Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

État schizophrène...

État voyou, État failli, État incompétent, criminel… Le citoyen a épuisé son répertoire anglo-franco-libanais pour qualifier l’innommable bête qui s’accroche au pouvoir. Mais le marathon parlementaire d’avant-hier dépasse tout.

À l’ordre du jour, quelque 73 ratifications, amendements, propositions ou projets de loi à voter. Dans l’amalgame difforme, on trouve une autorisation de ratification d’un mémorandum de coopération libano-brésilienne en matière de défense ou encore une autorisation pour permettre au gouvernement de se joindre au programme de l’énergie nucléaire !

N’oublions pas qu’il y a deux jours, on recevait à Baabda, toutes affaires cessantes, les représentants de l’amitié libano-zimbabwéenne... En termes plus exacts, nous sommes face à un État délirant au sens psychiatrique premier. Un État éjecté sur une autre galaxie à la vitesse de la lumière, ou simplement un État pervers, sans foi ni loi, calculateur, qui n’a que faire de voir plus de 65 % du peuple déjà sous le seuil de pauvreté. Un peuple qui assiste impuissant à l’effondrement total de ce qui reste du pays. Un peuple qui meurt à petit feu.

Et pour gagner du temps et se maintenir au pouvoir, l’État pervers n’a rien trouvé de mieux à faire que de détourner la carte de subvention initialement proposée par le député Pierre Bou Assi, ex-ministre des Affaires sociales, et le député magistrat Georges Okaïs, le 1er février 2021. La proposition est restée bien au chaud dans les tiroirs du Parlement, le projet n’étant pas jugé suffisamment urgent à l’époque.

La carte de subvention reposait sur quatre piliers :

1- Interdiction formelle de toucher aux réserves obligatoires de la banque centrale.

2- Critères d’éligibilité déterminés par la Banque mondiale.

3- Fonds assurés par des donations ou prêts.

4- Soutien à l’industrie locale.

Entre-temps, 7,9 milliards de dollars de notre argent se sont évaporés. Oui, de notre argent, parce que les certificats de dépôt à la banque centrale proviennent intégralement de notre argent.

Avec un dollar à 18 000 LL, une impopularité grandissante et des élections législatives dans moins d’un an, les députés du régime ont voté mercredi l’octroi de 556 millions de dollars sans, bien sûr, faire cas de la source de ce financement. Ce qui signifie qu’ils vont se servir de nos comptes, puisés jusqu’aux réserves obligatoires. C’est ainsi qu’en toute insolence, ils s’apprêtent à financer leur campagne électorale avec les dollars des déposants.

À ajouter aux 556 millions de dollars, 800 millions de dollars des SDR (Shares Distribution Rates du FMI) reversés à l’État libanais. Quant aux critères de sélection des bénéficiaires de cette carte, rebaptisée carte électorale ou carte de destruction massive de la classe moyenne, ils sont déjà assez clairs.

Riad Salamé refuse jusqu’ici de piocher dans les réserves des déposants. La première question reste de savoir si la banque centrale persistera sur sa position réclamant une loi claire lui permettant de compromettre la réserve obligatoire, ou bien si l’article 91 du code de la monnaie et du crédit suffit en tant que tel pour assurer une base légale à l’emprunt auprès de la BDL et notamment sa réserve obligatoire, comme le prétend Ghazi Wazni, ministre sortant des Finances.

La seconde question reste celle de savoir jusqu’à quand nous allons accepter de nous laisser faire. L’État est schizophrène, le citoyen ne peut pas se permettre de l’être aussi.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

État voyou, État failli, État incompétent, criminel… Le citoyen a épuisé son répertoire anglo-franco-libanais pour qualifier l’innommable bête qui s’accroche au pouvoir. Mais le marathon parlementaire d’avant-hier dépasse tout.À l’ordre du jour, quelque 73 ratifications, amendements, propositions ou projets de loi à voter. Dans l’amalgame difforme, on trouve une...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut