Des indiscrétions obtenues hier au sujet du troisième round de pourparlers entre le Premier ministre désigné, Nagib Mikati, et le président Michel Aoun, il ressort que le surplace reste de mise au niveau des échanges relatifs à la composition du nouveau cabinet.
Les deux pôles de l’exécutif ne sont toujours pas parvenus à s’entendre sur la répartition des ministères régaliens ni sur le principe de la rotation et devraient poursuivre leurs discussions lundi. Reçu hier par le président Michel Aoun, M. Mikati a d’emblée indiqué qu’il ne compte pas faire de déclarations à la presse, tout en précisant que « cela ne doit pas forcément être interprété de manière négative », avant d’annoncer qu’il devra tenir lundi dans l’après-midi une quatrième réunion avec le chef de l’État pour poursuivre les échanges autour de la répartition des ministères au sein d’une équipe de 24.
La principale pierre d’achoppement reste l’attribution du ministère de l’Intérieur revendiqué par le camp du président, mais que le Premier ministre désigné ne semble pas prêt à lui céder. Un portefeuille crucial, avec celui de la Justice, à quelques mois des élections législatives et municipales, au printemps prochain, précédant la présidentielle. Au cours d’une interview accordée hier soir à la MTV, le Premier ministre désigné a insisté sur le fait que les personnalités à qui ces deux ministères seront attribués devraient être « totalement impartiales et non proches de telle ou telle autre partie » en raison de leur implication directe dans les scrutins. De manière générale, il a préconisé la nomination d’experts indépendants aux ministères dont le rôle est primordial dans le processus de redressement du pays, indépendamment de leur appartenance communautaire.
La deuxième difficulté porte sur le principe de la rotation que Michel Aoun voudrait appliquer à tous les ministères régaliens, dont celui des Finances, attribué à un chiite. Selon notre chroniqueur politique Mounir Rabih, Nagib Mikati aurait proposé au chef de l’État de renoncer au principe de la rotation, d’autant qu’il ne sera pas possible, selon lui, de l’appliquer au portefeuille des Finances auquel le tandem chiite reste attaché, mais le président aurait répondu que rien n’empêche qu’un autre portefeuille régalien soit confié à une personnalité chiite.
Des concertations supplémentaires devraient être engagées au cours du week-end, mais dans les milieux proches de M. Mikati et du camp présidentiel, on continue d’assurer que les échanges se déroulent dans un climat très positif. À la MTV, le Premier ministre désigné s’est montré confiant quant à l’aboutissement de ses discussions avec le président, faisant état d’une convergence de vues au sujet du choix de personnalités « acceptées de tous et ayant une expérience prouvée dans leur domaine d’expertise ». Il a éludé une question sur son positionnement au cas où le camp présidentiel s’efforcerait de nouveau d’obtenir la minorité de blocage au sein du gouvernement, se contentant d’indiquer que « le chef de l’État qui préside toutes les autorités ne s’abaisserait pas au point de se confiner dans le cadre qu’est le tiers de blocage dans un cabinet ».
En attendant qu’une première mouture gouvernementale voie le jour, l’Occident continue de presser pour la naissance rapide d’un cabinet. À l’issue d’un entretien avec son homologue saoudien, Fayçal ben Farhane, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a réaffirmé « la nécessité et l’urgence que les dirigeants permettent la formation d’un gouvernement capable de réformer le pays », réitérant la mobilisation de la France concernant l’envoi d’une « aide directe à la population libanaise ».
Parallèlement, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, qui a appelé dans la journée M. Mikati, a espéré une formation rapide d’un « gouvernement de mission capable d’obtenir le soutien des forces politiques et confessionnelles » libanaises.
commentaires (10)
On ne peut pas reconstruire le pays avec les mêmes destructeurs !
Wow
12 h 24, le 31 juillet 2021