Le cheikh Omar Ghosn est-il le nouveau cheikh Ahmad al-Assir ? Le nom du cheikh Ghosn est apparu ces derniers mois dans la foulée de la fermeture régulière de la route reliant Beyrouth au Sud au niveau de Khaldé.
Représentant ceux qu’on appelle « les tribus arabes » ou encore « les Bédouins arabes », qui sont des groupes sunnites qui vivent dans des conditions traditionnelles et conservatrices sur les hauteurs de Khaldé et de Aramoun, Omar Ghosn est considéré comme évoluant dans la mouvance du courant du Futur, tout en étant d’obédience salafiste. En 2014, il avait fait un court séjour en prison, la mitraillette de l’un des kamikazes qui s’était fait exploser dans une attaque dans la banlieue sud ayant été retrouvée chez lui. Mais il avait été rapidement relâché en affirmant qu’il ne connaissait pas le kamikaze. À partir du 17 octobre 2019, il avait annoncé avoir rejoint le mouvement de protestation, et les Libanais ont commencé à entendre son nom depuis qu’avec un groupe de jeunes armés, il s’est imposé comme étant le maître de ce secteur vital, tenant entre ses mains « le verrou de Khaldé », ouvrant et fermant l’autoroute selon son gré et allant même jusqu’à rançonner les voitures pour les laisser passer. Avec un petit groupe d’ulémas appartenant à la même mouvance, il a commencé à se faire une place dans le paysage sunnite en prenant des positions en flèche contre le Hezbollah et ses armes. Au fil des incidents, le cheikh Ghosn s’est imposé comme chef de file du courant sunnite hostile au Hezbollah dans la région, multipliant les frictions avec les chiites présents entre Khaldé et Ouzaï, et fermant régulièrement la route au niveau de ce croisement important qui constitue la principale voie reliant le Liban-Sud à la banlieue sud de Beyrouth.
Les incidents dans ce secteur étaient devenus monnaie courante pendant la période des manifestations populaires. Mais excepté les services de sécurité, nul n’aurait songé à s’intéresser de près à Omar Ghosn s’il n’y avait pas eu les affrontements de jeudi soir qui ont duré plusieurs heures, prenant au piège des dizaines d’automobilistes, et menaçant de se développer et de s’étendre, d’autant qu’un obus de type B7 a été utilisé pendant ces échauffourées. Même hier, lors des obsèques de l’une des deux victimes des affrontements de la veille, des éléments armés en cagoule sont apparus dans la rue et ont tiré plusieurs rafales en l’air pour bien marquer leur puissance dans le secteur.
Selon des sources de sécurité, tout avait commencé jeudi matin par la convocation de Omar Ghosn par la justice suite à une plainte déposée contre lui par Ali Chebli, propriétaire du centre commercial du même nom. Ce dernier avait accroché quelques jours auparavant une banderole à l’occasion de la commémoration de Achoura sur la façade de son centre, et les hommes de Omar Ghosn s’étaient empressés de la déchirer. Après avoir été entendu pendant quelques heures, le cheikh a été relâché. Ses partisans ont immédiatement organisé un rassemblement pour célébrer sa remise en liberté devant le centre Chebli puis ils s’en sont pris à un jeune chiite proche du Hezbollah avant de vandaliser sa voiture. Très vite, l’incident s’est aggravé et des tirs ont commencé à se faire entendre venant d’un peu partout, notamment de Aramoun. Ceux qu’on appelle les Arabes de Khaldé et de Aramoun se sont alors rassemblés autour du croisement de Khaldé devant le centre Chebli. Ils ont tiré dans toutes les directions, y compris sur les soldats de l’armée venus pour rétablir l’ordre dans le secteur. Les affrontements ont alors opposé les Arabes de Khaldé et de Aramoun