
Derrière la pancarte bardée des portraits des victimes, les avocats s’élancent vers le port. Photo C.A.
Derrière une pancarte bardée des 217 portraits des victimes de la double explosion au port de Beyrouth, s’avancent dans un silence religieux des centaines d’avocats en robe noire en direction du port de Beyrouth. Ils marchent depuis la Maison de l’avocat au rythme de chants patriotiques diffusés à tue-tête, et se dirigent dans une première étape devant le bâtiment du parquet de cassation situé au Palais de justice, où les rejoignent de nombreux parents de victimes du 4 août, ainsi que de nombreux membres d’ordres de carrières libérales.
En cette première commémoration de la double explosion du port de Beyrouth, l’émotion est à son paroxysme. On entend des sanglots et des cris. Des mères, pères, sœurs et frères de victimes hurlent leur douleur et leur colère en brandissant des photos d’êtres chers. « Je veux faire exploser ces mafieux comme ils ont fait exploser mon frère », fuse une voix dans la foule. « La potence pour toute personne impliquée ! » clame le frère de Mohammad Doughane, un employé au port de Beyrouth. « Je voudrais qu’il leur arrive pire que ce qui est arrivé à mon frère », martèle de son côté Najla, sœur de Mohammad Alaëddine, qui travaillait dans le quartier de Saïfi. Sur ses épaules, sa fillette affiche un portrait. « C’est mon oncle, et l’État la tué », scande-t-elle spontanément.
Les proches des victimes brandissant leurs portraits. Photo C.A.
Plus discret, un quadragénaire se tient de côté. En réponse à une question de L’Orient-Le Jour, il indique que la photo qu’il tient est celle de son fils, l’aspirant Georges Maalouf. « Agent de la Défense civile, il tentait d’ouvrir la porte du hangar numéro 12 lorsqu’il a été pulvérisé. Je ne l’ai identifié que par son ADN », dit-il d’une voix à peine audible.
Plus loin, Ali Haïdar, qui pleure son père Hassan, veut croire qu’on finira par obtenir justice. « J’ai confiance en Tarek Bitar et je le soutiendrai jusqu’à mon dernier souffle », dit-il avec espoir. Dans le même esprit, Ibrahim Hoteit, représentant des familles des victimes, veut croire aussi à une prochaine révélation de la vérité. « Justice sera faite grâce à notre persistance », déclare-t-il. L’assiduité, Joseph Moukarzel, député suppléant des Français de l’étranger, la considère également comme un bon moyen d’obtenir gain de cause. Assurant que « le peuple libanais est soutenu à l’international », il préconise « une constance dans la contestation populaire pour que s’opère le changement ».
Dans un discours qui avait précédé la marche vers le port, le bâtonnier de Beyrouth Melhem Khalaf avait lui aussi exprimé sa ténacité en évoquant son action pour la défense des droits des victimes. « Aucun responsable de cette tragédie n’échappera à la reddition des comptes et aux sanctions. La justice prévaudra inévitablement », a-t-il martelé. Y a-t-il vraiment un espoir en ce sens ? « L’espoir, on le crée », répond-il à L’OLJ.
Avant de s’élancer vers le site du cataclysme, Melhem Khalaf avait par ailleurs inauguré une plaque commémorative à l’entrée de la Maison de l’avocat en hommage à Khalil Moujaès, Hadi Succar et Élie Naufal, trois avocats tués le 4 août 2020.
commentaires (5)
JE LE SOUTIENDRAI AUSSI A CONDITION QU,IL REVELE LE NOM DU PRORIETAIRE OU DU MOINS CELUI DES UTILISATEURS DU NITRATE DONT LES NOMS SONT SUR LES DOCUMENTS DOUANIERS. JUSTICE CONTRE LES TETES AVANT LES SUBALTERNES.
C,EST IDIOT CE QUE FAIT LA CENSURE AUJOURD,HUI !
13 h 42, le 05 août 2021