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Économie - Finances

Le déficit public en baisse à fin novembre, mais les arriérés s’accumulent

Les impayés dus à la CNSS s’élèvent à 4 800 milliards de livres à fin 2020.

Le déficit public en baisse à fin novembre, mais les arriérés s’accumulent

Le ministère des Finances est hyperactif depuis le début du mois. Il a publié les chiffres des finances publiques de septembre, d’octobre et de novembre 2020 en l’espace de deux semaines, soit quatre mois après la dernière mise à jour (sur les chiffres à fin août 2020).

S’il manque encore les données de décembre pour boucler le bilan de 2020 – ils sont annoncés pour « bientôt » par une source au ministère –, les chiffres à fin novembre traduisent une importante baisse du déficit public du Liban, de l’ordre de 45,5 % en glissement annuel, pour un trou qui s’élève à 4 038,13 milliards de livres, soit 2,67 milliards de dollars au taux officiel de 1 507,5 livres pour un dollar.

Surprenant au regard des nombreuses crises que le pays traverse (économique, financière et sanitaire), ce résultat comptable tranche avec ceux affichés par plusieurs pays développés dont les finances publiques ont été frappées de plein fouet par les répercussions des mesures adoptées pour contrer le coronavirus, que ce soit les confinements successifs ou le financement des différents dispositifs de soutien financier aux entreprises forcées de fermer leurs portes. En France, le déficit public par exemple a augmenté de près de 91,61 % (passant de 93 milliards à 178,2 milliards d’euros entre 2019 et 2020), tandis que l’Allemagne a, elle, connu son premier déficit depuis 2013, pour ne citer que ces deux exemples.

Baisse des dépenses et des recettes

Bien qu’il tranche avec la tendance chronique de ses autorités à creuser des déficits de plus en plus importants, l’état des finances publiques libanaises est toutefois loin d’être le produit d’une bonne gestion.

L’État, qui fonctionne une fois de plus sans gouvernement depuis la tragédie qui a meurtri Beyrouth et son port en août 2020, est en effet en défaut de paiement depuis mars de la même année sur ses obligations en devises et peine aujourd’hui à financer l’essentiel de ses besoins, à commencer par l’approvisionnement en carburant des centrales du pays, qui pourrait conduire à leur arrêt total d’ici à la mi-juin. L’administration accumule également les retards pour régler certaines de ses institutions ou des partenaires.

Sur le plan comptable, la baisse du déficit s’explique principalement par une baisse des dépenses plus importante que celle constatée au niveau des recettes. Ces dernières ont ainsi diminué de 11,83 %, à 13 515,62 milliards de livres (près de 8,96 milliards de dollars). Dans le détail, les recettes fiscales ont reculé de 19,98 % sur la même période, à un peu plus de 9 368,67 milliards de livres, ou 6,21 milliards de dollars, tandis que les revenus du secteur des télécoms affichent une diminution de 7,37 % par rapport à la même période l’an dernier pour atteindre 1 183,84 milliards de livres, soit 785,3 millions de dollars.

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La baisse des dépenses publiques est pour sa part de l’ordre de 22,8 % en glissement annuel, pour un solde de 17 553,93 milliards de livres (11,64 milliards de dollars). Elle est essentiellement portée par la réduction des « dépenses générales », en baisse de 4,21 % à 12 735,77 milliards de livres (8,49 milliards de dollars), qui incluent notamment le salaire des fonctionnaires, les dépenses d’investissement (infrastructure et entretien), ou encore les versements à la CNSS (Caisse nationale de Sécurité sociale). Le déficit total représente près de 23 % des dépenses. Le fait que l’État n’a quasiment pas mis la main à la poche pour soutenir le secteur privé pendant les confinements, comme cela a été le cas dans d’autres pays, a également pesé dans la balance, au même titre que les retards de paiement dus notamment à la CNSS et aux entrepreneurs de travaux publics.

Les avances à EDL

Si ces arriérés reviennent périodiquement dans le débat public, leurs montants se sont considérablement creusés depuis le début du mouvement de contestation contre la classe politique le 17 octobre 2019, explique à L’Orient-Le Jour le président du syndicat des entrepreneurs de travaux publics, Maroun Hélou. Il souligne cependant que le ministère des Finances « fait de son mieux » pour payer ce que l’État doit, et fait état de plusieurs versements attendus, dont une dizaine de milliards de livres de la part du ministère de l’Énergie et de l’Eau, près de 40 milliards de la part de celui des Travaux publics et entre 400 et 450 milliards de livres de la part du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR). Les arriérés dus à la CNSS s’élèvent à 4 800 milliards de livres à fin 2020, selon un communiqué publié hier, dans lequel le directeur de la Caisse sociale, Mohammad Karaké, prévient l’État que celle-ci risque d’arrêter les paiements aux hôpitaux s’il ne règle pas ses dus, ce qui risque de plonger le secteur hospitalier dans une grande détresse.

