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Moyen-Orient - Eviction de Cheikh Jarrah

La justice israélienne reporte une audience clé après un week-end sous haute tension

Les Etats-Unis expriment leur inquiétude quant à "l'expulsion potentielle des familles palestiniennes de Cheikh Jarrah".

La justice israélienne reporte une audience clé après un week-end sous haute tension

Des policiers israéliens tentent, le 8 mai 2021, de disperser des manifestants palestiniens s'opposant à l'éviction de familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est. AFP / Menahem KAHANA

La justice israélienne a annoncé dimanche le report d'une audience clé, prévue lundi, sur le sort de familles palestiniennes menacées d'éviction par des colons israéliens  dans le quartier de Cheikh Jarrrah à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël depuis 1967 puis annexé. Un dossier au cœur de manifestations émaillées de heurts dans lesquels plusieurs centaines de Palestiniens, dont des mineurs, ont été blessés au cours des derniers jours.

"A la lumière du contexte actuel, et à la demande du procureur général, l'audience prévue demain a été annulée", a indiqué le ministère de la Justice dans un communiqué, précisant qu'une nouvelle date serait annoncée "d'ici les 30 prochains jours".

Plus tôt dans la matinée, le Croissant-Rouge palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan des violences ayant éclaté samedi soir à Jérusalem, avait fait état de 90 blessés. Selon ces secouristes, la majeure partie de ces personnes, incluant des mineurs, ont été blessées par des impacts de balles en caoutchouc ou de grenades assourdissantes tirées par les forces de l'ordre israéliennes, un photographe de l'AFP ayant notamment vu une femme au visage ensanglanté. Les forces de l'ordre israéliennes ont également utilisé un canon à eau putride afin de disperser des Palestiniens dont certains ont lancé des projectiles en direction des policiers lors de ces heurts dans différents secteurs de Jérusalem-Est.

Vendredi soir, des heurts sur l'esplanade des Mosquées - troisième lieu saint de l'islam, aussi nommé Mont du Temple par les Juifs - entre policiers israéliens et Palestiniens avaient fait plus de 200 blessés, en très grande majorité des Palestiniens, soit les plus importants heurts dans la Ville Sainte ces dernières années. Samedi soir sur l'esplanade, des dizaines de milliers de Palestiniens ont prié dans un calme relatif à la suite de l'iftar, le repas de rupture du jeûne pendant le ramadan. Le directeur de la mosquée Al-Aqsa, située sur l'esplanade, a appelé les fidèles au "calme", selon un journaliste de l'AFP sur place.

Dans le quartier de Cheikh Jarrah, théâtre de protestations quotidiennes depuis plusieurs jours contre la possible éviction de familles palestiniennes au profit de colons israéliens, des Palestiniens sont de nouveau descendus dans la rue et ont lancé des pierres en direction des forces de l'ordre israéliennes. Celles-ci ont dit avoir arrêté deux personnes pour avoir usé de "gaz poivre" contre leurs agents. La police avait indiqué plus tôt dans la journée avoir limité l'accès à la Vieille ville de Jérusalem-Est pour empêcher les Palestiniens de "participer à des émeutes violentes".

Un bus venant du sud de Jérusalem a ainsi été stoppé et certains des passagers palestiniens ont été interpellés par la police, a constaté un journaliste de l'AFP. "Ils veulent nous empêcher d'aller à Al-Aqsa", a déclaré Ali al-Komani, 40 ans, un artisan se tenant près de l'entrée du lieu saint.

"La loi et l'ordre" 
Dimanche, l'esplanade des Mosquées était relativement calme, mais la tension restait palpable dans la Vieille Ville, les heurts intervenant en fin de journée, voire en soirée après la rupture du jeûne.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a averti que l'Etat hébreu "continuera d'assurer la liberté de culte, mais n'autorisera pas des émeutes violentes". "Nous ferons respecter la loi et l'ordre, avec fermeté et responsabilité", a déclaré M. Netanyahu, tout en défendant le développement des colonies juives dans la partie orientale de Jérusalem, occupée et annexée depuis 1967 par l'Etat hébreu. "Je dis aussi à nos meilleurs amis : Jérusalem est la capitale d'Israël. Alors que chaque nation construit sa capitale, nous avons aussi le droit de construire à Jérusalem. C'est ce que nous avons fait et c'est ce que nous continuerons de faire", a-t-il ajouté évoquant les "racines bibliques" des juifs à Jérusalem.

Mais les "amis" d'Israël ont plutôt appelé au calme.

Premier allié de l'Etat hébreu, les Etats-Unis ont appelé "responsables israéliens et palestiniens à agir pour mettre un terme à la violence", et exprimé leur inquiétude quant à "l'expulsion potentielle des familles palestiniennes de Cheikh Jarrah".

Les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan - quatre pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël ces derniers mois - ont fait état de leur "profonde inquiétude" appelant Israël au calme. La Jordanie a, elle, dénoncé les violations "barbares" de l'esplanade des mosquées par les forces de sécurité israéliennes en plein mois de ramadan.

Et le quartette pour le Proche-Orient (USA, Russie, ONU, UE) a dit dans la nuit sa "profonde préoccupation" et appelé Israël à faire preuve de "retenue". "Nous sommes alarmés par les déclarations provocantes faites par certains groupes politiques, ainsi que par le lancement de roquettes et ballons incendiaires depuis Gaza vers Israël, tout comme par les attaques contre des fermes palestiniennes en Cisjordanie", peut-on lire dans leur communiqué. Le groupe note aussi "avec sérieuse préoccupation la possible éviction de familles palestiniennes de leurs foyers où ils ont habité depuis des générations (...) et exprime son opposition à des actions unilatérales, qui ne font qu'entraîner une escalade dans un environnement déjà tendu".

Lors d'un message dominical après la prière, le pape François a appelé dimanche à la fin des violences à Jérusalem : "La violence engendre seulement la violence. Arrêtons ces heurts".

Bande de Gaza 
Le Hamas, mouvement islamiste palestinien qui contrôle la bande de Gaza, a appelé les Palestiniens à rester sur l'esplanade des Mosquées et menacé Israël d'attaques si la Cour suprême validait les évictions de Cheikh Jarrah.

Dans la bande de Gaza, les soldats israéliens ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants palestiniens rassemblés près de la barrière de séparation érigée par Israël dans cette enclave de deux millions d'habitants sous blocus. Des ballons incendiaires ont en outre été lancés samedi soir, mais aussi dimanche, depuis Gaza vers le sud d'Israël, selon les autorités israéliennes qui font état de plusieurs feux de brousse déclenchés par ces projectiles. Une roquette a été lancée tôt dimanche matin depuis Gaza "vers le territoire israélien", a indiqué l'armée disant avoir riposté par une frappe aérienne sur "un poste militaire du Hamas" dans le sud de la bande de Gaza.

La bande de Gaza prépare de nouvelles manifestations dimanche soir en solidarité avec les Palestiniens de Jérusalem. Des manifestations sont aussi prévues en soirée en Cisjordanie occupée, où l'armée israélienne a annoncé avoir déployé trois bataillons supplémentaires afin de "renforcer la défense de la région de Jérusalem".

La justice israélienne a annoncé dimanche le report d'une audience clé, prévue lundi, sur le sort de familles palestiniennes menacées d'éviction par des colons israéliens  dans le quartier de Cheikh Jarrrah à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël depuis 1967 puis annexé. Un dossier au cœur de manifestations émaillées de heurts dans lesquels plusieurs...

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