Affaire Ella Tannous : l'Ordre des médecins appelle à une grève d'une semaine

L'ordre des médecins a annoncé une grève d'une semaine à partir de lundi, en signe "d'avertissement" et afin de protester contre les indemnités réclamées à deux médecins et deux hôpitaux dans l'affaire Ella Tannous, une fillette qui avait été amputée en 2015 des quatre membres à la suite d’une infection tardivement diagnostiquée. Le retard est considéré par ses parents comme une erreur médicale grave.

Dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion avec les présidents des comités médicaux des hôpitaux du Liban, le président de l'ordre Charaf Abou Charaf a "fermement condamné" le jugement "erroné et exagéré" rendu par la cour d'appel de Beyrouth, présidée par le juge Tarek Bitar, dans cette affaire et estimé qu'il risque d'avoir des répercussions sur le système sanitaire. Il a annoncé une grève d'une semaine, à partir du lundi 10 mai, ainsi qu'un sit-in devant le palais de Justice demain lundi. 

L'ordre prévoit par ailleurs de s'entretenir avec la ministre sortante de la Justice, Marie-Claude Najm, afin de "trouver un moyen juste et équitable d'invalider les effets de la décision du juge Bitar". 

Les parties condamnées par le magistrat sont l’hôpital Notre-Dame des Secours, CHU de l’Université Saint-Esprit de Kaslik, auquel est rattaché le Dr Issam Maalouf, pédiatre de la petite Ella, et l’AUBMC, CHU de l’Université américaine de Beyrouth, dont relève la Dr Rana Chrara, qui a opéré l’enfant in extremis, pour lui sauver la vie. Le paiement des indemnités est partagé à égalité entre les deux hôpitaux, mais l’on ignore quel pourcentage des indemnités chacun des deux hôpitaux va réclamer au médecin qui lui est rattaché. Il leur est réclamé : 9 milliards de livres à verser à la fillette, une pension mensuelle équivalente à quatre fois le salaire minimum et 500 millions de livres à chacun de ses parents, Hassane et Éliana Tannous. Compte tenu de la dépréciation de la livre, ces indemnités vont bien au-delà de celles qu’avait prévues le jugement en première instance.