Le syndicat des importateurs de médicaments au Liban a averti dimanche que des centaines de médicaments sont déjà en rupture de stock, les sociétés ne parvenant pas à payer leurs fournisseurs, et que des centaines d'autres risquent de devenir introuvables en juillet si aucune solution n'est trouvée rapidement.
"Les importations sont quasiment à l'arrêt depuis plus d'un mois", ont déploré les importateurs, soulignant que cela est dû à l'accumulation d'impayés depuis décembre dépassant les 600 millions de dollars que la banque centrale n'a jamais versés aux fournisseurs étrangers ainsi qu'à l'absence de nouvelles lignes de crédit. Les entreprises continuent à répondre aux besoins du marché avec les quelques médicaments encore disponibles, ce qui réduit encore plus leurs stocks, ajoute le communiqué du syndicat. "Des centaines de médicaments essentiels, notamment pour le traitement des maladies graves et chroniques, sont en rupture de stock et des centaines d'autres le seront également en juillet si les importations ne reprennent pas le plus rapidement possible", ont ajouté les importateurs.
"A court terme, la seule solution est que l'accord trouvé entre le ministère de la Santé et la Banque du Liban, sous l'égide du chef de l'État Michel Aoun, soit mis en application", ont-ils souligné, en référence aux dispositions qui prévoient notamment qu'une série de médicaments, définis selon un ordre de priorité par le ministère de la Santé, restent subventionnés via l'allocation d'un montant mensuel précis accordé par la BDL. Le communiqué réclame aussi aux autorités de mettre un terme aux stockages illégaux et à la contrebande de produits subventionnés.
Situation "catastrophique"
Un plan du gouvernement sortant paru en mai détaille une stratégie de remplacement des mécanismes actuels dont bénéficient les importateurs pour obtenir des devises pour couvrir leurs importations, sur fond de dépréciation rapide de la monnaie nationale depuis près de deux ans. Une baisse de plus de 54% des subventions sur les médicaments est évoquée dans ce document, avec la suppression éventuelle de plusieurs références de la liste de ceux qui sont actuellement couverts. Cette mesure ferait passer la facture mensuelle des aides de 108 à 49,8 millions de dollars. Pas moins de 85% des devises nécessaires aux importateurs de médicaments, d’équipements médicaux et de matières premières destinées à l’industrie pharmaceutique sont fournies au taux officiel de 1.507,5 livres pour un dollar (contre autour de 17.000 livres sur le marché parallèle depuis plusieurs jours). Ces devises proviennent des réserves de la Banque du Liban, presque exclusivement formées des dépôts obligatoires des banques.
Les médicaments déjà touchés par des pénuries concernent le diabète, les maladies cardiaques ou la tension artérielle, mais aussi certains cancers ou la sclérose en plaques, indique à l'AFP le président du syndicat Karim Gebara. "D'ici fin juillet, la situation sera catastrophique", a-t-il mis en garde, précisant que "des centaines de milliers de patients" risquaient de ne plus avoir leurs médicaments.
Les effets de ces pénuries se font ressentir depuis des semaines au Liban, où les pharmacies doivent quotidiennement éconduire leurs clients, ne disposant pas des médicaments ou du lait infantile demandés. Et cette crise a poussé dimanche un homme à bloquer une route de Tripoli au moyen de sa voiture, selon une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, afin de crier sa colère face à l'absence dans les pharmacies de la ville de médicaments pour soigner sa fille qui "a de la fièvre depuis six jours".
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Le comble de l'ironie c'est que si on connait quelqu'un qui peut acheter ces médicaments à l'étranger et nous les envoie par la poste, les douanes confisquent le paquet car l'importation de médicaments est soumise à l'approbation du ministère (tellement mini) de la santé. Lol. Il y a vraiment de quoi se la sortir et se la mordre...
Gros Gnon
19 h 35, le 04 juillet 2021