Alors que le président libanais, Michel Aoun, avait fait état lundi de la possibilité que le nouveau gouvernement soit formé "dans les quelques prochains jours", le Premier ministre désigné, Nagib Mikati, avec qui il s'est entretenu dans l'après-midi, a semblé tempérer cet optimisme, soulignant que s'il était "possible" que son équipe voie le jour dans la semaine, des obstacles devaient toutefois encore être surmontés. A l'issue de sa dixième réunion avec le chef de l'Etat, M. Mikati a toutefois souligné que les probabilités qu'il forme un cabinet étaient "plus élevées" que celles d'une récusation, sans néanmoins se fixer d'échéance.
Le Liban attend la formation d'un nouveau gouvernement depuis plus d'un an, tandis que les responsables se disputent sur la question de la nomination des ministres et de l'attribution confessionnelle des portefeuilles régaliens. Un gouvernement réformateur est la condition sine qua non de l'aide de la communauté internationale, dont le pays a cruellement besoin.
"Nous essayons de résoudre le dossier gouvernemental de manière à contenter tout le monde", a déclaré M. Mikati à la presse, depuis Baabda. Il a ajouté que "tout le monde connaît les difficultés" que traverse le Liban et "sait qu'il faut faire front uni", assurant "multiplier les efforts pour former un cabinet qui pourra assumer les grandes responsabilités et obligations" auxquelles il devra faire face, dans le contexte de crise profonde que traverse le Liban. "Nous avons discuté en profondeur" des différents aspects, a souligné le député de Tripoli en référence à l'entretien d’aujourd’hui, ajoutant que de nouvelles réunions auraient lieu "dans le courant de la semaine", sans plus de précision. "Nous avons attaqué la question des noms" des ministrables, a lancé M. Mikati en réponse à une question, confirmant ainsi que l'étape des discussions autour de la répartition des portefeuilles entre les différentes communautés et formations politiques est terminée. "Il est possible que le gouvernement voie le jour d'ici deux à trois jours, mais il reste des questions à résoudre", a-t-il encore souligné en réponse à une autre question, indiquant "ne pas savoir comment sera résolu le dernier problème qui se pose encore". Il a enfin estimé que les probabilités qu'il forme un cabinet était "plus élevées que celles d'une récusation, mais rien ne peut confirmer cela". Et d'insister sur le fait qu'il ne se fixe pas de délai pour mener à bien sa mission, ajoutant dans le même temps que ce délai n'était pas "illimité".
Dans une interview à la chaîne al-Jadeed dimanche soir, M. Mikati a fait part d’un optimisme mesuré. "Certains points doivent être éclaircis dans la formation du cabinet, et il est difficile de satisfaire tout le monde", avait dit le milliardaire sunnite, sans autres précisions. "Inchallah, la formation du gouvernement sera proche. Mais si je ne parviens pas à former un cabinet, une autre personne serait la bienvenue (pour tenter de le faire)", a-t-il ajouté, insistant sur le fait que le délai qu’il s’était fixé n’était "pas long". Nagib Mikati avait déjà tenu une réunion samedi après-midi au palais présidentiel de Baabda, loin des médias. Au cours d’une avant-dernière réunion jeudi, MM. Aoun et Mikati avaient finalisé les discussions portant sur les portefeuilles dits "de service" et s’étaient entendus pour garder inchangé le partage des portefeuilles dits régaliens (un sunnite à l’Intérieur, un chiite aux Finances, et deux chrétiens aux Affaires étrangères et à la Défense).
Aoun : "Je ne démissionnerai pas"
Contrastant avec la prudence de Nagib Mikati, le chef de l'Etat avait, lui, affirmé lundi qu'il était, avec le Premier ministre désigné, "sur le point de former un nouveau gouvernement dans les jours qui viennent, bien que certains essaient d'entraver sa mise en place". C'est la première fois que le président se montre aussi optimiste quant à une finalisation du processus. "Même s'il a perdu certaines prérogatives, le président de la République est partenaire dans la formation du gouvernement avec le Premier ministre désigné. Il a le droit de choisir entre les noms proposés au vu de l'autorité dont il dispose", a ajouté M. Aoun lors d'une réunion avec des représentants d'une association franco-libanaise. La question des prérogatives avait provoqué des tensions avec l'ancien Premier ministre désigné Saad Hariri, qui insistait pour présenter lui-même une mouture au chef de l'Etat.
