Au moins deux personnes ont été tuées dimanche après-midi dans la région de Khaldé, au sud de Beyrouth, lors des funérailles de Ali Chebli, propriétaire du centre Chebli et membre du Hezbollah, tué la veille dans un acte de vendetta. Ce n'est qu'à la tombée de la nuit qu'un calme précaire est revenu dans la région, avec le déploiement de l'armée, laquelle s'était dit prête "à tirer contre tout élément armé". Toute l'affaire pourrait plonger ses racines dans des dérapages sectaires entre sunnites et chiites de la région, il y a un an.
Près d'un an après la mort de son frère Hassan Ghosn, un homme avait décidé de le venger samedi soir pendant la célébration d'un mariage, tuant Ali Chebli de plusieurs balles dans la poitrine dans un centre balnéaire à Jiyeh.
Contactée par L'Orient-Le Jour vers 19h, la responsable du bureau des médias au sein du Hezbollah, Rana Sahili, a confirmé que deux personnes ont été tuées alors qu'elles se trouvaient à des funérailles "non partisanes, mais familiales". Elle n'a pas confirmé toutefois que ces personnes sont membres du parti chiite et a tenu a préciser que la famille de Ali Chebli était toujours "encerclée" par les tirs. Une des personnes tuées est un médecin et serait le beau-frère de Ali Chebli, selon la responsable du bureau des médias.
Un source sécuritaire a de son côté indiqué à l'AFP qu'au moins "cinq personnes, dont trois membres du Hezbollah, ont été tuées dans une embuscade" contre le cortège funèbre de Ali Chebli. D'autres médias font état de trois morts au total. Les rumeurs selon lesquelles un important cadre du Hezbollah a été tué ont été démenties à L'OLJ.
En soirée, le Hezbollah a ensuite publié un communiqué affirmant qu'à "l'arrivée du convoi funéraire de Ali Chebli au domicile familial à Khaldé, les personnes présentes ont été prises dans une embuscade et victimes de tirs intenses". Dans ce même communiqué, le Hezbollah parle de deux morts et de plusieurs blessés. "Le commandement du Hezbollah fait le suivi de cette affaire avec grand intérêt et demande à l'armée et aux services de sécurité d'intervenir pour imposer la sécurité, arrêter les criminels afin qu'ils soient jugés", est-il conclu.
De son côté, Baabda a rapporté que le président libanais Michel Aoun "a demandé au commandement de l'armée de prendre des mesures immédiates pour rétablir le calme dans la région, arrêter les tireurs, dégager les hommes armés et assurer la sécurité des déplacements des citoyens". "Le président Aoun a également estimé que les circonstances actuelles ne permettent aucune atteinte à la sécurité et aucune pratique qui alimentent la sédition et que toutes les parties doivent coopérer pour atteindre cet objectif", conclut le communiqué.
Dimanche, le convoi transportant la dépouille mortelle de Ali Chebli est parti de l'hôpital al-Rassoul al-A'azam en direction de Khaldé. Selon des informations rapportées à L'Orient-Le Jour, des voitures et mobylettes dont les conducteurs brandissaient des drapeaux du Hezbollah, ont accompagné le corps jusqu'à la villa Chebli à Khaldé. D'après l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), des tirs à l'arme automatique et de roquettes RPG ont eu lieu à Dohat Aramoun ainsi que sur l'autoroute de Khaldé provoquant la panique chez les habitants.
Une source a indiqué à L'OLJ que deux soldats de l'armée libanaise ont été blessés. Sur son compte Twitter, l'armée a annoncé en soirée s'être déployée à Khaldé et être prête à "tirer sur tout élément armé se trouvant sur les routes de Khaldé et en direction de toute personne qui tirera de n'importe quel autre endroit". Sur Twitter, la Croix-Rouge libanaise a appelé à "la cessation immédiate des tirs afin que ses équipes puissent intervenir, secourir les blessés et les transporter à l'hôpital".
