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Nos Lecteurs ont la Parole

Sauver ce qui reste...

Après le (faux) scoop de la démission du Premier ministre désigné, le dollar a continué à flamber, laissant ce qui reste du pays se consumer avant de terminer en cendres. Étrangement, un prêt de 860 millions de dollars du FMI devait nous être alloué d’ici à fin septembre. Nous aurions pu croire à une certaine positivité pour continuer à vivre. L’essence coule à flots (ne lésinons pas sur les mots), proportionnellement à son prix qui, chaque semaine, augmente. Il va devenir si haut que même l’Everest en sera jaloux. Bon ! Dieu merci, c’est juste temporaire. Tout redeviendra normal et, à défaut de plage, de sable fin, de musique tonitruante et de cocktails multicolores, nous pourrons encore aller bronzer avant la fin de l’été aux portes des stations.

Que reste-t-il de tout ce fatras boueux ? Est-ce que quelqu’un pense encore que l’on pourrait créer une pensée unique basée sur le bien commun du peuple libanais? Y a-t-il encore une personne qui penserait à ce bien commun au lieu de son propre intérêt ?

Pour reprendre les paroles du Prix Nobel d’économie Jean Tirole, le bien commun consisterait à « faire abstraction de son identité, sa profession, ses goûts, sa nationalité, sa religion, son genre ou sa génération ». Autrement dit, le bien commun irait à l’encontre du chacun pour soi pour baigner dans un altruisme sans pareil, au-delà même du bien et du mal. S’investir pour les autres et ne rien attendre en retour rendrait le monde plus beau, ou du moins plus accessible aux plus démunis d’entre nous afin qu’ils puissent atteindre ce sentiment de plénitude que certains ont ou croient avoir pour des causes diverses qui vont souvent au-delà de l’entendement. Nous sommes loin de l’idée de la vie en société où la maxime « L’homme est un loup pour l’homme » s’applique actuellement mot pour mot.

Jean Tirole admet, non sans une certaine déception et en parlant de la France, que le peuple n’a que le système et les choix politiques qu’il mérite. La pandémie est une opportunité de prise de conscience pour reconsidérer les priorités et protéger les jeunes et les générations futures. Mais pour cela, arrêtons de croire que nous pouvons avoir le beurre et l’argent du beurre.

Nous y voilà ! L’économiste nous met face à nos responsabilités. Même s’il prend en exemple son pays, c’est bien un contexte mondial général auquel il fait référence. La France est un exemple parmi tant d’autres. Redescendons un peu sur terre et arrêtons de philosopher. Appliquons cette théorie aux lambeaux d’un pays voué aux déchirures internes, aux manques cruels de certaines matières premières essentielles, miné par une corruption cachée derrière les meilleurs sentiments et, finalement, une overdose de fiascos politiques. Personne ne pense à l’avenir des générations à venir (d’ailleurs, elles n’existent presque plus, et celles qui restent sont soumises à des circonstances particulières, souvent à l’impossibilité matérielle de voir ailleurs). Chacun continue le pour soi sans aucune idée d’évolution. Il ne s’agit plus de huiler les rouages d’une machine usée, mais bien de changer radicalement l’engin. Ceux qui croyaient au changement, indépendamment de leurs convictions, tombent de haut les uns après les autres et se demandent où est leur bien et que sont devenus leurs biens. Nous sommes loin de la pensée unique vers un bien qui transgresse l’individualisme ou le patriotisme ou l’oubli de soi. En bref, nous oublions que nous avons aussi une responsabilité, non seulement envers nous-même, ce qui est normal, mais aussi envers les autres, envers toute une nation qui continue à marcher à cloche-pied et bientôt sans pieds du tout.

Jean Tirole poursuit son analyse très simplement : « Cette incapacité à préparer l’avenir est la principale défaillance de l’État. L’horizon de la politique est souvent la prochaine élection et il faut du courage aux responsables politiques pour mettre la priorité sur une action portant ses fruits dans cinq ou vingt ans (…) Continuer à agir comme si de rien n’était pendant une année de plus n’a pas grande conséquence, mais un an plus un an plus… deviennent des décennies d’inaction et les problèmes attenants des véritables bombes à retardement. »

Avec cette dernière constatation, je vous laisse réfléchir, beaucoup réfléchir. Rien n’est aussi clair qu’il n’y paraît. Pensez-y.


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Après le (faux) scoop de la démission du Premier ministre désigné, le dollar a continué à flamber, laissant ce qui reste du pays se consumer avant de terminer en cendres. Étrangement, un prêt de 860 millions de dollars du FMI devait nous être alloué d’ici à fin septembre. Nous aurions pu croire à une certaine positivité pour continuer à vivre. L’essence coule à flots (ne...

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