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Société - Crise

Les médecins mettent en garde contre une pénurie de vaccins et de médicaments contre le cancer

Le corps médical, happé par la spirale vertigineuse qui entraîne tout le secteur vers une désorganisation croissante, se trouve à un moment critique où, en raison de la diffusion du variant Delta, les besoins médicaux et en lits sont en augmentation.

Les médecins mettent en garde contre une pénurie de vaccins et de médicaments contre le cancer

Charaf Abou Charaf entouré (de gauche à droite) de Bernard Gerbaka, Marianne Majdalani et Nizar Bitar. Photo ANI

Interdépendants, les secteurs médical, infirmier et hospitalier luttent en ce moment pour continuer à offrir des soins qui soient à la hauteur de la réputation de ce secteur de pointe. Le président de l’ordre des médecins de Beyrouth, Charaf Abou Charaf, a fait hier un bilan d’étape de la crise particulière à laquelle fait face le corps médical, irrésistiblement happé par la spirale vertigineuse qui entraîne tout le secteur vers une désorganisation croissante à un moment critique où, en raison de la propagation du variant Delta, les besoins médicaux et en lits hospitaliers sont en augmentation. Le Dr Abou Charaf avait à ses côtés les Drs Nizar Bitar, président de la Société libanaise d’oncologie, Marianna Majdalani, présidente de la Société libanaise de pédiatrie, et Bernard Gerbaka, pédiatre et chef du comité scientifique à l’ordre des médecins.

Ce sont les besoins en médicaments pour le cancer et en vaccins essentiels pour enfants, dont certains manquent déjà, qui préoccupent surtout l’ordre des médecins. Les médicaments pour le cancer, une trentaine, sont indispensables « pour soigner et sauver des milliers de vies enfantines et adultes », a insisté le Dr Abou Charaf. « Ce ne sont pas des médicaments pour soins palliatifs qui peuvent prolonger de quelques semaines la vie des patients, mais des médicaments efficaces. Ce serait un crime d’en manquer », a-t-il martelé. Il en va de même, ajoute-t-on, pour les médicaments pour les maladies chroniques et graves. Inaccessibles aux petits budgets, leur absence signe l’arrêt de mort du patient.

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Quant aux vaccins (triple vaccin diphtérie-tétanos-coqueluche, méningite, hépatite A et B, pneumocoque, rotavirus et rougeole/rubéole), ils sont indispensables si l’on ne veut pas voir réapparaître des maladies que l’on croyait éradiquées, a fait valoir le praticien. « L’importation libre de ces médicaments et leur disponibilité est essentielle, a-t-il insisté. La responsabilité du ministère de la Santé est engagée à cet effet. »

« Peu importe qu’ils soient d’Est ou d’Ouest »

Pour le Dr Abou Charaf, peu importe que ces médicaments soient « en provenance de l’Est ou de l’Ouest, pourvu qu’ils respectent les normes sanitaires », ce qui peut toujours se vérifier sur le plan administratif, puisque l’abolition du laboratoire central – annexé pour devenir une aile du siège de la présidence de la Chambre – a rendu le contrôle chimique de ces médicaments impossible.

Le Dr Gerbaka, pour sa part, a plaidé pour que le Liban soit officiellement inscrit sur la plate-forme des pays en voie de développement, afin de pouvoir acheter ces produits médicaux à 10 % de leur prix. Dans le même temps, le Liban devrait s’adresser indistinctement à toutes les organisations (OMS, Unicef, Unrwa), pour obtenir les vaccins indispensables pour protéger sa population de jeunes, a fait valoir le Dr Abou Charaf.

Les semaines critiques qui viennent...

Par ailleurs, le Dr Abou Charaf a dit redouter, « faute de respect des gestes barrières appropriés » et dans l’état actuel d’occupation des restaurants et lieux de loisir, une recrudescence des cas de coronavirus et des cas d’hospitalisation dans les semaines qui viennent. Il a dans ce cadre regretté que 26 % uniquement de la population soit jusqu’à présent vaccinée (avec une première dose de vaccin, NDLR) et que les personnes inscrites sur la plate-forme pour la vaccination ne représentent que 32 % de la population éligible dans le pays. « C’est très peu et cela ne nous mènera pas à l’immunité collective », a-t-il critiqué. Il a dans ce cadre appelé le ministère de la Santé à organiser de nouveaux marathons de vaccination Pfizer et rappelé que non moins de 43 médecins ont payé un lourd tribut à la pandémie.

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Sur les conditions de travail des médecins en ce moment, le Dr Abou Charaf a souligné, en particulier, que l’exode des praticiens, attirés par de meilleurs honoraires et conditions de vie ailleurs, a laissé un vide structurel au niveau des urgentistes et des soins intensifs pédiatriques et du troisième âge. « Les urgentistes pédiatriques se comptent sur les doigts de la main », a observé la Dr Majdalani.

La conférence de presse a redit aussi les difficultés infinies que les médecins ont à se faire payer leurs honoraires dans le cadre du système de couverture sociale actuel, et déploré par ailleurs les violences verbales et physiques auxquelles se sont exposés certains d’entre eux, dans l’état de nervosité générale et d’entropie où se trouve le Liban.

Interdépendants, les secteurs médical, infirmier et hospitalier luttent en ce moment pour continuer à offrir des soins qui soient à la hauteur de la réputation de ce secteur de pointe. Le président de l’ordre des médecins de Beyrouth, Charaf Abou Charaf, a fait hier un bilan d’étape de la crise particulière à laquelle fait face le corps médical, irrésistiblement happé par la...

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Bien sûr que le Liban est un des pays "en voie de développement" : il n'a rien à leur envier!

Politiquement incorrect(e)

16 h 10, le 12 août 2021

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Commentaires (1)

  • Bien sûr que le Liban est un des pays "en voie de développement" : il n'a rien à leur envier!

    Politiquement incorrect(e)

    16 h 10, le 12 août 2021

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