Des proches des victimes manifestent devant le domicile du juge Oueidate

Une poignée de proches des victimes de la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020 ont manifesté lundi en fin de journée devant le domicile du procureur général près la cour de cassation Ghassan Oueidate, l'accusant d'entraver l'enquête en cours, sur fond d'ingérences politiques.

"Tous sans exception, et Oueidate en fait partie", ont scandé les manifestants, en accusant le juge d'être corrompu. "Que tombent les immunités !", ont crié d'autres. Le juge est allé à la rencontre des proches des victimes, et les deux parties ont eu un échange tendu au sujet de l'enquête qui piétine. Aucun incident n'a toutefois été signalé.

Selon plusieurs médias, le juge avait refusé d'accorder son autorisation afin que le juge d'instruction Tarek Bitar puisse poursuivre le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, et le directeur de la Sécurité de l'État, le général Tony Saliba. Le parquet de cassation avait toutefois démenti ces informations jeudi dernier.

L'explosion le 4 août 2020 de plusieurs centaines de tonnes de nitrate d'ammonium, stockées depuis des années au port - "sans mesure de précaution" de l'aveu même du gouvernement - a fait 214 morts et plus de 6.500 blessés, dévastant des quartiers entiers de la capitale.

La classe dirigeante est accusée de tout faire pour torpiller l'enquête et éviter des inculpations. Après avoir catégoriquement rejeté une enquête internationale, les autorités libanaises ont dessaisi de ses fonctions le premier juge chargé de l'affaire, Fadi Sawan, après l'inculpation de hauts responsables. Le juge actuel, Tarek Bitar, a émis jeudi un mandat d'amener à l'encontre du Premier ministre sortant Hassane Diab, poursuivi pour négligence dans ce drame. Mais ce dernier continue de refuser d'être interrogé. Il doit comparaître le 20 septembre.

Hassane Diab avait démissionné quelques jours après l'explosion, mais continue depuis d'assumer les fonctions de Premier ministre chargé de la gestion des affaires courantes, en l'absence d'un nouveau gouvernement dans un Liban en plein marasme politique et économique.