Autre poste de dépenses en baisse, celui des avances du Trésor à Électricité du Liban (EDL), qui ont fondu de 41,09 % à fin novembre 2020 pour atteindre près de 1 221,86 milliards de livres (près de 810 millions de dollars). Ces avances, qui ont représenté 6,96 % des dépenses publiques à fin novembre 2020, sont régulièrement adoptées et versées pour combler le déficit structurel de l’établissement public dont les tarifs sont figés depuis le début des années 1990, sur la base d’un baril à une vingtaine de dollars. Sans elles, EDL n’aurait pas assez d’argent pour fonctionner et acheter du carburant pour ses centrales. Leur montant a été réduit de 40 % dans le budget de 2020 à 1 500 milliards de livres (environ 1 milliard de dollars), tandis que la réforme du secteur, qui alimente les tensions entre l’ensemble des partis politiques au pouvoir, se fait toujours attendre.

Si la chute des cours mondiaux du pétrole (à près de 30 dollars) constatée en 2020 a offert un sursis au Liban cette année-là, les prix sont actuellement revenus à leurs niveaux d’avant la crise, à près de 65 dollars, ce qui complique un peu plus la situation du pays. Enfin, une avance à EDL de 300 milliards de livres (200 millions de dollars) adoptée fin mars pour payer le carburant a récemment été suspendue par le Conseil constitutionnel suite à un recours déposé par des députés, contraignant EDL à renforcer le rationnement avec une possible extinction totale des feux prévue pour le 22 juin, faute de solution pour acheter du carburant.

Le service de la dette

Enfin, une autre composante essentielle de la baisse des dépenses est celle, drastique (-66,77 %), du service de la dette, qui a atteint 2 488,11 milliards de livres en novembre (1,65 milliard de dollars), suite au défaut de mars 2020 qui n’a toujours pas donné lieu à des négociations avec les créanciers du pays.

Mais même en tenant compte de ce facteur, le déficit primaire s’est élevé à 1 374,69 milliards de livres (soit 911,9 millions de dollars), alors que le pays avait dégagé un excédent primaire de 354,26 milliards de livres (235 millions de dollars) lors des onze premiers mois de 2019. Le solde primaire est un indicateur important de la situation budgétaire d’un pays et permet d’évaluer la soutenabilité de la dette. C’est d’ailleurs sur cette valeur que se basent les ajustements structurels budgétaires conseillés par le Fonds monétaire international (FMI), comme cela aurait dû être le cas avec le Liban si les négociations, entamées en mai de l’année dernière, avaient abouti. En novembre 2020, le paiement des intérêts et du principal, qui se sont élevés à 2 488,11 milliards de livres (1,65 milliard de dollars), représentait 14,17 % des dépenses publiques, alors que ce pourcentage était de 32,93 % à fin novembre 2019 (7 487,74 milliards de livres, soit 4,97 milliards de dollars).

La crise que traverse le Liban est enfin aggravée par l’attitude des partis politiques au pouvoir qui bloquent la formation du gouvernement, retardent cette année encore l’adoption du budget annuel de l’État et n’arrivent même pas à respecter les objectifs fixés dans des budgets pourtant votés par le Parlement. À fin janvier, le ministre sortant des Finances Ghazi Wazni avait déclaré avoir transmis à la présidence du Conseil des ministres l’avant-projet de budget pour 2021, un dossier classé sans suite pour le moment.

Le ministère des Finances est hyperactif depuis le début du mois. Il a publié les chiffres des finances publiques de septembre, d’octobre et de novembre 2020 en l’espace de deux semaines, soit quatre mois après la dernière mise à jour (sur les chiffres à fin août 2020).S’il manque encore les données de décembre pour boucler le bilan de 2020 – ils sont annoncés pour...

commentaires (1)

Super! Donc vers la fin 2035 ou, pour être plus sûr, fin 2037, on saura si 2021 fut une année catastrophique ou non et on aura les résultats des recettes de l'industrie du tourisme, par exemple, juste à temps pour adopter le budget de ...2021. ...please, pouvoir fort, donnez donc à tout un chacun une ration de hashish pur de la Bekaa, made in lebnéne, et on acceptera toutes vos manigances economico-budgetero-zakiiato dans ces pseudos budgets aussi pseudo que ces ministres tekno-krat ki font exactement l'opposé de leurs tâches... à part bien sûr les démissionnaires, qui eux voyaient bien déjà le poulailler qu'ils étaient assignés à joindre par les tremblements souterrains et autres toitures en aciers..

Wlek Sanferlou

14 h 06, le 19 mai 2021

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Commentaires (1)

  • Super! Donc vers la fin 2035 ou, pour être plus sûr, fin 2037, on saura si 2021 fut une année catastrophique ou non et on aura les résultats des recettes de l'industrie du tourisme, par exemple, juste à temps pour adopter le budget de ...2021. ...please, pouvoir fort, donnez donc à tout un chacun une ration de hashish pur de la Bekaa, made in lebnéne, et on acceptera toutes vos manigances economico-budgetero-zakiiato dans ces pseudos budgets aussi pseudo que ces ministres tekno-krat ki font exactement l'opposé de leurs tâches... à part bien sûr les démissionnaires, qui eux voyaient bien déjà le poulailler qu'ils étaient assignés à joindre par les tremblements souterrains et autres toitures en aciers..

    Wlek Sanferlou

    14 h 06, le 19 mai 2021

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