Des proches de victimes de la double explosion meurtrière au port de Beyrouth ont organisé samedi en fin de journée un convoi de voitures à Beyrouth pour réclamer la levée de l'immunité des responsables inculpés pour la catastrophe du 4 août 2020, et certains d'entre eux ont été reçus dans ce cadre par le ministre sortant de l'Intérieur, Mohammad Fahmi.
Le ministre Fahmi avait décidé vendredi de refuser la demande de comparution du directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, devant le juge d'instruction près la cour de justice Tarek Bitar, dans le cadre de l'enquête sur le drame d'août dernier. Peu après, le bureau de la Chambre et la commission parlementaire de l'Administration et de la Justice avaient décidé de demander des preuves de culpabilité des députés mis en accusation par le juge Bitar et de poursuivre leur examen du dossier afin de présenter un rapport à l'Assemblée générale d'ici deux semaines.
"Notre mouvement est devenu quotidien", ont affirmé les proches des victimes dans un communiqué lu avant le départ de leur convoi de contestation, menaçant de recourir à l'escalade. Abordant la question de la levée de l'immunité des députés et ex-ministres Ali Hassan Khalil, Ghazi Zeaïter et Nouhad Machnouk, ils ont accusé les députés de vouloir "protéger les coupables". "Nous manifestons pour toute la nation, pas seulement pour nos martyrs, en soutien au juge Tarek Bitar", ont-ils ajouté. Ils ont exhorté le juge d'instruction près la cour de justice à poursuivre son enquête "jusqu'à ce que toutes les circonstances" de l'explosion soient connues et que les responsables soient jugés.
Machnouk accusé de "complicité"
Parties de la place des Martyrs, les familles de victimes se sont d'abord rendues devant le Parlement et le ministère de l'Intérieur, quartier Sanayeh. Elles se sont ensuite dirigées vers le quartier de Koraytem, où elles ont tenu un sit-in devant le domicile de Nouhad Machnouk. Au moyen de haut-parleurs, ils ont appelé l'ancien ministre de l'Intérieur à "se plier à la loi et comparaître devant la justice", sans quoi il sera considéré comme un "ennemi de la cause humaine et nationale" qu'entendent représenter les familles des victimes. Ils ont aussi scandé des slogans accusant M. Machnouk de "complicité" dans le crime du 4 août. "Nous voulons que Nouhad Machnouk comparaisse comme inculpé, pas comme témoin, après la levée de son immunité", ont réclamé les protestataires, qui se sont ensuite rendus devant la maison du ministre sortant de l'Intérieur, Mohammad Fahmi.
Là, les proches de victimes ont lancé un ultimatum au ministre, l'appelant à les rencontrer sans tarder, sans quoi elles forceraient l'entrée jusqu'à son domicile, se disant prêts à en découdre avec les policiers et militaires déployés sur les lieux. M. Fahmi a accepté de recevoir plusieurs représentants du mouvement, qui l'ont appelé à changer d'avis concernant la comparution du général Ibrahim. "Il nous a demandé de revenir le voir lundi, mais nous avons refusé parce que nous ne voulons pas entendre à nouveau les mêmes explications", a affirmé un représentant des familles qui a indiqué, à l'issue de l'entretien, que le ministre ne les a "pas convaincus", selon des propos rapportés par la chaîne locale LBCI.
En plus des députés Zeaïter, Khalil et Machnouk et du général Ibrahim, des poursuites ont été lancées contre l'ancien ministre Youssef Fenianos, l'ex-commandant en chef de l'armée Jean Kahwagi, un ex-chef des renseignements de l'armée, Camille Daher, plusieurs officiers et le chef de la Sécurité de l’État Tony Saliba.
Les explosions du 4 août ont tué plus de 200 personnes, fait des milliers de blessés et détruit des quartiers entiers de Beyrouth.
COUP DE THEATRE : au sujet de la levée de l’immunité. Un non-lieu décrété par l’assemblée nationale qui s’érige en juge et partie. Elle n’est pas belle notre assemblée ! C’est toujours comme cela que se terminent les affaires criminelles des cols blancs au Liban. Tôt ou tard ça sera le verdict qui sera annoncé par nos députés qui tiennent à une justice juste et équitable à condition qu’elle leur convienne.
13 h 38, le 11 juillet 2021