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Économie - Pénurie de carburant

Aucune accalmie en vue pour les stations-service et les automobilistes

Aucune accalmie en vue pour les stations-service et les automobilistes

Les files d’attente aux stations-service encore ouvertes continuent... Photo João Sousa.

Alors que le ministère de l’Énergie et de l’Eau a annoncé hier les nouveaux tarifs des carburants au Liban, marqués par une hausse générale, un rassemblement de propriétaires de stations-service a tenu une conférence de presse pour mettre en garde contre la fermeture forcée de leurs établissements si aucune solution n’est trouvée pour combler le déficit en carburant du pays et réduire la congestion aux pompes. Cette assemblée a ainsi appelé les autorités libanaises à sécuriser les stations-service, témoins ces dernières semaines d’actes de violence répétés entre clients excédés ou avec les employés, et à trouver un mécanisme « équitable » de distribution du carburant dans toutes les stations-service réparties sur le territoire sur une base « quotidienne ».

Le rationnement continu en carburant serait dû, selon les différents professionnels du secteur, aux modifications apportées par la Banque du Liban (BDL) au mécanisme de subvention de facto sur le carburant que l’institution financière avait instauré à l’entame de la grave crise économique et financière que traverse le pays, en sus des retards d’ouverture des lignes de crédit pour le déchargement des cargaisons pétrolières par la BDL. À titre d’exemple, un des importateurs de carburant qui se partagent le marché a indiqué à L’Orient-Le Jour n’avoir reçu qu’hier l’accord de la BDL qu’il attendait pour pouvoir décharger la cargaison d’un de ses tankers, alors que cela aurait dû être fait vendredi, selon lui.

La pénurie de carburant affecte également l’approvisionnement des groupes électrogènes supposés pallier les manquements du fournisseur public, Électricité du Liban, mais qui sont de plus en plus nombreux à également rationner la production.

Hausse des cours du brut à l’international

Si l’ancien système de subvention permettait aux importateurs d’échanger leurs livres libanaises contre des dollars délivrés par la BDL à la parité officielle de 1 507,5 livres pour un dollar afin d’assurer 90 % des montants de leurs factures, à charge pour eux de fournir les 10 % restants, le nouveau système, entériné fin juin par un accord exceptionnel entre la présidence, l’exécutif et la banque centrale, leur permet d’obtenir 100 % des dollars requis à un taux de 3 900 livres/USD. En conséquence, les prix des carburants ont subi une augmentation en flèche à deux reprises la semaine dernière et sans que cela n’affecte la longueur des files d’attente aux stations-service. Ce alors que cette hausse des prix avait initialement été présentée comme une solution aux problèmes d’approvisionnement en hydrocarbures. En effet, alors que la monnaie nationale a perdu plus de 90 % de sa valeur, s’échangeant hier autour des 17 700 livres le dollar sur le marché parallèle, les autorités ont choisi de contourner la fonte du pouvoir d’achat des Libanais pour privilégier l’arrivée de la diaspora, et de ses devises, pour la saison estivale et relancer, un tant soit peu, une économie en berne. Ainsi, selon les nouveaux tarifs, les 20 litres d’essence 95 octanes sont désormais affichés à 71 600 livres libanaises suite à une augmentation de 1 500 livres, alors que les vingt litres d’essence 98 octanes (quasiment introuvable au Liban), qui a augmenté de 1 600 livres, se vend désormais à 73 800 livres. Le prix du mazout a légèrement augmenté de 1 100 livres et a atteint les 55 500 livres pour les 20 litres. Le tarif de la bonbonne de gaz a, lui, augmenté considérablement, passant de 41 600 à 45 900 livres, suite à une majoration de 4 300 livres. Alors que les syndicats concernés avaient annoncé, la semaine dernière, prévoir une accalmie aux pompes grâce à la réception par les importateurs de quantités de carburant suffisantes pour une quinzaine de jours, les Libanais errent toujours autant à la recherche d’une station-service ouverte pour attendre ensuite longuement une quantité de carburant rationnée. Quant aux transporteurs publics, une réunion de la Fédération des syndicats des transporteurs routiers doit se tenir aujourd’hui, a annoncé mardi son président, Bassam Tleiss, au sortir d’une rencontre avec le Premier ministre sortant Hassane Diab. Sans donner plus de détails, le syndicaliste avait mentionné la possibilité d’inclure les transporteurs routiers parmi les bénéficiaires de la carte d’approvisionnement à destination des familles défavorisées. Une carte encore théorique, malgré son approbation par le Parlement mercredi dernier.

Enfin, soumis à la dévaluation de la monnaie nationale, les prix des hydrocarbures dépendent également du prix du cours mondial de pétrole. Hier, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre valait 75,8 dollars à Londres, en hausse par rapport à sa clôture de mardi, tandis que le baril de WTI à New York, pour le mois d’août, redescendait à 74,73 dollars. La veille, le WTI et le Brent avaient atteint respectivement 76,98 et 77,84 dollars, des records pour chacun depuis novembre 2014 et octobre 2018. Ces hausses interviennent alors que les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs alliés via l’accord OPEP+ enregistrent depuis la semaine dernière des échecs successifs lors de leurs négociations, sur fond de désaccord entre les Émirats arabes unis et le reste du groupe. Selon l’Agence France-Presse, Abou Dhabi demande à ce que son volume de production de référence, arrêté comme les autres à la date d’octobre 2018, reflète davantage sa pleine capacité de production, de 600 000 barils quotidiens plus élevée. Ce qui lui a été, jusqu’à présent, refusé.

Alors que le ministère de l’Énergie et de l’Eau a annoncé hier les nouveaux tarifs des carburants au Liban, marqués par une hausse générale, un rassemblement de propriétaires de stations-service a tenu une conférence de presse pour mettre en garde contre la fermeture forcée de leurs établissements si aucune solution n’est trouvée pour combler le déficit en carburant...

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