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Société - Droits humains

Le Liban a expulsé 15 réfugiés syriens, dont cinq avaient tenté d’atteindre Chypre

Le nombre de migrants cherchant à quitter le Liban sur des bateaux de passeurs est en nette augmentation depuis 2019, alors que Nicosie et Beyrouth sont critiqués par un réseau de groupes de défense des droits humains.

Le Liban a expulsé 15 réfugiés syriens, dont cinq avaient tenté d’atteindre Chypre

Des réfugiés syriens se préparant à quitter Ersal, dans la Békaa, en juillet 2018. Hassan Jarrah/archives AFP

Dans l’espoir d’échapper aux conditions de vie en constante dégradation au Liban, cinq réfugiés syriens qui avait embarqué, avec des dizaines d’autres personnes, à bord d’un bateau de passeurs à destination de Chypre ont été expulsés vers leur pays d’origine après que l’embarcation a été interceptée par les autorités chypriotes et renvoyée au Liban, selon des organisations de surveillance des droits humains.Marielle Hayek, coordinatrice du programme au Centre d’accès pour les droits de l’homme, un groupe de surveillance de la situation des réfugiés syriens au Liban, a indiqué à L’Orient Today que quinze Syriens ont été déportés par les autorités libanaises mardi dernier. Parmi eux, se trouvaient cinq Syriens qui se trouvaient à bord de l’embarcation interceptée le 16 mai au large de Chypre. « Les autorités chypriotes ont vérifié les papiers des personnes à bord de l’embarcation, leur ont refusé l’accès à Chypre et les ont refoulées vers le Liban », précise Marielle Hayek.Sur les cinquante-six passagers qui se trouvaient à bord de l’embarcation, dix-huit Syriens ont été arrêtés par la Sûreté générale libanaise pour entrée illégale sur le territoire libanais depuis avril 2019. Cinq d’entre eux ont été déportés mardi et seraient désormais emprisonnés en Syrie, selon Mme Hayek. Parmi les restants, certains ont été libérés, tandis que d’autres sont toujours incarcérés et risquent d’être également expulsés.Le Liban évitait généralement d’expulser les Syriens, même ceux qui n’avaient pas de titre de séjour, jusqu’en mai 2019, quand ont commencé à être appliquées les décisions du Conseil supérieur de la défense et de la Sûreté générale permettant l’expulsion de force des Syriens entrés illégalement sur le territoire national après le 24 avril de cette année-là. Le Centre d’accès pour les droits de l’homme avait signalé à l’époque que plus de 2 730 Syriens avaient été expulsés entre le 21 mai et le 28 août 2019.

Expulsions et pandémie

Les expulsions semblaient s’être considérablement ralenties en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19 et la fermeture des frontières, selon Mme Hayek. Le groupe avait rapporté une expulsion en avril 2021. Les expulsions de la semaine dernière « sont les premiers cas collectifs dont nous avons connaissance », ajoute la coordinatrice.En réponse à une question à ce sujet, un porte-parole de la Sûreté générale libanaise a indiqué que cette dernière « ne déporte pas des Syriens par la force, à l’exception de ceux qui sont concernés par la décision du Conseil supérieur de la défense du 24 avril 2019, qui prévoit l’expulsion des personnes coupables d’être entrées subrepticement après cette date ».

Pour mémoire

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Il n’en demeure pas moins que la Sûreté générale a publié jeudi sur son compte Twitter des photos de son directeur général, Abbas Ibrahim, en compagnie du ministre chypriote de l’Intérieur Nikos Nouris et du chef de la police Stelios Papatheodorou, ainsi qu’un communiqué indiquant que les trois hommes ont évoqué « la question de l’immigration illégale à Chypre et la meilleure manière de traiter ce problème le plus efficacement possible ».

Interrogée sur les expulsions de réfugiés syriens, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) affirme qu’elle « ne peut pas commenter des cas individuels », mais ajoute que « dans tous les cas d’expulsion potentielle, le HCR plaide pour des garanties juridiques et procédurales appropriées, et pour que soient pleinement évaluées les préoccupations de ceux qui expriment une crainte de retourner dans leur pays d’origine ».