"Des réformes structurelles seront mises en œuvre, ainsi que des négociations avec le Fond monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM). Cela permettra de restructurer le Liban", a encore expliqué le président concernant la mission du futur cabinet. Il a par ailleurs dénoncé "la corruption qui gâche l'image du Liban". "Depuis un an et demi, je me bats personnellement pour que l'audit juricomptable soit lancé", a-t-il souligné. "Aujourd'hui, je clôture une période de gouvernance du Liban qui a débuté en 1990 et je commence une période qui fera du Liban un pays développé", a espéré le chef de l'Etat. Selon lui, "la restructuration du Liban débutera avec (lui) et sera poursuivie sous le mandat du prochain chef d'Etat". "Je ne démissionnerai pas et j'accomplirai mes devoirs jusqu'au bout, a martelé le président. Personne ne me fera bouger de ma position ni de ma volonté de continuer à lutter contre la corruption". La veille, Saad Hariri avait appelé le chef de l'Etat à démissionner, faisant porter à son mandat la responsabilité de l'explosion d'une cuve d'essence dans le Akkar, qui a fait des dizaines de morts et de blessés graves.
L'appel de Shea
Lundi matin, l'ambassadrice des États-Unis au Liban Dorothy Shea s'était rendue auprès du Premier ministre désigné puis du chef de l'État et appelé à la formation immédiate d'un gouvernement au Liban. "Nous exhortons ceux qui continuent à entraver la formation du gouvernement et la mise en œuvre des réformes à mettre de côté leurs intérêts partisans", a déclaré la diplomate à l'issue de son entretien avec le chef de l'État à Baabda.
"Chaque jour qui passe sans un gouvernement capable de mettre en œuvre des réformes urgentes est un jour où la situation déjà désastreuse vire davantage à la catastrophe humanitaire. Les Libanais souffrent", a-t-elle lancé, déplorant que l'État ne puisse plus assurer "les services de base, même vitaux" à ses citoyens. "Le Liban a besoin que ses dirigeants prennent des mesures de sauvetage urgentes", a ajouté Mme Shea. "Pour cela, il faut un gouvernement axé sur les réformes, qui commence à répondre aux besoins de la population et à travailler dur pour la reprise économique", a-t-elle jugé. "Le peuple libanais ne peut pas attendre. Nous avons salué le nouveau cadre de sanctions annoncé par l'Union européenne pour promouvoir la responsabilité et la réforme au Liban, et les États-Unis continueront de coordonner avec leurs partenaires sur les mesures appropriées", a poursuivi la diplomate. Le Conseil européen a adopté fin juillet un cadre pour des sanctions ciblées contre des personnes ou entités au Liban ayant porté atteinte à la démocratie ou à l'État de droit. Ce texte vise à mettre la pression sur les responsables chargés de former un cabinet. L'ambassadrice a rappelé le soutien apporté par les États-Unis et la communauté internationale au Liban, tout en soulignant que ces derniers ne pouvaient pas prendre la place d'un gouvernement.
Dans un discours de dimanche, à l'occasion des soirées précédant Achoura, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah a lui aussi appelé "à la formation d'un nouveau gouvernement "quel qu'en soit le prix", vu qu'"il n'y a plus de temps à perdre". Selon lui, le drame de Tleil (l'explosion d'une citerne d'essence au Akkar, ndlr) devrait constituer "un moyen de pression" sur les responsables afin qu'ils forment un gouvernement dans les jours à venir "parce que le pays ne peut plus supporter" cette situation. "Aujourd'hui, nous disons assez", a lancé le leader chiite, précisant que "tout le monde doit faire des sacrifices". Le secrétaire général du parti chiite a noté que "le nouveau gouvernement devrait se réunir au plus vite afin de prendre la décision de la levée des subventions et de la mise en œuvre de la carte d'approvisionnement et d'autres projets".
appel a la demission de aoun disent ils ? RIEN N'Y FERA TANT QUE LE CARDINAL RAI RESTE CONTRE .... CECI DIT, CESSONS DE POINTER M AOIUN DU DOIGT. FAUT POINTER DU DOIGT SES PARTISANS QUI MALGRE SES 2 GUERRES INFAMANTES DE 89-90 LUI TROUVENT DES AURÉOLES BIEN FIXEES SUR SON CRANE, NORMAL ALORS QU'IL SE PREND POUR CE QU'IL DIT ETRE.
12 h 48, le 17 août 2021