
D.R.
Considéré comme l’un des plus grands poètes de langue arabe de sa génération, Saadi Youssef vient de mourir à Londres, à l’âge de 87 ans. Auteur d’une trentaine de livres en prose et de pièces de théâtre, traducteur en arabe d’écrivains majeurs du XXe siècle dont Walt Whitman, Federico García Lorca, George Orwell et Yannis Ritsos, il vivait en exil depuis la fin des années 1970. Son œuvre a été récompensée par divers prix de poésie, arabes et internationaux.
Le village
Hier il s’est mis dans un coin, avec son acte de naissance
Haletant, il a tourné et retourné les feuilles :
l’âge
les années
le visage enfantin
puis son village
Il a senti la terre ferme sous ses pieds
et l’eau qui coulait
Ce pont-là était toujours aussi petit
Brusquement
la chanson de l’enfance s’est insinuée en lui
Lakdhar au verbe hésitant dira-t-il quelque chose ?
Et les pas ?
Laissera-t-il ses pieds se diriger où bon leur semble ?
Au loin son village
le pont y est
le laurier-rose
la chanson de l’enfance
et le chemin vers ses mains
Son unique valise était légère
du vin
des feuilles
une tenue de rechange à rayures
une chanson pour la chanson de l’enfance
Il n’a pas reconnu la vieille maison
et n’a pas vu le café
Il n’a pas vu au loin le bosquet de lauriers-roses
Près du pont, les gens avaient les yeux crevés
Traduit de l’arabe par Abdellatif Laâbi et Jabbar Yassin Hussin in Loin du premier ciel, Sindbad/Actes Sud, 1999.
Considéré comme l’un des plus grands poètes de langue arabe de sa génération, Saadi Youssef vient de mourir à Londres, à l’âge de 87 ans. Auteur d’une trentaine de livres en prose et de pièces de théâtre, traducteur en arabe d’écrivains majeurs du XXe siècle dont Walt Whitman, Federico García Lorca, George Orwell et Yannis Ritsos, il vivait en exil depuis la fin des...
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