
Michel Aoun et Saad Hariri à Baabda, le 7 décembre 2020. Photo d’archives Dalati et Nohra
C’est une semaine décisive qui s’annonce au niveau de la formation du gouvernement, surtout que le président de la Chambre Nabih Berry semble de plus en plus déterminé à intervenir pour accélérer le processus. Les protagonistes attendent le retour du Premier ministre désigné Saad Hariri, à l’étranger depuis le 22 mai, pour que la machine politique se remette en marche, avec pour finalité un règlement des principaux points de litige entre ce dernier et le président de la République Michel Aoun et son camp.
Fort d’un appui local non négligeable, notamment de la part de Bkerké, du Hezbollah et du leader druze Walid Joumblatt, mais aussi d’un soutien arabe et international, le président de la Chambre a commencé à bouger depuis la semaine dernière pour défricher le terrain devant la mise sur pied d’une nouvelle équipe ministérielle, suivant une formule à laquelle le Courant patriotique libre (CPL) semble avoir souscrit. Il s’agit d’une combinaison de 24 ministres au sein de laquelle aucune partie n’aura la minorité de blocage. Reste la problématique des deux ministères de la Justice et de l’Intérieur, que Aïn el-Tiné examine actuellement. Toutes ces questions ont été abordées au cours d’une réunion ayant regroupé la semaine dernière à Laklouk, dans le jurd du caza de Jbeil, le chef du Courant patriotique libre et gendre du chef de l’État Gebran Bassil et Ali Hassan Khalil, bras droit de Nabih Berry, loin des feux de la rampe. Un député aouniste a révélé à L’Orient-Le Jour que lors de cette rencontre, M. Bassil a « réitéré la position du CPL concernant le gouvernement, à savoir que le parti ne veut pas d’un tiers de blocage et qu’il lui importe que le Premier ministre désigné rentre au Liban pour former son équipe ».
Rien de nouveau donc sous le soleil. Mais de sources politiques informées, on voit dans le rapprochement Berry-CPL une volonté de la part du camp présidentiel de donner sa chance à une médiation favorisant la mise en place d’un cabinet qui sauverait ce qui reste du mandat de Michel Aoun.
Sauf que cette ouverture en direction de M. Berry n’a réduit en rien l’intensité de la confrontation entre le tandem Baabda-CPL d’une part et Saad Hariri de l’autre. C’est ce qui ressort du communiqué publié samedi par le bureau politique de la formation aouniste, au terme de sa réunion hebdomadaire. Celle-ci a renouvelé ses attaques contre M. Hariri, l’accusant de « louvoyer » et lui faisant assumer la responsabilité du blocage politique actuel. « Nous attendons que le Premier ministre désigné décide de former un gouvernement qui respecte les normes et les principes constitutionnels et qui soit capable de mettre en œuvre les réformes nécessaires », a affirmé le bureau politique du parti, jugeant le leader du Futur « incapable » de former un nouveau cabinet. « Nous ne permettrons pas qu’il continue de louvoyer et nous serons aux côtés du président de la République dans toute décision qu’il prendrait », a encore dit le CPL.
À Baabda par contre, on se garde de tout commentaire sur l’étape à venir, préférant attendre que Saad Hariri rentre à Beyrouth. Selon le numéro 2 du Futur, Moustapha Allouche, qui s’exprimait hier à la radio, le Premier ministre désigné est attendu au Liban « sous peu ». Quelques heures plus tôt, Saad Hariri postait sur son compte Twitter un « Bonjour, comment allez-vous aujourd’hui ? » pour répondre à des rumeurs portant sur son prétendue « arrestation » aux Émirats arabes unis, où il s’était rendu après la séance parlementaire du 22 mai, qui était rappelle-t-on consacrée à l’examen d’une lettre du chef de l’État relative au blocage gouvernemental.
Le temps mort, la présidence semble le remplir en répondant aux accusations lancées récemment contre Michel Aoun et selon lesquelles il serait en train d’« empiéter sur les prérogatives du Premier ministre désigné », parce que Baabda a remis au patriarche maronite Béchara Raï deux projets de structure gouvernementale. « Ce ne sont pas des moutures gouvernementales dans le plein sens du terme. Il s’agit de documents définissant une certaine répartition des portefeuilles entre les communautés religieuses et les protagonistes politiques », précise un proche de la présidence, affirmant que Michel Aoun attend aujourd’hui l’issue des contacts menés par Nabih Berry qui « s’est engagé à s’entendre avec M. Hariri ». Une démarche que Bkerké appuie pleinement, « sans pour autant se noyer dans les détails de la politique politicienne », souligne une source proche du patriarcat maronite, notant que Mgr Raï « œuvre pour assurer un climat propice à une rencontre Aoun-Hariri ».
Toute cette dynamique politique qui devrait donc prendre un nouvel élan prochainement traduit en principe une volonté locale, qui reste à confirmer, de voir le cabinet formé rapidement. Elle serait le résultat de pressions internationales croissantes, comme l’ont montré les récents développements sur ce plan, notamment les rencontres de conseillers de MM. Aoun et Hariri avec Mikhaïl Bogdanov, vice-ministre russe des Affaires étrangères pour les affaires du Proche-Orient, ainsi que la visite du commandant en chef de l’armée Joseph Aoun en France il y a quelques jours. Un indice de la détermination de Paris à faire barrage à l’effondrement total du Liban.
Selon des informations en provenance de l’Hexagone, Paris est aujourd’hui dans l’expectative et donne aux protagonistes libanais un délai officieux d’une quinzaine de jours pour s’entendre sur la formation d’un cabinet. Passé ce délai, les menaces françaises d’une aggravation des sanctions déjà annoncées pourraient se concrétiser. Rappelons que Paris avait annoncé il y a quelques semaines qu’il interdisait l’accès à son territoire aux personnalités libanaises jugées responsables du blocage gouvernemental ou de corruption.
Si les Emirats arabes unis détiennent Saad Hariri Premier ministre désigné d’un Pays ami et libre, ça serait le POMPON ! Peut-on encore faire confiance aux Arabes ? le coup de l’Arabie Saoudite ne nous a pas suffi comme expérience ? Ils sont tous aux aguets tels des prédateurs pour avaler la proie Libanaise, et étendre leur pouvoir partout ou ils vont. Nos dirigeants laissent faire, par leur silence ils donnent en quelque sorte leur bénédiction pour tout envahisseur qui miroite ses dollars
20 h 12, le 31 mai 2021