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Politique - Décryptage

Le retour de Riyad... par la porte des chrétiens

Après avoir réduit pendant des mois ses activités et rencontres, l’ambassadeur du royaume saoudien à Beyrouth, Walid Boukhari, est revenu en force sur la scène publique. Depuis jeudi dernier, date de la rencontre élargie à Bkerké pour la signature d’un ouvrage sur les relations de l’Église maronite avec le royaume, à la réunion de Meerab lundi après-midi, sans oublier la rencontre tripartite avec les deux ambassadrices de France et des États-Unis, puis la réunion avec les instances économiques, Walid Boukhari est soudain redevenu un acteur de premier plan sur la scène locale.

Officiellement, ces rendez-vous successifs ne sont pas politiques, mais plutôt axés sur les questions humanitaires, ainsi que sur la reprise des échanges économiques entre Beyrouth et Riyad, à condition que le Liban prenne les mesures nécessaires pour stopper le trafic de drogue vers le royaume.

Pourtant, une source diplomatique arabe estime que les Saoudiens ont, à travers ces différentes occasions, envoyé un message important à la fois au Liban et à la communauté internationale qui se résume ainsi : leur retour sur la scène intérieure se fait par les portes de Bkerké et de Meerab.

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Une première constatation d’abord : les Saoudiens ont finalement répondu à la demande de la France et des États-Unis de s’impliquer de nouveau au Liban, après une longue période de désintérêt qui a duré près de quatre ans (depuis la fin 2017, date de la démission de Saad Hariri depuis Riyad). Selon la source précitée, lors de leur rencontre en Italie en marge du G20, les ministres américain et français des Affaires étrangères avaient clairement formulé une telle demande à leur homologue saoudien, qui avait alors promis d’en parler avec les autorités de son pays. Les deux ambassadrices des États-Unis et de France en poste à Beyrouth, Dorothy Shea et Anne Grillo, s’étaient ensuite rendues à Riyad pour assurer le suivi du sujet, et de retour à Beyrouth, elles se sont rendues, lundi, à la résidence de l’ambassadeur d’Arabie à Yarzé.

Selon la source diplomatique arabe, Riyad a donc décidé de se joindre aux efforts américains et français pour aider la population libanaise dans cette crise sans précédent que traverse le pays. Mais pour Riyad, il ne s’agit pas simplement de s’intéresser à la société civile et aux représentants des ONG. Par ses rencontres des derniers jours, le diplomate saoudien a rappelé que Riyad a des alliés fidèles au Liban, et que les relations avec eux sont une constante dans les relations entre les deux pays.

Ceux qui attendaient que ces alliés soient sunnites ont été déçus. L’ambassadeur a, selon la même source, sciemment choisi des parties chrétiennes pour son grand retour sur la scène libanaise.

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D’abord, l’Église maronite en la personne du patriarche maronite actuel Béchara Raï. Dans la cérémonie pour célébrer la parution de l’ouvrage du père Daou sur les relations entre Bkerké et le royaume wahhabite, il y avait à la fois un côté solennel et un aspect amical, afin que soit mis l’accent sur la profondeur des liens qui les unissent. D’ailleurs, Bkerké avait bien choisi les invités appelés à assister à cette cérémonie, excluant sciemment le Premier ministre désigné Saad Hariri. Dans les coulisses de Bkerké, on avait justifié le fait de ne pas adresser une invitation à Saad Hariri par les derniers échanges critiques entre ses proches et ceux du siège patriarcal, à la suite des propos du patriarche considérés comme faisant assumer au Premier ministre désigné la responsabilité du blocage. Mais selon la source diplomatique arabe, l’ambassadeur Boukhari n’aurait pas non plus souhaité la présence de Saad Hariri à cette cérémonie. Par contre, les Forces libanaises y ont assisté à travers une importante délégation de députés et de responsables. Ce qui montre bien la solidité des rapports entre ce parti et le royaume saoudien. La réunion élargie à Meerab quelques jours plus tard entre une délégation de l’ambassade et les responsables des FL est venue confirmer le fait que cette formation est aujourd’hui, avec Bkerké, un des principaux alliés du royaume au Liban.

Le message ainsi adressé est donc clair : l’Arabie saoudite a répondu positivement à la demande expresse des Américains et des Français, mais en choisissant avec qui elle compte traiter. C’est ainsi que lors de la réunion de Meerab lundi, le diplomate saoudien a évoqué la possibilité pour le royaume d’autoriser de nouveau l’importation de produits à partir du Liban, à condition que ce pays prenne les mesures nécessaires pour stopper le trafic de drogue à destination de Riyad et de Djeddah. La réunion le lendemain avec les instances économiques s’inscrivait aussi dans ce cadre, mais elle était moins spectaculaire.

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Même si les déclarations officielles portent sur le problème de l’importation en Arabie saoudite de produits libanais, la source diplomatique arabe estime que le retour de Riyad au Liban par « la porte chrétienne » a une portée politique, liée aux prochaines élections législatives. Selon de nombreuses études statistiques, certaines locales et d’autres étrangères, les résultats des prochaines élections – qui doivent se dérouler avant le 20 mai 2022, date d’expiration du mandat de l’actuel Parlement – dépendront du vote des chrétiens. Selon ces études, si les élections doivent se faire sur la base de la loi actuelle et en raison de la mobilisation politico-confessionnelle, il devrait y avoir peu de changements dans les résultats du scrutin au sein des communautés chiite et sunnite. Chez les druzes, Walid Joumblatt a pris les devants en pacifiant ses relations avec Talal Arslane et l’ancien ministre Wi’am Wahhab. Ce qui devrait signifier que la bataille électorale dans les régions à majorité d’électeurs druzes ne devrait pas être porteuse de grands changements.

