Les exactions contre une journaliste anti-Hezbollah, Mariam Seifeddine, et sa famille, incessantes depuis des mois et perpétrées d’après elle par des membres du parti chiite, sont montées d’un cran dimanche dernier lorsque la mère et le père de la jeune femme ont été agressés par son oncle et le fils de celui-ci, qui ont été arrêtés puis rapidement relâchés, à Bourj Brajné dans la banlieue sud de Beyrouth, selon des informations recueillies par L’Orient-Le Jour.
« Dimanche, c’est ma mère qui a d’abord été prise à parti. Alors qu’elle se trouvait à la gendarmerie pour porter plainte, les mêmes agresseurs s’en sont pris à mon père après avoir pris soin de débrancher les caméras de surveillance que nous avions installées. Mon père a été frappé à la tête avec un revolver et poussé contre un mur, il s’en est tiré avec des blessures et des contusions, mais cela aurait pu être plus grave », raconte Mariam Seifeddine à L’OLJ en rappelant que les intimidations du parti pro-iranien ont commencé en novembre dernier sans que les autorités ne réagissent aux multiples appels à l’aide de la famille (voir L’OLJ du 8 novembre 2020). « Ce n’est pas la première fois que ma famille est attaquée, mais c’est bien la première fois que la justice réagit. Malheureusement, nos agresseurs ont été libérés moins de 24 heures après leur arrestation », indique-t-elle.
Impossible de se protéger
Un des oncles de Mariam, membre actif du parti pro-iranien qui lui reproche ses prises de position hostiles, serait un des instigateurs de ces violences. « Il a menacé ma mère à plusieurs reprises et voulait nous empêcher d’installer des caméras. On nous a accusés d’être des collabos, voire d’être payés par les Forces libanaises et les Kataëb », déplore la journaliste.
Outre son oncle et son cousin, qui a également pris part aux actes d’intimidation contre la famille, Mariam Seifeddine affirme à L’OLJ qu’un député du Hezbollah et son neveu font également partie des tortionnaires, cependant ce député n’était pas joignable pour répondre aux accusations malgré plusieurs appels de L’OLJ. « Le Hezbollah fait porter à mes parents la responsabilité de mes prises de position politiques », déplore-t-elle en dénonçant un système judiciaire « défaillant » et en disant craindre pour sa vie et celle des membres de sa famille. La jeune femme avait commencé sa carrière de journaliste en 2016. Elle a d’abord intégré la rédaction du site d’informations arabophone al-Modon, assez critique du Hezbollah. Elle a également collaboré à la publication, The Legal Agenda, une ONG composée d’un groupe de juristes, d’universitaires et de militants des droits de l’homme dont la mission est de construire une approche critique et multidisciplinaire du droit et de la justice dans les pays arabes, notamment au Liban, avec un accent particulier sur les domaines politique, civil, social et économique. Mariam Seifeddine est aujourd’hui membre de l’équipe de notre confrère arabophone Nida’ el-Watan, un quotidien farouchement hostile à l’axe auquel le Hezbollah appartient.
« À chaque fois que nous portons plainte, la justice examine l’incident comme s’il s’agissait d’une action isolée. Elle refuse de voir que toutes ces agressions sont reliées entre elles et que nous sommes menacés depuis des mois. Nous sentons que le temps est contre nous et que nous n’arrivons pas à nous protéger, la justice et les autorités prenant nos déclarations à la légère », déplore-t-elle.
La jeune femme et ses frères ont déménagé de la banlieue sud il y a quelques mois, alors que les tensions étaient à leur zénith. « On m’a conseillée de faire profil bas durant une certaine période, mais mes parents ont refusé d’abandonner le domicile familial. J’ai même quitté mon emploi de journaliste au quotidien arabophone Nida’ el-Watan, mais les menaces ne se sont pas arrêtées pour autant. On nous a dit soit vous partez, soit on vous tue, ils sont en train de monter les habitants de la région contre nous et je pense que nous serions morts depuis longtemps si nous n’avions pas réussi à alerter l’opinion publique sur notre cas. » D’un ton accusateur elle conclut : « Ce que je subis, beaucoup de gens le vivent aussi, soit on s’incline devant les forces politiques dominantes, soit elles peuvent tout se permettre en matière d’intimidation. Ma famille et moi sommes en train de documenter la sauvagerie des actes dont nous sommes victimes en espérant que cela servira à protéger d’autres personnes. »
commentaires (13)
La justice a peur ma chère Mariam le Liban n'est plus le Liban c'est une province de l'Iran ???
Eleni Caridopoulou
21 h 38, le 28 mai 2021