Selon les statistiques de l’agence, le nombre de personnes tentant de quitter le Liban sur des bateaux de passeurs ont augmenté au cours des 18 derniers mois. Quelque 1 162 personnes, pour la plupart syriennes, ont tenté de quitter le Liban à bord de navires de contrebande entre janvier 2020 et fin mai 2021, dont 414 au cours des cinq premiers mois de 2021. Ces chiffres marquent une augmentation importante par rapport à 2019, année au cours de laquelle environ 270 passagers avaient tenté le voyage. En 2018, 490 personnes s’étaient hasardées à la traversée.

« Il est évident qu’il s’agit de voyages désespérés entrepris par des gens qui n’ont aucun moyen de survivre au Liban alors que la situation socio-économique ne cesse de s’aggraver », estime la porte-parole du HCR, Lisa Abou Khaled, en se basant sur les conversations que le personnel de l’agence a eues avec des migrants.

Succès très relatif

Dans les faits, seule une minorité des candidats à l’émigration illégale parvient à atteindre sa destination. Sur les neuf bateaux partis en 2021, seuls deux sont arrivés à Chypre, tandis que six autres ont été interceptés avant de quitter les eaux territoriales libanaises et que le dernier a été refoulé par les autorités chypriotes.

Les organisations de défense des droits humains et l’Union européenne critiquent Chypre pour sa gestion agressive des demandeurs d’asile. Un rapport de 2020 de Human Rights Watch révèle ainsi que les patrouilles des gardes-côtes chypriotes ont « sommairement repoussé, abandonné, expulsé ou renvoyé plus de 200 migrants, réfugiés et demandeurs d’asile en provenance du Liban au cours de la première semaine de septembre 2020, sans leur donner la possibilité de demander l’asile. Ils l’ont fait, dans certains cas, en pointant des armes sur les bateaux ou en les encerclant à grande vitesse et, dans un cas, un navire des gardes-côtes a percuté un bateau en bois plein de passagers », selon le rapport.

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Les autorités chypriotes, quant à elles, soutiennent que « les arrivées d’immigrants illégaux sur l’île représentent un grand défi pour le pays » et que les migrants qui ont été renvoyés n’ont pas demandé de protection internationale.

Un communiqué critiquant les autorités chypriotes et libanaises pour leur traitement des demandeurs d’asile a été publié par un réseau de groupes de défense des droits de l’homme dans la région euro-méditerranéenne – le Centre d’accès pour les droits de l’homme, les ONG locales ALEF, Act for Human Rights et le Centre libanais pour les droits de l’homme, l’ONG chypriote KISA et Euromed Rights. Les groupes appellent le gouvernement libanais à « se conformer à ses obligations en vertu des traités internationaux, y compris son obligation de ne pas expulser ou renvoyer de force les personnes risquant d’être torturées », et les autorités chypriotes à « respecter leurs obligations internationales et européennes quant au respect du droit d’asile et du principe de non-refoulement ».

(Cet article a été originellement publié en anglais dans « L’Orient Today » le 3 juin 2021).

Dans l’espoir d’échapper aux conditions de vie en constante dégradation au Liban, cinq réfugiés syriens qui avait embarqué, avec des dizaines d’autres personnes, à bord d’un bateau de passeurs à destination de Chypre ont été expulsés vers leur pays d’origine après que l’embarcation a été interceptée par les autorités chypriotes et renvoyée au Liban, selon des...

commentaires (3)

Ce réfugiés ont voté pour Bachar el Assad ils n'ont qu' rentrer chers eux

Eleni Caridopoulou

17 h 24, le 07 juin 2021

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Commentaires (3)

  • Ce réfugiés ont voté pour Bachar el Assad ils n'ont qu' rentrer chers eux

    Eleni Caridopoulou

    17 h 24, le 07 juin 2021

  • TRES DROLE ! TRES SARCASTIQUE ! OU DU CYNISME MACHIAVELIQUE ? deportation de 15 sur le million et demi de syriens "installes" au Liban ? non mais pourquoi cet article ce gros titre qui nous rappellent -sans raison objective et vide de tout but valable-???? un probleme impossible pour nous de resoudre?

    Gaby SIOUFI

    11 h 47, le 07 juin 2021

  • Vraiment a vomir l attitude des autorites chypriotes et libanaises expulsant des refugies vers la Syrie ou ils sont emprisonnes et tortures ,en violation des lois internationales....

    HABIBI FRANCAIS

    08 h 55, le 07 juin 2021

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