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Nos Lecteurs ont la Parole

Ne pas baisser les bras

Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais la femelle panda du zoo de Beauval a donné naissance dimanche à deux charmants enfants. Fait unique en son genre puisque les pandas sont une espèce menacée.

Après une telle nouvelle, je me suis dit que la vie tient vraiment à peu de choses. Qu’attendons-nous pour être heureux ?

Rien. Déconfinement terminé, dollar à la hausse, espoirs gouvernementaux mitigés, les Libanais gardent le moral et font la fête avec un merveilleux pied de nez aux Occidentaux (aux autres aussi, d’ailleurs…). Les restaurants sont pleins. Les plages regorgent de corps qui crament et personne ne chipote (ou presque), et la vie est belle. Et le sourire de la femelle panda en prime…

À la montagne, les grillons chantent, les faucons chassent et les corbeaux attendent leurs proies. Les premières communions, même si le mois de Marie est terminé, continuent. Et il y en a même qui se marient. Comme quoi, ce n’est plus une entreprise désespérée. Tant qu’il y a de l’amour, il y a de l’espoir, du bonheur, de la joie, de la fertilité ! En fait de fertilité, la femelle panda a eu deux enfants…

La situation économique ? Pouf ! Nada ! La pauvreté ? Allons donc, ça existe partout. Sauf que chez nous, la courbe va en croissant. Le croissant à 18 000 ou 20 000 LL… Bon, là, la situation devient un peu plus critique. Que va-t-on prendre au petit déjeuner ? C’est un réel problème pour certains. Une crise existentielle. Et puis, bon ! Il y aura toujours quelque chose pour se remplir la panse. Pas plus loin que la semaine passée, dans un restaurant, deux tablées se disputaient encore le nombre de bouteilles de champagne ouvertes. Certes, il s’agissait d’étrangers pleins aux as et qui profitent du taux du dollar, mais, bon, il ne faut pas trop exagérer non plus.

Enfin, comme on dit, l’essentiel, c’est la santé. La preuve en est que les deux bébés pandas sont nés en très bonne forme et la mère se porte bien.

Reprenons notre sérieux ! Le 4 août est arrivé à grands pas. Qu’en est-il resté ? Des drames qui ne vont pas se terminer, des blessures pas prêtes de se cicatriser, des personnes qui ne pensent qu’a émigrer, de nouvelles familles éclatées, et j’en passe. Cette journée de commémoration aura certainement une couleur spéciale, non seulement parce que tout le monde la prend très à cœur, et, pour une fois, le slogan « Tous, ça veut dire tous » prend toute son ampleur, mais malheureusement, pas dans le sens ni dans la valeur qu’on a voulu lui donner. Même si certains y croient encore dur comme fer, y a-t-il encore réellement une raison d’y croire ? Le 4 août, le peuple et ses dirigeants vont se réunir pour montrer une unité sincère face au malheur. Si certains auront des larmes sincères, d’autres seront aux premières loges pour avoir des gueules de six mètres de long à faire pleurer les 200 victimes de cette terrible tragédie sans réelle empathie. Certains se contenteront d’un discours de compassion jouant sur les métaphores de la vie et de la mort pour mieux asseoir leur prédominance sociopolitique. C’est ceux-là qui crient au peuple « Je vous ai compris », alors que s’ils avaient vraiment su comprendre, nous n’en serions pas là. Et pour les vrais éclopés de la déflagration, les vraies personnes dont le dommage moral a été incommensurable, et tous les autres qui souffrent encore des corps de leurs disparus sous des gravats ou dans les profondeurs de la mer, pour toutes ces personnes-là, est-ce que de vaines paroles lancées par des tribuns d’opérette pour la circonstance suffiraient vraiment à assécher des yeux dont les larmes brûlent le sol ?

Non ! Le 4 août, c’est beaucoup plus que cela. Il restera un point d’attache pour un nouvel espoir de renouvellement. Aussi mince que celui d’octobre 2019. La date sera éternellement un symbole pour la paix, malgré tous les malheurs, toutes les peines, tous les dégoûts, toutes les fureurs et toutes les haines. C’est bien au-delà d’un système qui est pris pour compte. C’est un cri d’alarme qui aurait dû réveiller les sourds et ouvrir les yeux aux aveugles. Beaucoup ont parlé, mais, et comme toujours, l’action se fait attendre.

Allons donc ! Ne nous leurrons pas ! Le 4 août sera une date commémorative avec beaucoup de valeur. Par contre, la lutte ne s’arrête pas à cette date. C’est un état continuel qui durera le temps qu’il faudra. Mais, entre-temps, ne pas baisser les bras devra être la devise de tout Libanais, de tout patriote, de tous ceux et celles qui désirent rester et vivre dans leur pays pour construire réellement quelque chose (et non pas parce qu’ils n’ont pas le choix). C’est l’amour de la patrie qui aidera à la sauver, et non les bla-bla inutiles sur ce que nous attendons. Celui qui aime vraiment ce qui reste du Liban agit en conséquence et ne se plaint pas de partir à cause des circonstances qui l’y contraignent.

Pour reprendre une célèbre formule scientifique : « Rien ne se perd, rien ne se gagne, tout se transforme. » Et la transformation, c’est à nous de la faire. C’est un travail de très longue haleine. Courage ! Nous y arriverons.

Enfin, revenons à l’essentiel du début de cet article, la une du journal de France 2 : le panda du zoo de Beauval a donné naissance à deux merveilleux petits bambins. Ou, dans un autre contexte, reprendre les quelques lignes positives qui concluent un drame amoureux (la mort de la principale protagoniste) dans La Faute de l’abbé Mouret de Zola : la vache à vêlé.

Qu’ils soient vaches ou ours, attendrons-nous encore longtemps leur vêlage ?

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais la femelle panda du zoo de Beauval a donné naissance dimanche à deux charmants enfants. Fait unique en son genre puisque les pandas sont une espèce menacée.Après une telle nouvelle, je me suis dit que la vie tient vraiment à peu de choses. Qu’attendons-nous pour être heureux ? Rien. Déconfinement terminé, dollar à la hausse, espoirs...

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