension utilisables au Liban pour servir de points d’entrée au courant jordanien ne toléreraient qu’une capacité inférieure à 300 MW et que les réparations sur les lignes reliant la Jordanie au Liban seraient assez longues à finaliser, selon une des sources interrogées.

Les questions du financement du projet et du rôle exact de la Banque mondiale sont, elles aussi, complètement floues à l’heure actuelle.

Évoquée il y a deux semaines par l’ambassadrice des États-Unis Dorothy Shea, l’initiative américaine pour aider Électricité du Liban (EDL) à combler une partie de son déficit de production semble petit à petit prendre forme. Les autorités libanaises s’apprêtent en effet à envoyer une délégation en Syrie pour négocier le passage sur son territoire du gaz naturel égyptien...

commentaires (8)

Solutions bancales, au 1er desaccord avec la syrie, assad coupera gaz et électricité. Ce qu'il a perdu en 2005 militairement, il le récupère en 2021 économiquement. Que le gaz soit convoyé par bateau gazier, un peu plus cher mais au moins plus secure.

Desperados

22 h 32, le 01 septembre 2021

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Solutions bancales, au 1er desaccord avec la syrie, assad coupera gaz et électricité. Ce qu'il a perdu en 2005 militairement, il le récupère en 2021 économiquement. Que le gaz soit convoyé par bateau gazier, un peu plus cher mais au moins plus secure.

    Desperados

    22 h 32, le 01 septembre 2021

  • En d'autres termes, il y aura des négociations avec la Syrie et le liban devra faire diverses concessions. Donc on récupère du fuel qui passe par la syrie pour le rendre à la Syrie , par la suite, partiellement et ce, malgré nous, via la contrebande. Ok. C'est ce qu'on appelle un pays bien géré. Autant négocier du fuel qui s'arrêtera en Syrie tant qu'à faire. .....pffff. Bon ceci étant : Faut trouver une solution : Un pays coupé de tous ses voisins est invivable. Le Sud : Interdit cause considéré par la loi ennemi. ok. La syrie ; pays qui ne veut aucun bien au liban et qui ne le reconnait presque pas..bref... Un pays voyou selon les normes internationales mais la communauté internationale s'y accomode selon les situations. ( la real politic ) Reste Chypre...Loin, par la mer. On ne peut pas le considérer voisin proche mais bon...seul débouché qui a permis aux libanais de voyager durant la guerre lorsque l'accès à l'aéroport était risqué à l'époque. Pas facile de vivre sans voisin cordial. On étouffe dans tous les sens du terme au Liban.

    LE FRANCOPHONE

    20 h 16, le 31 août 2021

  • Que les syriens commencent par nous rendre les kidnappés et prisonniers qui moisissent dans leurs geaoles depuis des décénies, puis arrête de siphoner les carburants et autres denrés subsidiées, qu'ils délimitent les frontières et principalement à Chebaa, qu'il rappatrient les 1,5M de réfugiés dans des zones sures, et ceci sortira le Liban de l'abîme bien mieux qu'un hypothétique transit d'électricité ou de gaz.

    Bachir Karim

    19 h 13, le 31 août 2021

  • Ce projet est extrêmement vital pour le Liban.Les libanais doivent, en dehors de toute considération politique, le mener à son terme,en profitant de l'aide de la Banque mondiale et du feu vert des Etats-Unis. M.Z

    ZEDANE Mounir

    13 h 56, le 31 août 2021

  • LA Syrie,avec la complicité des politiciens mafieux ici, nous volent depuis la nuit des temps....le pétrole IPT arrivait pas des gazoducs direct d Irak LIban,sur la distillerie de tripoli...la Syrie a coupe les gazoducs sur son territoire et nous vend ca., depuis 1976...ceci est un petit exemple.

    Marie Claude

    08 h 21, le 31 août 2021

  • "… le Liban-Nord où se situe … une partie des installations pétrolières du pays …" - Woohoo! Comme ça sonne bien! J’en rigole encore! Vive le Liban Fort!

    Gros Gnon

    06 h 16, le 31 août 2021

  • Les US jettent le Liban dans les bras de la Syrie? À méditer à la lumière de la débandade afghane.

    Marionet

    03 h 42, le 31 août 2021

  • Si brasser du vent, générait de l'énergie... Grâce à leurs "dirigeants", les libanais n'auraient plus de problèmes d'électricité.

    Sfeir walid

    01 h 40, le 31 août 2021

Retour en haut