Rechercher
Rechercher

Économie - Immobilier

À Beyrouth, la rue Allenby à bout de souffle

En l’espace de quelques années, l’ancienne destination du luxe de Beyrouth est devenue une rue fantôme. Les locaux vacants se multiplient et les loyers s’effondrent.

À Beyrouth, la rue Allenby à bout de souffle

Face à l’entrée de la rue Allenby, celle barricadée menant vers le Parlement libanais, cible des manifestations contre la classe dirigeante depuis l’automne 2019. Photo d’archives João Sousa

Le 4 août a été la catastrophe de trop. La double explosion au port de Beyrouth est venue s’ajouter aux conséquences de la pandémie de Covid-19, dans un contexte de crise économique aiguë, et aux manifestations de la révolution d’octobre 2019 dans le centre-ville de la capitale. Au fur et à mesure des crises, l’image de la rue Allenby a été complètement bouleversée.

Aujourd’hui encore, certaines façades d’immeubles sont toujours endommagées, et nombre de vitrines n’ont pas été remplacées. « Dès que les bureaux situés dans le quartier ferment, la rue est sans âme et devient un no man’s land. Personne ne vient. Les gens ont peur », déplore Georges Nour, directeur général de l’agence de conseil immobilier Estates Solution.Pourtant, il y a encore quelques années, cette rue était la référence du luxe à Beyrouth. Louis Vuitton, Cartier, Hugo Boss, J.M. Weston y avaient pignon sur rue. Les disponibilités étaient rares et les loyers dépassaient facilement les 1 000 dollars par m2 annuels. Mais depuis plusieurs mois, les fermetures s’enchaînent. Frette, Louis Vuitton et Cartier ont baissé le rideau. Cette morosité est dans la continuité des départs au sein des Souks de Beyrouth, adjacents à la rue Allenby.

Désormais, la rue n’est plus qu’une série de boutiques vides. La plupart n’ont pas été réparées depuis le 4 août. « Ma vitrine est cassée depuis la double explosion du port de Beyrouth. À quoi bon la changer si elle risque à nouveau d’être détruite par des casseurs », explique un propriétaire.

« Nous sommes résilients »

Aujourd’hui, il reste une poignée de « résistants », telle que les franchises Hugo Boss, Paul & Shark, Élisabetta Franchi et J.M. Weston. « Nous avons été les premiers à rouvrir en décembre 2020 après l’explosion du 4 août. Nous étions les seuls dans la rue pendant plusieurs semaines. J.M. Weston étant une marque de luxe, le centre-ville est la seule adresse possible pour notre enseigne. Nous sommes résilients et restons ouverts jusqu’à nouvel ordre. Nos clients reviennent peu à peu et sont ravis de savoir que nous sommes encore là », assure Alain Kurdy, président de la société Agora SAL qui détient les droits de franchise de la marque de maroquinerie française J.M. Weston.

Lire aussi

Quelque 100.000 m2 de bureaux neufs à vendre à Beyrouth

Selon le cabinet de conseil immobilier Ramco, la rue Allenby compte 44 locaux commerciaux. Actuellement, 38 sont fermés, vacants et à louer alors que seulement six boutiques sont ouvertes, soit seulement 13 % des emplacements de la rue. « J’ai perdu mes deux locataires au lendemain du 4 août 2020. L’un d’eux louait depuis plus de 15 ans. En l’espace de dix mois, je n’ai eu qu’une seule demande. Auparavant, les enseignes me contactaient régulièrement pour savoir si mes locataires allaient partir, désormais personne ne m’appelle », constate un propriétaire qui possède deux boutiques le long de la rue.

« Il y a quelques mois, nous avons approché des commerçants pour leur proposer nos locaux. Nous étions prêts à accepter des paiements trimestriels, à payer les abonnements au générateur ainsi que les taxes municipales. Nous avons même offert gratuitement nos boutiques à des associations ou des enseignes éphémères (pop-up store). Cela n’a rien donné », se désole Georges Nour, également conseiller pour une famille qui possède plusieurs boutiques rue Allenby.

Se réinventer pour survivre

L’absence de demande a plombé l’évolution des loyers. « Mon local était loué auparavant à 280 000 dollars pour une surface de 300 m2. Aujourd’hui, je ne sais pas quoi demander. Il n’y a plus de marché », s’inquiète un propriétaire qui souhaite garder l’anonymat. Selon certaines sources, les prix désormais en dollars frais devraient être divisés par deux par rapport à 2019. Mais étant donné qu’aucun local n’a été loué dernièrement, cette correction des prix n’a pas été consacrée. « Il y a quelques mois, notre loyer a été revu à la baisse », confirme, toutefois, Alain Kurdy.

« Le problème, ce ne sont pas les loyers. Pour attirer des enseignes, il faut du trafic et un environnement agréable. Aujourd’hui, la rue Allenby n’a ni l’un ni l’autre. La proximité du cordon sécuritaire qui s’étend de la place des Martyrs jusqu’à la place de l’Étoile la pénalise », s’inquiète Georges Nour.

Il est incontestable que l’avenir de la rue Allenby à court et moyen terme est incertain. Déjà l’exode des enseignes de luxe vers Mina el-Hosn et l’avenue des Français a été acté il y a quelques années et s’est considérablement accentué dernièrement. Pour certains, la rue Allenby devrait se réinventer pour espérer survivre. « Il faut revoir la stratégie commerciale de la rue. Peut-être faudrait-il penser à transformer les boutiques en bureaux ou en cabinets médicaux ? », s’interroge Georges Nour.

Le 4 août a été la catastrophe de trop. La double explosion au port de Beyrouth est venue s’ajouter aux conséquences de la pandémie de Covid-19, dans un contexte de crise économique aiguë, et aux manifestations de la révolution d’octobre 2019 dans le centre-ville de la capitale. Au fur et à mesure des crises, l’image de la rue Allenby a été complètement bouleversée....

commentaires (1)

Non, I Faudrait que la rue Allenby redevienne ce qu elle eta it avant la folie de solidere

Zampano

08 h 58, le 12 juin 2021

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Non, I Faudrait que la rue Allenby redevienne ce qu elle eta it avant la folie de solidere

    Zampano

    08 h 58, le 12 juin 2021

Retour en haut