Tout devrait donc se jouer sur la scène chrétienne, seule à ce stade en mesure de modifier la tendance générale du nouveau Parlement. L’attention particulière accordée par l’ambassadeur d’Arabie à Bkerké et aux Forces libanaises pourrait donc avoir une dimension électorale. Mais les parties concernées affirment qu’il est encore trop tôt pour parler des élections et que le souci du royaume est d’aider les Libanais... à condition qu’ils s’aident eux-mêmes.

Après avoir réduit pendant des mois ses activités et rencontres, l’ambassadeur du royaume saoudien à Beyrouth, Walid Boukhari, est revenu en force sur la scène publique. Depuis jeudi dernier, date de la rencontre élargie à Bkerké pour la signature d’un ouvrage sur les relations de l’Église maronite avec le royaume, à la réunion de Meerab lundi après-midi, sans oublier la...

commentaires (9)

On dirait que les Seoudiens ont plus confiance des chrétiens ( fl ) que certains sunnites…

Eleni Caridopoulou

16 h 56, le 14 juillet 2021

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Commentaires (9)

  • On dirait que les Seoudiens ont plus confiance des chrétiens ( fl ) que certains sunnites…

    Eleni Caridopoulou

    16 h 56, le 14 juillet 2021

  • Bonjour Mme Haddad. Vous intitulez votre décryptage "Le retour de Riyad... par la porte des chrétiens". Vous n'évoquez pas gebran et le cpl ??? Ils n'étaient pas présent apparemment, ni à bkerké ni à Meerab. Walaw comment parler de retour Saoudien par la porte des Chrétiens sans gebran et le cpl??? Mais bon, on va dire que votre erreur est humaine...

    DJACK

    14 h 50, le 14 juillet 2021

  • .."""Le retour de Riyad... par la porte des chrétiens...""" J'ADORE CE TITRE ! tres sympa ! Mais revenons a leurs moutons : les elections parlementaires de 2022 . Et qu'adviendrait il de positif au cas ou les FL obtiennent eux 25 deputes ? serait ce la fin des malheurs du Liban? ceux anciens Kellon se auraient ils fait amende honorable ? la corruption financière et/ou morale auraient elles disparues ? La justice enfin independante ? les mafieux tous les mafieux chaties ?

    Gaby SIOUFI

    11 h 25, le 14 juillet 2021

  • Les relations Saoudiennes-Libanaises ne sont pas que Les opportunités de travails pour les expatriés Libanais en Arabie, les citoyens tous comme les leaders du Royaume et du Liban son liés par des amitiés et des collaborations depuis les premiers jours de ces deux nations. Aucune fois ni l’un ni l’autre à manquer de respect pour leurs bien aitres et leurs sauverainté mutuelle. Les intérêts commun en bénéficiers pendant longtemps les deux nations.

    Sarkis Dina

    11 h 12, le 14 juillet 2021

  • Chaque fleur, même FANÉE, attire sa MOUCHE .

    aliosha

    11 h 07, le 14 juillet 2021

  • Et l’Iran opère sa mainmise sur le Liban grâce à vos vos idoles les chiites du Hezbollah. Ce fait ne vous choque pas bien entendu. Vous oubliez une différence de taille : l’Arabie Saoudite n’a jamais viole la souveraineté du Liban, des centaines de milliers de libanais vivent grâce au travail de leurs concitoyens en Arabie Saoudite et ce pays est le principal débouché des exportations libanaises. Alors que l’Iran ne nous apporté que malheurs, destructions et mise au ban des nations civilisées

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 30, le 14 juillet 2021

  • Nos responsables politiques= des marionettes utiles et malléables, que les puissances sortent de leurs placards et activent...selon leurs intérêts du moment. Et ça marche...donc vive le Liban libre, fort et souverain !!! - Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 29, le 14 juillet 2021

  • RIEN QU,A LIRE LE TITRE ON A LA NAUSEE CONTRE LE PARTI PRIS ET LA DESINFORMATION.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 24, le 14 juillet 2021

  • Tiens pour une fois un article pas trop biaisé jaune-orange de la part de Mme Haddad. Dès le départ le nouveau pouvoir saoudien a compris que ce sont les FL chrétiennes et pas le CDF sunnite qui sont le vrai fer de lance de la lutte au Liban contre l’Axe Safavide de l’imposture. Même les occidentaux aveuglés par leur conception des « chrétiens d’Orient à protéger » ne voient pas cela et toute l’histoire de la résistance chrétienne libanaise depuis Saint Jean Maroun remet en question leurs dogmes séculiers donc ils préfèrent que les chrétiens d’Orient restent de gentils petits dhimmis à protéger. Le régime saoudien lui il cherche n’importe quel moyen pour affaiblir l’Axe Safavide sans renforcer les courants sunnites intégristes allant des Frères Musulmans à Daëch en passant par Al Qaïda desquels il se méfie tous comme la peste. Il n’y a que par une alliance stratégique avec la résistance chrétienne libanaise qu’il puisse atteindre cet objectif. Voilà pourquoi Riyad est pour les FL et pour tout citoyen libanais qui veut vraiment mettre fin à l’hégémonie de l’Axe de l’Imposture safavide sur son pays un allié bien plus fiable que les oxy-dentaux avides de croissants nucléaires viennois safavides.

    Citoyen libanais

    07 h 30, le 14 juillet 2021

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