aux militaires. Il a fallu plusieurs heures à ces derniers pour rétablir l’ordre et rouvrir la route. Les mêmes sources sécuritaires ajoutent que le calme est essentiellement revenu dans ce secteur après une médiation du directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, auprès des responsables du courant du Futur et ceux des deux formations chiites Amal et le Hezbollah. Le parti chiite a toutefois publié un communiqué dans lequel il a démenti toute implication dans les accrochages. De leur côté, les représentants des Arabes de Khaldé ont étalé leurs divisions en publiant deux communiqués contradictoires. Les affrontements de la nuit de jeudi et la tension qui est restée perceptible tout au long de la journée d’hier donnent des signaux inquiétants sur la situation sécuritaire qui règne dans le pays. Ils interviennent aussi après la tragédie de Kaftoun dans le Koura (lorsque trois jeunes gens avaient été assassinés par les occupants d’une voiture sans plaque d’immatriculation et toujours en fuite), accréditant les rumeurs d’une réapparition de cellules dites dormantes. D’ailleurs, le ministre de l’Intérieur, Mohammad Fahmi, a déclaré hier que les assassins appartiennent à un groupe terroriste... Selon les sources de sécurité, les groupes terroristes reprennent du poil de la bête en période de tensions, surtout confessionnelles. C’est dans ce climat de divisions que les provocations du groupe de Omar Ghosn peuvent réveiller les vieilles rancœurs et les peurs qui avaient été le plus grand atout du cheikh Ahmad al-Assir dans son plan de mobiliser les sunnites contre le Hezbollah en misant sur la discorde confessionnelle. Le cheikh Assir avait commencé par couper la route du Sud au niveau de Saïda face aux partisans du parti chiite. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Marwan Charbel, avait bien tenté de le faire renoncer à son projet, mais Ahmad al-Assir voulait en découdre avec le Hezbollah. Il s’est retrouvé en train de combattre l’armée. Il a été arrêté par la suite à l’aéroport en pleine tentative de fuite et il est depuis en prison. Pour les sources sécuritaires précitées, même si l’on retrouve de nombreuses similitudes entre le parcours du cheikh Assir et celui que semble prendre Omar Ghosn, la comparaison pourrait s’arrêter à ce stade car, derrière Ahmad al-Assir, il y avait un projet régional, alors que les initiatives de Omar Ghosn ne semblent pas s’inscrire dans un tel cadre. Du moins pour l’instant. Mais toujours selon les mêmes sources, l’entente politique et la formation rapide d’un gouvernement seraient le meilleur moyen de mettre en échec les projets de déstabilisation du Liban, s’ils existent.
commentaires (4)
Chere madame Haddad les affrontements de jeudi soir qui ont duré plusieurs heures, DONC IL Y AVAIT BIEN DES GENS SUPER ARME DE HEZBALLAH DANS CES QUARIERS LA VERITE AVEZ VOUS ESSAYER DE SAVOIR CE QUE CETTE BANDEROLE DISAIT? Certain disent ( mais avec aucune preuve photographique ) qu'elle glorifiait Ayayache , le criminel qui a tue Harriri ( ou son maitre ce qui est equivalent ). VOUS COMPRENEZ ALORS POURQUOI L'INCIDENT A DEGENERE SI CELA EST LE CAS (OU VOUS ETES DE CEUX QUI PENSENT QUE NASRALLAH N'A ABSOLUMENT RIEN A VOIR AVEC LES 20 TUES OU BLESSES DURANT CETTE PERIODE) AUCUN LIBANAIS HONNETTE NE PEUT ACCEPTER QUE CEUX QUI ONT TUE NOS ELITES SOIENT DES HEROS QU'ON HONORE AUJOURDH'UI QUESTION: ETES VOUS AUJOURDHUI UNE LIBANAISE HONNETTE MADAME? PERSONELLEMENT J'EN SUIS SURE NEANMOINS JE N''ARRIVE PAS A COMPRENDRE VOTRE SOUTIEN A DES PARTIS OU DES PERSONNES QUI ONT DEMOLI LE LIBAN
LA VERITE
19 h 24, le 29 août 2020