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Nos Lecteurs ont la Parole

Mesdames et Messieurs les dirigeants, votre coma a suffisamment duré

Mesdames et Messieurs les dirigeants d’hier et d’aujourd’hui : chefs d’État, Premiers ministres, président de l’Assemblée nationale, ministres, députés, chefs de parti, hauts fonctionnaires, banquiers… votre coma a suffisamment duré.

Le Liban se meurt, les Libanais ont faim, ils manquent des besoins les plus élémentaires, ils sont malmenés, humiliés un peu plus chaque jour, et aucun d’entre vous ne se sent responsable !

Même l’explosion du port ne vous a pas égratignés ! Plus de deux cents morts et six mille blessés, des dizaines de milliers de maisons détruites et des centaines de milliers de déplacés et vous jouez toujours à la politique de l’autruche et vous osez vous attaquer aux décisions des juges.

Tous les Libanais savent que vous êtes tous, chacun à son niveau, responsables du marasme dans lequel est plongé le pays depuis plus de trente ans et de l’effondrement, sinon de la disparition même, quasi imminente aux dires de quelques-uns, du Liban.

Vos déclarations à la Ponce Pilate et vos accusations mutuelles ne servent plus à rien. Le monde entier est témoin que vous avez trahi votre patrie, tué votre peuple, vidé les caisses de votre État, volé l’argent de vos compatriotes et mené le Liban à la ruine.

À part vos hommes de main, que vous payez d’ailleurs avec l’argent des contribuables et qui continuent, sans doute à leur corps défendant, à scander des slogans moyenâgeux, répugnants et honteux, vouant leur âme et leur sang à votre vénérable personne, plus personne ne vous croit et ne veut de vous.

Les petits et les grands savent depuis longtemps que vous formez une mafia solidaire et redoutable qui a imposé la corruption comme politique de gouvernance, l’assassinat comme procédé d’intimidation et l’omerta comme outil de soumission. Et malgré vos divergences politiques et vos haines réciproques, vous intervenez pour entraver l’action de la justice, dès lors que vous pressentez le danger qui guette l’un ou l’autre d’entre vous, pour éviter l’effet domino de votre chute collective inéluctable.

Oui, vous êtes tous responsables !

Même vous qui vous dites innocents de ces accusations. Vous avez été complices de toutes les exactions, que vous n’avez d’ailleurs jamais dénoncées, par intérêt politique. Vous avez accepté des concessions graves, en échange de profits politiques. Vous avez fait des alliances électorales contre nature pour assurer une majorité politique.

Et vous qui vous prévalez d’être actuellement dans le camp de l’opposition, vous semblez oublier votre rôle dans les plus hautes fonctions, votre participation à plusieurs gouvernements et votre allégeance à l’étranger en échange de « cadeaux » politiques ou de « présents » en espèces ou en nature, qui vous permettent de faire des acquisitions ici et ailleurs et de mener une vie de prince.

Ou vous qui vous entourez d’une milice pour étouffer toute velléité de résistance à vos abus de pouvoir ou, tout simplement, toute critique, fût-elle timide, de votre autorité absolue depuis des décennies. Non contents de vous gaver tout seuls de l’argent public, vous y avez invité la famille et les partisans.

Ou encore, vous qui prétendez défendre le Liban par votre résistance à l’ennemi et qui soumettez la souveraineté nationale à rude épreuve, prêchant l’aliénation au bon vouloir de votre référence religieuse. Vous avez piétiné les droits de votre propre pays, au profit d’une prétendue « stratégie » politique commune de l’axe que vous qualifiez d’allié, annonçant sans vergogne que la contrebande est partie intégrante de la Résistance.

Ou bien vous qui, après avoir gouverné une vingtaine d’années et dilapidé, avec votre entourage, l’argent public, vous avez, à maintes reprises, couvert des coupables et vous vous êtes servis de lacunes constitutionnelles pour vous dérober, pendant de longs mois à vos obligations, prêts à tout pour obtenir la bénédiction perdue d’un pays longtemps protecteur mais qui ne veut plus de vous, ou cherchant désespérément l’appui de forces régionales ou internationales. Vous avez fait fi de l’agonie du Liban et des Libanais, intimant à vos hommes d’investir la rue, pour donner l’illusion du monopole de la représentation politique de votre communauté.

Et enfin, vous qui avez organisé la fuite des capitaux de tous les mafieux, qui avez refusé l’audit juricomptable indispensable à tout redressement économique et à toute poursuite judiciaire, vous qui avez pillé, de collusion avec les banques, l’épargne des citoyens honnêtes, mettant la main sur des économies gagnées à la sueur de leurs fronts.

À vous tous, nous disons : cela suffit !

S’il est vrai qu’un complot contre le Liban se trame depuis des dizaines d’années, l’on peut dire que vous en avez été les exécutants serviles et criminels, par votre cupidité sans borne, votre incompétence et votre incurie indicibles.

Cela suffit !

Dépêchez-vous de rendre au pouvoir judiciaire ses pleins pouvoirs et son autonomie inconditionnelle.

Dépêchez-vous d’abolir toute décision, arrêté ou loi qui fait de vous et de vos protégés des citoyens de catégorie supérieure, cette parodie de justice que vous nommez « tribunal spécial » et qui vous place au-dessus de la loi.

Dépêchez-vous de lever l’immunité parlementaire ou toute autre immunité qui permet à qui que ce soit de se soustraire aux poursuites judiciaires.

Dépêchez-vous de laisser la justice faire son travail et juger tous ceux parmi vous, parmi vos parents proches, vos amis, vos protégés et autres fonctionnaires, chefs de parti, banquiers etc… qui se révéleraient coupables d’infraction, de délit ou de crime, envers l’État ou envers les citoyens.

Dépêchez-vous de céder la place à de vrais responsables, plus compétents, plus consciencieux et plus honnêtes qui, nous le souhaitons, auront à cœur de servir leur patrie et non de la trahir.

Dépêchez-vous, avant qu’il ne soit trop tard. Avant que vous ne soyez traînés, vous et ceux que vous aimez, dans la boue. N’attendez pas les mesures punitives des grandes puissances ou le soulèvement inévitable du peuple.

Dépêchez-vous de vous en aller.

C’est le seul choix qui vous reste !


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Mesdames et Messieurs les dirigeants d’hier et d’aujourd’hui : chefs d’État, Premiers ministres, président de l’Assemblée nationale, ministres, députés, chefs de parti, hauts fonctionnaires, banquiers… votre coma a suffisamment duré.Le Liban se meurt, les Libanais ont faim, ils manquent des besoins les plus élémentaires, ils sont malmenés, humiliés un peu plus chaque...

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