Joumblatt qualifie de projet "électoral" la carte d'approvisionnement pour les familles défavorisées

Le leader druze Walid Joumblatt a critiqué jeudi la proposition de loi actuellement discutée par les commissions parlementaires mixtes concernant la carte d'approvisionnement,  qui doit être distribuée aux familles libanaises dans le besoin pour faire face à la crise, la qualifiant de "carte électorale dont l'origine des fonds est inconnue". 

"La carte d'approvisionnement n'a aucune valeur sans coordination avec la Banque mondiale et en l'absence d'un gouvernement qui observe une politique de réformes, a écrit M. Joumblatt sur Twitter. Ce dont discutent les députés, c'est d'une carte électorale dont l'origine des fonds est inconnue". Des élections municipales et législatives doivent normalement avoir lieu en mai 2022. Le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) a plutôt préconisé "une révision de la liste des denrées subventionnées, qui comprend par exemple les cigares, et la levée des subventions sur l'essence, hormis pour les taxis". 

La carte d'approvisionnement doit servir de substitut aux mécanismes de subvention dont bénéficient encore certaines importations, comme le carburant, les médicaments, le matériel médical et certaines denrées essentielles, depuis le début de la crise qui a éclaté il y a près de deux ans. La proposition de loi qui sert de base aux travaux des députés en commissions a été rédigée par une sous-commission formée à cet effet et qui s’était réunie quatre fois entre le 18 et le 22 juin pour fusionner deux textes : une proposition de loi présentée par le groupe parlementaire aouniste et un projet de loi préparé courant avril par le gouvernement sortant de Hassane Diab. Elle prévoirait de cibler 500.000 familles — 750.000 au départ, dont seraient retirées les familles déjà bénéficiaires du Programme national de ciblage de la pauvreté (National Poverty Targeting Program-NPTP) et ceux du "Projet de protection sociale en réponse à une crise d’urgence et au Covid-19" (ESSN), tous deux principalement financés par la Banque mondiale (BM). Le texte envisage de verser en moyenne 93 dollars par mois via cette carte, sans que les députés n’aient toutefois précisé mercredi, lors d'une réunion, si ce montant serait versé en devises, comme initialement annoncé, ou en livres libanaises.