
Ayman Mghames, rappeur à Gaza.
Lorsqu’on a entendu aux nouvelles qu’il pourrait y avoir un cessez-le-feu aujourd’hui, mes enfants ont sauté de joie. Ma fille, Joury, 7 ans, m’a demandé si elle pouvait mettre les nouveaux habits qu’elle n’a pas eu l’occasion de porter pendant la fête du Fitr. Son frère Jamal, 4 ans, et elle ont planifié plein de programmes une fois que les frappes cesseront. Avec cette chaleur, les enfants suffoquent et nous réclament d’aller à la plage. Comment leur expliquer que ce n’est pas possible ?
Au début, on leur a menti, en leur disant que les bombardements étaient des feux d’artifice. Ma femme et moi avons inventé mille histoires pour leur faire oublier ce qu’il se passe dehors. Mais il est difficile de les distraire, d’autant plus qu’il n’y a que deux ou trois heures d’électricité par jour et qu’on ne peut donc pas allumer la télévision ou l’ordinateur. Nous habitons au nord-est de la ville de Gaza, un lieu proche de la plage. Nous sommes exposés aux raids aériens mais aussi aux frappes des vedettes israéliennes stationnées en mer. Notre appartement situé au 6e étage tremble lors des explosions. Nous avons les nerfs à bout. De ma fenêtre je vois ma ville ravagée. Nous avons une peur bleue que notre immeuble soit visé et on se demande à chaque fois quand notre tour viendra, et s’il nous faudra fuir comme les dizaines de milliers de déplacés. Je ne connais que trop bien la vie de réfugié et les souffrances qui en découlent.
Je suis né au Liban, dans le camp de Beddaoui au nord de Tripoli, puis j’ai vécu 13 ans en Tunisie, avant d’arriver à Gaza en 1996. Depuis la Nakba, nous souffrons, nous avons perdu nos terres et des proches. Mon père a été tué par les forces d’occupation en 2009. Les Israéliens refusent de reconnaître notre État et notre existence. Leurs actions violentes ne donnent aucune chance à la paix, que ce soit à Gaza, à Jérusalem ou en Cisjordanie. J’espère que la communauté internationale tapera enfin du poing pour mettre fin aux crimes israéliens. J’espère qu’ils seront jugés et condamnés. J’espère que le monde prendra conscience et saura qui est l’oppresseur et qui est la victime. Je suis un artiste, chanteur de rap, et j’ai représenté Gaza et la Palestine dans des festivals internationaux en France, en Espagne, en Suède, alors même qu’il est très difficile de sortir hors de Gaza. Nous ne sommes pas des meurtriers. Nous voulons juste la paix et un meilleur avenir pour nos enfants.
Lorsqu’on a entendu aux nouvelles qu’il pourrait y avoir un cessez-le-feu aujourd’hui, mes enfants ont sauté de joie. Ma fille, Joury, 7 ans, m’a demandé si elle pouvait mettre les nouveaux habits qu’elle n’a pas eu l’occasion de porter pendant la fête du Fitr. Son frère Jamal, 4 ans, et elle ont planifié plein de programmes une fois que les frappes cesseront. Avec cette...
commentaires (1)
Mesdames et Messieurs de l'Orientlejour, Vos articles quotidiens de "je vous parle de Gaza" commencent sérieusement, passez moi l'expression, à nous pomper l'air ! Une femme qui ne dort plus les nuits, un jeune homme qui ne veut pas être amputé. Aujourd'hui ils ont peur que leur immeuble ne soit détruit ils rêvent de vivre normalement !!!!!! Mais de quoi on parle là ??? De difficulté à vivre sous les bombes? D'angoisse de voir sa maison détruite par une bombe ? De souffrance intolérable lorsqu'un proche meurt pulvérisé parce qu'il se trouvait au mauvais endroit ????? D'une ville quasiment détruite à cause l'inconscience meurtrière de ses dirigeants ? Ne pensez-vous pas que notre lot de souffrance quotidienne ne nous suffit pas ? Est-ce que durant toutes ces années de guerre, il y ait eu un seul palestinien qui se serait inquiété de notre sort ?? Nous avons assez donné, BASTA !!!
Cabbabe Nayla
13 h 17, le 21 mai 2021