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Moyen-Orient - Iran

Les ultras presque seuls en lice à l'élection présidentielle

La sélection opérée par le Conseil des gardiens de la Constitution risque de renforcer l'abstention

Les ultras presque seuls en lice à l'élection présidentielle

Inscription des candidatures à la présidentielle iranienne du 18 juin au ministère de l'Intérieur, le 11 mai 2021 à Téhéran. Photo AFP / ATTA KENARE

La présidentielle de juin en Iran devrait opposer sept candidats, dont cinq ultraconservateurs, selon la liste officielle publiée mardi à l'issue d'une sélection jugée "indéfendable" par un haut responsable et qui risque de renforcer encore l'abstention. Le choix des sept hommes autorisés à se présenter le 18 juin au premier tour du scrutin devant désigner le successeur du président Hassan Rohani, figure du courant dit modéré, semble offrir l'élection sur un plateau au chef de l'Autorité judiciaire, l'utraconservateur Ebrahim Raïssi, qui avait obtenu 38% des voix en 2017.

La campagne électorale va s'ouvrir sur fond de négociations à Vienne pour tenter de sauver la grande réalisation de M. Rohani : l'accord international sur le nucléaire iranien, dont la dénonciation en 2018 par les Etats-Unis sous la présidence de Donald Trump a plongé le pays dans une violente récession avec le retour des sanctions américaines que ce pacte avait permis de lever.

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Sans surprise, le Conseil des gardiens de la Constitution, organe non élu chargé de la validation des candidatures, a rejeté celle de l'ancien président Mahmoud Ahmadinejad (populiste), déjà retoquée en 2017. Mais contre toute attente, les gardiens ont barré la route au conservateur Ali Larijani, ancien président du Parlement et actuellement conseiller du guide suprême Ali Khamenei, ainsi qu'au vice-président Eshaq Jahanguiri (réformateur). M. Ahmadinejad, en qui se reconnaissent de nombreux iraniens en ces temps de vaches maigres, avait averti le 12 mai qu'il boycotterait le scrutin s'il était disqualifié. Il n'avait pas encore réagi à l'annonce de son élimination en début de soirée.

"Rien ne changera"
MM. Larijani et Jahanguiri ont dit accepter le verdict du Conseil des gardiens. Le vice-président sortant a déploré "que la disqualification de nombreuses personnes de valeur [était] est une menace sérieuse pour la participation" et ne permettait pas une "concurrence honnête". "Je n'ai jamais trouvé les décisions du Conseil des gardiens aussi indéfendables [qu'aujourd'hui], qu'il s'agisse des approbations ou des disqualifications", a écrit sur Twitter un des membres de ce même conseil, l'ayatollah Sadeq Amoli Larijani. Ce dignitaire chiite est certes le propre frère de M. Larijani, mais c'est aussi une huile au sein du système iranien. Ancien chef du pouvoir judiciaire, il préside une haute instance d'arbitrage politique.

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Remportées haut la main par les conservateurs et les ultras, les législatives de 2020 ont été marquées par une abstention record (57%) sur fond d'invalidation massive de candidats modérés et réformateurs, et de désenchantement face à l'échec de la politique d'ouverture de M. Rohani.

Après la répression violente des vagues de contestation de l'hiver 2017-2018 et de novembre 2019, le mécontentement de la population est toujours palpable. La décision du Conseil des gardiens "transforme l'élection en une nomination", estime Majid, ingénieur interrogé par l'AFP, "avant c'était déguisé, maintenant cela ne l'est même plus". Pour Farnouche, monitrice de gymnastique, "la question de savoir qui sera le [prochain président] ne compte pas vraiment, parce que qui que ce soit, rien ne changera".

Repêchage ?
"Une participation minimale n'est dans l'intérêt de personne", a déclaré mardi le porte-parole du gouvernement, Ali Rabii, appelant "toutes les instances jouant un rôle dans l'élection" à permettre "un regain d'espérance et d'enthousiasme" avant le scrutin. Interrogé sur une rumeur selon laquelle M. Rohani aurait écrit personnellement au guide suprême pour lui demander d'intervenir en vue du repêchage de certains candidats, M. Rabii n'a ni confirmé ni infirmé.

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L'ayatollah Khamenei plaide depuis des semaines pour une participation "massive" le 18 juin. En 2005, son intervention avait conduit le Conseil des gardiens de la Constitution à finalement autoriser deux candidats qu'il avait d'abord rejetés.

Même M. Raïssi a écrit sur Twitter, après la publication de la liste officielle, qu'il avait entamé "des consultations afin que l'élection soit plus concurrentielle et marquée par une forte participation". Outre M. Raïssi, quatre candidats ultraconservateurs ont été retenus: Saïd Jalili, ancien secrétaire général du Conseil suprême de la sécurité nationale, le général Mohsen Rézaï, ancien commandant en chef des Gardiens de la Révolution, et les députés Amirhossein Ghazizadeh-Hachémi et Aliréza Zakani. Face à ce bloc figurent deux réformateurs, sans véritable envergure nationale : le gouverneur de la Banque centrale, Abdolnasser Hemmati, et un ancien vice-président, Mohsen Mehralizadeh.

La présidentielle de juin en Iran devrait opposer sept candidats, dont cinq ultraconservateurs, selon la liste officielle publiée mardi à l'issue d'une sélection jugée "indéfendable" par un haut responsable et qui risque de renforcer encore l'abstention. Le choix des sept hommes autorisés à se présenter le 18 juin au premier tour du scrutin devant désigner le successeur du président...

commentaires (2)

Bonnet blanc , blanc bonnet....

Eleni Caridopoulou

21 h 17, le 27 mai 2021

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Commentaires (2)

  • Bonnet blanc , blanc bonnet....

    Eleni Caridopoulou

    21 h 17, le 27 mai 2021

  • Je me demande pourquoi les iraniens se donnent la peine d'aller voter puisque ceux qui ne sont pas d'accord avec le pouvoir n'ont pas le droit de se présenter. (L'Iran applique d'ailleurs la même méthode au Liban Sud). De plus, le président qui va être élu, n'aura aucun pouvoir réel, tous ses actes étant soumis au contrôle et à la censure du Guide de ;la Révolution.

    Yves Prevost

    07 h 17, le 26 mai 2021

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