Formation du gouvernement : le mufti Deriane accable les responsables

Le mufti de la République, cheikh Abdel Latif Deriane, a accablé dimanche, dans un discours à l’occasion de la nouvelle année de l’Hégire, les responsables qui tardent à former un gouvernement et assuré que la sédition n’aurait pas sa place au Liban, malgré les tensions entre différentes communautés ces derniers jours.

Le chef spirituel de la communauté sunnite a tiré la sonnette d'alarme face à l’ampleur du phénomène de l’émigration, tout comme l’a fait dimanche le métropolite de Beyrouth, Mgr Elias Audi.

« Si nous voulons sauver le pays et l’Etat, nous ne devons plus émigrer, mais plutôt changer ceux qui ferment leurs yeux, leurs oreilles et leur conscience face à la misère du peuple libanais et ses problèmes qui se sont aggravés sous leur mandat », a-t-il dit. « Oui, le changement est nécessaire. Nous, hommes de religion, n’aimons pas le chaos, mais ce sont eux qui poussent les citoyens par la force vers le chaos et l’opposition, qui pourrait je le crains devenir violente », a encore ajouté le mufti.

Il a estimé que "la formation d’un gouvernement de sauvetage, réclamé par les Libanais et la communauté arabe et internationale, est le début de la solution pour les souffrances des Libanais ». « La solution de la crise est aux mains des Libanais », a ajouté le dignitaire, appelant les responsables à « placer l’intérêt du Liban au-dessus de toute autre considération ».

« Les Libanais payent le prix de tout retard dans la formation du gouvernement », a encore averti le mufti, alors que Saad Hariri a dû jeter l’éponge après neuf mois de marchandages et que Najib Mikati semble rencontrer à son tour des difficultés dans le processus de formation du gouvernement.

« Le pouvoir assume la responsabilité de l’état d’effondrement et de pourrissement et de la situation dans laquelle se trouve le Liban. L’Etat risque de rendre son dernier souffle », a-t-il encore prévenu. « Responsables du Liban, qu’avez-vous fait du pays ? Qu’attendez-vous pour sauver votre pays ? Ne vous êtes vous pas suffisamment querellés au sujet de vos parts ? Où est votre responsabilité nationale ? », s’est-il demandé.

Le mufti a par ailleurs assuré qu’il n’y aurait pas de sédition « entre les musulmans du Liban ni entre les Libanais ». Il a appelé à la « sagesse » face « aux événements des derniers jours », dans une allusion aux affrontements entre sunnites et chiites aux portes de Beyrouth ou aux récentes tensions entres chiites et druzes.