Rechercher
Rechercher

Société - Liban-Arabie saoudite

Samir Sfeir de retour à Beyrouth après plusieurs semaines de détention à Riyad

« Les enquêteurs saoudiens m’ont demandé si j’avais des relations avec la branche militaire du Hezbollah, mais j’ai répondu que je soutenais les forces régulières et que je suis contre les partis armés », raconte le compositeur pro-CPL.

Samir Sfeir de retour à Beyrouth après plusieurs semaines de détention à Riyad

Capture d’écran montrant un Samir Sfeir fatigué et amaigri, pendant qu’il relatait son expérience aux médias qui l’ont accueilli à son arrivée à Beyrouth, hier. La photo a largement circulé sur les réseaux sociaux.

Le compositeur Samir Sfeir, fervent partisan du Courant patriotique libre (CPL) et connu pour ses positions antisaoudiennes, est arrivé hier après-midi à Beyrouth après avoir été détenu pendant plusieurs semaines au royaume wahhabite, à cause de « vieilles blagues » dirigées contre l’Arabie. L’artiste a affirmé à sa descente d’avion que le chef de l’État Michel Aoun « l’a sauvé ». Selon des informations obtenues il y a quelques jours par L’Orient-Le Jour, les autorités saoudiennes auraient en effet accepté de relâcher l’artiste après une intervention personnelle du président.

Selon l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), un avion de la Middle East Airlines (MEA) à bord duquel se trouvait l’artiste a atterri en milieu d’après-midi en provenance d’Arabie saoudite. Le député Salim Aoun (CPL) ainsi que le compositeur Nizar Francis (lui aussi proche du courant aouniste) attendaient Samir Sfeir au salon d’honneur de l’aéroport, en compagnie de membres de sa famille.

Une blague datant de 2013

Dans des propos rapportés par le site d’information el-Nashra, M. Sfeir a affirmé à son arrivée à Beyrouth qu’il respectait les lois de tous les pays et qu’il n’avait pas évoqué les affaires saoudiennes lors de son dernier séjour en Arabie, mais « uniquement des affaires libanaises intérieures ». « Je ne m’attendais pas à être détenu, d’autant plus que la cause de ma séquestration était une blague que j’avais formulée en 2013 lors d’une émission humoristique », a-t-il expliqué, sans plus de détails. Le compositeur a ensuite indiqué que « quelqu’un a monté les Saoudiens contre moi depuis l’intérieur », sans toutefois étayer ses propos.

« J’ai été interrogé par quatre enquêteurs et la discussion était politique. On m’a demandé si j’avais des relations avec la branche militaire du Hezbollah, mais j’ai répondu que je soutenais les forces régulières et que je suis contre les partis armés », a également affirmé M. Sfeir. « Le président de la République m’a sauvé, ainsi que le général Abbas Ibrahim (directeur de la Sûreté générale) et le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, sans oublier la mobilisation populaire », a rappelé l’artiste.

Peu d’informations avaient filtré sur l’arrestation de Samir Sfeir par les autorités saoudiennes le mois dernier. Mais selon des informations qui avaient été rapportées à l’époque par le quotidien al-Akhbar (pro-Hezbollah), M. Sfeir aurait été arrêté par les autorités saoudiennes après s’être rendu dans le royaume « à l’invitation d’un responsable » local.

Les officiels saoudiens contactés par le ministère des Affaires étrangères à Beyrouth avaient refusé de préciser les raisons de son arrestation. Les informations à propos de sa séquestration à la prison de Dahabane, située dans la province de La Mecque, n’ont d’ailleurs été révélées à la presse que récemment, alors que le silence saoudien sur cette affaire alimentait les spéculations sur la démarche de Riyad.

De sources proches de milieux diplomatiques saoudiens relayées par notre chroniqueur politique Mounir Rabih, on avait démenti catégoriquement toute relation de cause à effet entre l’arrestation du compositeur et ses idées politiques ou encore ses allégeances aounistes. Si c’était le cas, soulignent ces sources, pourquoi l’Arabie l’aurait-elle laissé établir un contrat professionnel sur son territoire et effectuer des allers-retours Beyrouth-Riyad pendant des mois sans qu’il soit inquiété ? L’artiste aurait signé en octobre 2020 un contrat de travail dans le domaine musical. Il serait également propriétaire d’un restaurant en Arabie.

Réactions contrastées

« Ce que j’ai vécu m’a poussé à réfléchir aux quinze dernières années de ma vie, et j’ai réalisé que j’avais tort. Il se peut que Dieu ait souhaité ce qui m’est arrivé afin que je reprenne conscience. Je n’ai pas tort dans mes opinions, mais plutôt dans ma façon de les exprimer. Aujourd’hui je me considère à la retraite, mais je reviendrai au monde de la musique », a fait savoir Samir Sfeir.

« Nous devons être solidaires au Liban, sinon nous perdrons notre pays et nous serons sans abri », a encore plaidé le compositeur.

Sur les réseaux sociaux, l’arrestation du compositeur avait provoqué des réactions très contrastées. Alors que, côté libanais, des appels avaient été lancés pour sa « libération », notamment par des partisans aounistes, ou bien pour ce que son sort soit révélé, les internautes saoudiens ou pro-Riyad s’étaient montrés plus virulents à son égard. Certains étaient allés jusqu’à l’accuser d’avoir été arrêté pour trafic de drogue, lui reprochant ses nombreuses critiques publiques du royaume.

Cette affaire intervient alors que les relations entre Beyrouth et Riyad ont été ternies par deux polémiques : l’annonce de la suspension des importations par Riyad de produits agricoles libanais, une mesure prise pour lutter contre le trafic de stupéfiants en provenance du Liban, et des remarques racistes et hostiles à l’Arabie saoudite prononcées par le ministre sortant des Affaires étrangères, Charbel Wehbé, lors d’une interview télévisée. Ce dernier avait été mis à l’écart à sa demande et une crise ouverte entre les deux pays a ainsi pu être évitée.

Le compositeur Samir Sfeir, fervent partisan du Courant patriotique libre (CPL) et connu pour ses positions antisaoudiennes, est arrivé hier après-midi à Beyrouth après avoir été détenu pendant plusieurs semaines au royaume wahhabite, à cause de « vieilles blagues » dirigées contre l’Arabie. L’artiste a affirmé à sa descente d’avion que le chef de l’État Michel...

commentaires (2)

L’agression de Sfeïr contre une journaliste de la MTV me fait dire:” bien fait pour sa pomme!”.

DJACK

17 h 00, le 28 mai 2021

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • L’agression de Sfeïr contre une journaliste de la MTV me fait dire:” bien fait pour sa pomme!”.

    DJACK

    17 h 00, le 28 mai 2021

  • "ainsi que le compositeur Nizar Francis (lui aussi proche du courant aouniste) attendaient Samir Sfeir au salon..." Si vous élargissez l'acception du mot "compositeur" pour désigner ceux qui "composent" des vers, alors on peut l'appliquer au poète Nizar Francis...

    Georges MELKI

    10 h 36, le 28 mai 2021

Retour en haut