Appel à la retenue
Le Premier ministre désigné Nagib Mikati a pour sa part assuré le suivi "des incidents de Khaldé". Il est entré en contact avec le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun qui lui a promis que l'armée allait "intensifier sa présence dans la région pour contrôler la situation", selon l'Agence nationale d'information. Le Premier ministre désigné a enfin appelé les habitants de la région "à faire preuve de retenue". Dans un communiqué, le bureau de presse du Premier ministre sortant Hassane Diab a indiqué que ce dernier a souligné "la nécessité de résister à la sédition et à l'altération de la stabilité sécuritaire". "Le Premier ministre Diab a contacté la ministre de la Défense Zeina Acar, le ministre de l'Intérieur Mohammad Fahmi, le commandant de l'Armée, le général Joseph Aoun, et le Hezbollah, soulignant que toutes les mesures seront prises pour empêcher la sédition et imposer la sécurité", est-il ajouté. Le courant du Futur de l'ex-Premier ministre Saad Hariri a, de son côté, indiqué avoir mené des contacts avec des représentants des tribus arabes afin de parvenir à un apaisement de la situation. Il a également appelé les Libanais de toutes les régions à éviter toute réaction, notamment sur les réseaux sociaux, qui risquerait "d'aggraver la situation".
L'acte de vendetta à l'origine de ce dérapage violent a eu lieu samedi soir dans un centre balnéaire à Jiyeh. Dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on peut voir des invités rassemblés autour d'un dîner en plein air. La musique bat son plein, un danseur de zaffé tout vêtu de blanc fait son entrée. Il est rapidement suivi par un homme armé qui court en direction de l'un des invités et tire plusieurs balles. L'homme décède rapidement et l'assassin aurait été arrêté. Les forces de sécurité n'ont pas encore communiqué sur l'incident.
Le tireur, de la famille Ghosn, aurait voulu venger la mort de son frère, Hassan Ghosn, tué il y a un an. Selon l'Agence nationale d'information, deux personnes ont été blessées dans le centre balnéaire par les tirs et ont été transportées à l'hôpital gouvernemental de Sibline, mais Ali Chebli, lui, est décédé de trois balles à la poitrine.
Dimanche matin, la famille de Hassan Ghosn a affirmé dans un communiqué être "abasourdie parce qui s'est passé" avant d'ajouter que "ce qu'a fait le frère du martyr Hassan Ghosn aurait pu être évité si Ali Chebli avait été remis aux autorités compétentes". La famille indique que "dès le premier jour du martyre de son fils, elle a exhorté les services de sécurité et judiciaires à assumer leurs responsabilités légales et judiciaires en enquêtant sur le crime pour arrêter le tueur, Ali Chebli, et le juger pour le meurtre qu'il a commis de ses propres mains et ce parce que la famille a la conviction qu'aucune autorité ne devrait être au-dessus de celle de l'Etat libanais et de l'Etat de droit". La famille assure avoir "frappé à toutes les portes pour réclamer que le tueur soit puni conformément au droit pénal libanais". Mais "ses tentatives se sont heurtées au refus de celui qui protège Ali Chebli et refuse de le remettre à la justice malgré les vaines tentatives du commandement de l'armée libanaise à cet égard".
Le Hezbollah a quant à lui publié un communiqué en fin d'après-midi pour "commenter l'incident regrettable et douloureux". "Nous affirmons notre rejet absolu de toutes sortes de meurtres (...) et appelons les services de sécurité et judiciaires à répondre avec fermeté. Nous présentons nos condoléances à la famille Chebli et affirmons que l'État s'acquittera de son devoir", ajoute le texte.
L'origine des dérapages du week-end, remonterait à un peu moins d'un an. A l'époque, une rixe armée à Khaldé entre des partisans du Hezbollah chiite et des tribus arabes sunnites du secteur de Khaldé, avait eu lieu sur fond de déploiement de banderoles à l'occasion de Achoura et de drapeaux par des partisans du Hezbollah sur des poteaux électriques. Achoura est un important rituel chiite commémorant la mort de l'imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet, au cours de la bataille de Kerbala en 680. Au moins deux personnes, dont le jeune homme de la famille Ghosn, avaient été tuées et dix autres avaient été blessées.
Quelques jours plus tard, des tireurs avaient ouvert le feu en direction du centre Chebli après qu'un membre de la famille Chebli s'y soit présenté. A la suite des violences, les tribus arabes nomades de Khaldé avaient accepté l'apaisement de la situation, à condition que le suspect Ali Chebli impliqué dans les affrontements ne revienne pas dans la localité.
commentaires (10)
Le vrai problème c’est que ce pays est devenu un poulailler où qu’il y a plusieurs coqs alors la bataille est ouverte surtout lorsque les leaders commencent à montrer un semblant d’entente entre eux, cela est contraire aux principes des fossoyeurs du pays alors ils se précipitent pour semer la pagaille avant que la paix ne se concrétise et les affamés p, mercenaires de leur métier, sont nombreux pour offrir leurs services moyennant nourriture ou plus si affinité.
Sissi zayyat
15 h 54, le 02 août 2021