Une source proche de l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août dernier, a confirmé à L’Orient-Le Jour que le rapport français remis au juge d’instruction Tarek Bitar excluait l’hypothèse d’une frappe aérienne qui aurait pu avoir provoqué le drame, qui a fait plus de 200 morts.
La chaîne LBCI avait rapporté jeudi l’information, assurant qu’elle avait pu consulter un résumé du rapport produit par les renseignements de l’armée libanaise. Le rapport français contient, selon la chaîne, une vingtaine de pages et quatre CD contenant "des milliers d'informations" et, entre autres, des images "de haute qualité" prises par des satellites européens et montrant le port avant et après la déflagration. Aucune image du moment précis de l'explosion n'est toutefois incluse au dossier. Ce rapport se base sur les enquêtes d'experts français dépêchés dans la capitale après la catastrophe. Le contenu de ce rapport a été résumé par l'armée, suite à une demande faite en ce sens par le juge Bitar au ministère de la Défense en mai dernier.
Les informations contenues dans le dossier français écarte donc l'hypothèse d'un missile aérien qui aurait visé le port. Elles expliquent que les bruits identifiés par de nombreux Beyrouthins comme des tirs de missiles étaient en fait dus au bruit de la déflagration, qui s'est propagé plus rapidement que l'image de l'explosion. Les experts français ont encore estimé que la cause du drame pourrait "logiquement" être liée à des travaux de soudure effectués dans le port, qui auraient provoqué soit des étincelles soit un court-circuit électrique, qui auraient mis le feu aux matières inflammables stockées dans le hangar 12, notamment des feux d'artifice et de l'huile, avant que l'incendie ne parvienne au nitrate d'ammonium.
100 à 1.000 tonnes de TNT
L'enquête française n'a pas précisé la quantité de nitrate d'ammonium présente dans le hangar, mais estime que son poids équivalait à entre 100 et 1.000 tonnes de TNT.
La France tout comme les États-Unis et la Grande-Bretagne avaient envoyé, après le drame, des experts qui ont travaillé conjointement avec les forces de sécurité intérieure libanaises sur le terrain pour tenter de reconstituer les événements et élucider les causes de l’explosion. "Les Français ont procédé au travail technique et scientifique le plus poussé avec des plongeurs qui ont fait des prélèvements sous-marins", avait indiqué à L’OLJ la ministre sortante de la Justice Marie-Claude Najm en avril dernier.
Tarek Bitar avait annoncé début juin qu’il se donnait deux mois pour déterminer les causes du drame et que sur les trois hypothèses sur lesquelles portait l’enquête, l’une avait été écartée à 70 %. Il n’avait toutefois pas précisé laquelle. « La première hypothèse est celle d’une erreur lors de travaux de soudure sur la porte du hangar 12 et qui aurait provoqué l’incendie puis l’explosion. La deuxième est celle d’un acte militaire ou terroriste intentionnel à l’intérieur du port, et la troisième est celle d’une frappe aérienne à l’aide d’un missile", avait expliqué le juge.
commentaires (8)
On ne saura jamais la vérité , peut être dans un siecle
Eleni Caridopoulou
17 h 22, le 10 juillet 2021