La justice libanaise a interrogé jeudi le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé sur plusieurs affaires, y compris de détournement de fonds publics et d'évasion fiscale, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.
Selon cette source, le procureur adjoint auprès de la Cour de cassation, Jean Tannous, "a interrogé (jeudi) Riad Salamé pendant trois heures et 15 minutes", alors qu'une enquête a été ouverte sur sa fortune il y a plus de trois mois. "L'audience du gouverneur de la Banque du Liban (BDL) est étalée sur plusieurs séances car le dossier est volumineux et complexe", a ajouté la source. Elle souligne que l'enquête en cours est "purement libanaise" mais qu'elle a été ouverte dans le sillage d'une demande de coopération formulée par la justice suisse. Selon des informations du quotidien libanais an-Nahar, l'interrogatoire a eu lieu en l'absence de l'avocat du gouverneur, qui respecte la grève lancée fin mai par le conseil de l’ordre des avocats de Beyrouth contre la magistrature, considérée comme étant soumise aux parties politiques et aux services de sécurité.
M. Salamé, qui est soupçonné de "détournement de fonds publics, enrichissement illicite, blanchiment d'argent et évasion fiscale", a démenti à plusieurs reprises ces accusations.
En Suisse, une enquête vise depuis plusieurs mois Riad Salamé pour "blanchiment d'argent aggravé en lien avec un éventuel détournement de fonds au détriment de la Banque du Liban". Deux plaintes ont par ailleurs été déposées en avril en France à l'encontre de M. Salamé, qui y possède plusieurs biens immobiliers. L'enquête a été confiée début juillet à des juges d'instruction anticorruption.
Arrivé à la tête de la Banque centrale en 1993, M. Salamé, 71 ans, est soupçonné par une grande partie de la population d'avoir, à l'instar des barons de la politique libanaise, mené le pays à la dérive et transféré d'importantes sommes à l'étranger lors de la contestation populaire d'octobre 2019. M. Salamé s'est défendu dans les médias, estimant être un "bouc-émissaire" et affirmant avoir fait fructifier le patrimoine qu'il détenait en 1993, au moment de sa prise de fonction.
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Maintenant que Salamé est dans le box des accusés, il ne sortira pas blanchi. Alors il n’a plus qu’à dénoncer tous ceux qui ont oeuvré avec lui pour piller le pays et qui s’acharnent à lui faire porter seul le chapeau. De toute façon il est grillé à jamais et n’a plus rien à perdre puisque sa fortune sera restituée à qui de droit.
Sissi zayyat
11 h 13, le 06 août 2021