Les boulangeries appelées à dresser l'inventaire de toutes leurs ventes

Le ministre libanais sortant de l'Économie Raoul Nehmé a annoncé lundi que les producteurs de pain au Liban devront désormais dresser l'inventaire de leurs ventes hebdomadaires sur place ou aux distributeurs, faute de quoi, ils ne bénéficieront plus de la farine subventionnée par la Banque du Liban (BDL). M. Nehmé a précisé avoir pris cette mesure pour renforcer la "lutte contre la contrebande et le marché noir de la farine et du pain". 

Pour lutter contre ces pratiques, le ministère de l'Économie a décidé d'obliger les boulangeries à "communiquer de manière hebdomadaire le nombre de paquets de pain qu'elles vendent aux distributeurs et leurs noms, ainsi que les paquets vendus sur place". "Les boulangers qui refuseront de se soumettre à ces mesures ne bénéficieront plus de la farine subventionnée par la BDL et seront déférés devant la justice compétente", a-t-il souligné dans un décret. 

Le syndicat des boulangers s'est insurgé contre cette décision, réfutant toute implication "dans des opérations de contrebande et de stockage du pain". "Le ministère peut effectuer des perquisitions dans nos boulangeries et nos entrepôts pour confisquer les stocks de farine, s'il en trouve", a-t-il fait savoir. Les boulangers se sont plaints de manquer de mazout pour faire tourner leurs fours et de ne pas recevoir non plus les quantités habituelles de farine de la part des minotiers. "Nous utilisons toute la farine fournie, dans les mesures du possible en fonction des quantités de mazout disponibles. Evidemment, la production est donc inférieure à la normale", ont-ils affirmé, déplorant les impacts de la crise sur un secteur déjà en difficulté.

La Banque centrale subventionne les importations de farine au taux officiel de 1.507 livres libanaises pour un dollar, à 100% de leur montant depuis mars 2021. Comme les autres produits subventionnés par la BDL, dont les réserves en devises sont quasi épuisées, la farine n'échappe pas à la contrebande vers la Syrie ou au stockage pour être revendue par la suite plus cher au marché noir. Le prix du pain a fortement augmenté au cours des derniers mois, sur fond de chute de la monnaie nationale et d'hyperinflation. Il subit aussi l'impact de la levée progressive des subventions sur les carburants et sur d'autres produits comme la levure, ce qui accroît le coût de sa production et de son transport.