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Société - Témoignages

Allô taxi ? La galère des Libanais sans voiture

Avec la crise du carburant, de nombreux Libanais se rabattent sur les taxis. Mais les compagnies n’arrivent pas à faire face à une telle pression. Résultat : une attente à n’en plus finir et des prix à la hausse.

Allô taxi ? La galère des Libanais sans voiture

Un chauffeur de taxi devant une station d’essence hier à Beyrouth. Photo Marie Jo Sader

« Je suis en retard pour tout ce que je dois faire. » Iva se rend à son travail mais aussi à ses cours de sport et à ses rendez-vous personnels en taxi ou en Uber. Elle habite un quartier central de Beyrouth et n’attend jamais un chauffeur plus de cinq minutes habituellement. Mais avec l’augmentation des prix du carburant et le rationnement effectué par les stations-service sur fond de pénurie d’essence, les compagnies de taxi ou de transport en ligne comme Uber n’arrivent plus à gérer. « Les chauffeurs Uber annulent l’un après l’autre, alors je marche vers des routes principales pour augmenter mes chances d’avoir un chauffeur, au final je n’arrive jamais à temps quelque part », raconte Iva. Confrontés à des files d’attentes grotesques pour s’approvisionner en essence, nombreux sont les chauffeurs Uber qui choisissent de ne pas travailler afin de s’éviter des pertes conséquentes sur leur chiffre d’affaires journalier.

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« Beaucoup de mes collègues ne se connectent pas à l’application et il y a très peu de chauffeurs qui circulent en ce moment. Ils préfèrent garer la voiture devant chez eux et rester à la maison le temps que cette crise trouve une issue », confie Élie, un chauffeur de la compagnie de transport en ligne. Sur les routes libanaises, c’est le parcours du combattant pour les automobilistes. Il y a à la fois les heures d’attente pour avoir du carburant, mais aussi les embouteillages monstres qui se forment sur tous les axes à cause des queues aux stations-service. La galère est telle que de nombreuses personnes choisissent de ne plus prendre leur voiture.

Obligés de refuser des clients

« Cela fait quelques jours que le voyant de ma réserve de carburant est allumé mais je suis trop découragée pour aller remplir de l’essence. Je préfère aller au travail en taxi », raconte Marie-Lou*. Les compagnies de taxi font face à une demande exponentielle qu’elles n’arrivent pas à satisfaire et il faut ménager les clients qui doivent parfois attendre très longtemps. « Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’attendre 1h30, j’ai fini par changer de compagnie », raconte pour sa part Tania* qui dit avoir raté plusieurs réunions de travail récemment. « Je suis souvent en retard de 15 à 20 minutes. Mais dans de telles conditions, il faut savoir être patient », raconte quant à lui Julien. Les taxis ne bénéficient en effet d’aucun avantage par rapport au reste des citoyens et sont obligés de faire eux aussi la queue pendant des heures. Pour essayer d’être parmi les premiers servis, certains sont contraints de se rendre à la station dès le matin à 4h. « Nos chauffeurs passent leur temps dans les stations d’essence. On ne peut pas les forcer à travailler dans ces conditions. D’autres ne veulent plus exécuter de courts trajets qui ne sont pas rentables. On est obligé de refuser les clients », affirme à L’Orient-Le Jour une compagnie qui affirme avoir publié un communiqué pour expliquer à sa clientèle la situation exceptionnelle. Une autre compagnie confie ne plus prendre de réservations à part pour l’aéroport. « Autrement, lorsqu’on reçoit une commande, on prévient nos clients qu’ils vont peut-être attendre 40 minutes. La situation actuelle crée une énorme tension. Je ne sais pas comment les gens vont continuer à se déplacer dans les prochains jours », dit ce chauffeur de taxi selon lequel certains anticipent les retards et les appellent bien en avance.

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Les compagnies de taxi se voient obligées d’appliquer des augmentations tarifaires. Dans Beyrouth, le trajet moyen est passé de 10 à 12 000 LL et tout récemment à 15 000 LL. Mais cette augmentation est bien plus notable du côté d’Uber qui pratique des prix aléatoires selon les heures qui peuvent parfois tripler. « Ma course habituelle de la maison au travail est passée de 15 000 LL à 40 000 LL en seulement deux jours », affirme Iva dans un contexte où les salaires ont perdu une grande partie de leur valeur du fait de l’hyperdévaluation de la livre. Le dollar vient tout juste de franchir la barre des 15 000 LL sur le marché parallèle. Une crise qui affecte également les chauffeurs de taxi et d’Uber dont l’approvisionnement en carburant et l’entretien des véhicules sont devenus insoutenables.

*Les prénoms ont été modifiés

« Je suis en retard pour tout ce que je dois faire. » Iva se rend à son travail mais aussi à ses cours de sport et à ses rendez-vous personnels en taxi ou en Uber. Elle habite un quartier central de Beyrouth et n’attend jamais un chauffeur plus de cinq minutes habituellement. Mais avec l’augmentation des prix du carburant et le rationnement effectué par les stations-service...

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