Le chef de la diplomatie hongroise, Peter Szijjártó, en visite officielle à Beyrouth, a critiqué hier la politique de « pression » contre les responsables libanais dont discute actuellement l’Union européenne (UE), affirmant que Budapest n’accepterait pas que des sanctions soient imposées « au plus grand parti politique chrétien » au Liban, à savoir le courant aouniste.
À la demande de la France, qui s’est fortement impliquée dans le dossier libanais ces derniers mois, l’Union européenne discute de la situation au pays du Cèdre et des moyens de pression pouvant être exercés sur les responsables libanais qui « bloquent » la formation du nouveau gouvernement. « Nous sommes d’accord sur le fait qu’il n’est pas dans l’intérêt de l’UE d’imposer des sanctions à des élus et nous n’accepterons pas qu’elles soient imposées au plus grand parti politique chrétien au Liban », à savoir le CPL, a déclaré le ministre hongrois à l’issue d’une réunion avec le chef de ce parti, Gebran Bassil, dénonçant des pratiques « injustes ». Peter Szijjártó est un proche du Premier ministre Viktor Orban.
De son côté, M. Bassil a estimé que l’Union européenne pourrait aider le pays du Cèdre en prenant des mesures contre « des personnes et entités qui ont fait une utilisation abusive des fonds publics », en « confisquant les fonds » sortis illégalement du Liban et en poursuivant les personnes impliquées dans des actes de corruption et de blanchiment d’argent. « Des sanctions seraient les bienvenues si elles se basent sur des dispositions légales, et non pour des objectifs politiques », a-t-il déclaré. « Le gouvernement doit être formé urgemment afin de mener des réformes », a ajouté le chef du CPL.
Gebran Bassil fait depuis novembre 2020 l’objet de sanctions émises par le Trésor américain, dans le cadre du Magnitsky Act, qui vise tout responsable portant atteinte aux droits humains, en gelant ses actifs aux États-Unis. Dans le cadre de ces sanctions, M. Bassil est accusé de corruption, notamment dans le secteur de l’énergie.
La Hongrie est membre de l’UE depuis 2004, mais les relations entre Bruxelles et Budapest ne sont pas au beau fixe. L’UE s’inquiète notamment de la dérive autoritaire dans la Hongrie de Viktor Orban.
« Tentatives d’ingérence »
Dans la journée, Peter Szijjártó a également été reçu par son homologue libanais, Charbel Wehbé. Ce dernier a remercié, à l’issue de la réunion, la Hongrie qui défend, selon lui, le Liban au sein de l’UE. Pour sa part, le chef de la diplomatie hongroise a souligné que « le Proche-Orient ne peut être sûr et stable si le Liban ne l’est pas ». « La formation du gouvernement est une question à résoudre en interne et qui nécessite un accord entre les différents partis libanais, sans aucune intervention extérieure », a ajouté le ministre. Il a dans ce cadre dénoncé des « tentatives d’ingérence extérieure », estimant que Beyrouth « a besoin d’une aide réelle et non qu’on brandisse des menaces de sanctions ».
Par ailleurs, Peter Szijjártó est revenu sur les différentes aides fournies par son pays au Liban. Il a indiqué que son pays avait contribué à la restauration de trente-trois églises maronites au Liban et était prêt à fournir son aide à trente autres églises, pour un montant de deux millions de dollars. Dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, Budapest a également offert vingt respirateurs artificiels et 20 000 masques sanitaires. La Hongrie va également fournir des aides afin d’empêcher l’émigration illégale à partir du Liban, a ajouté le ministre.
commentaires (4)
Ce ministre est le porte parole de son chef aux dérives autoritaires bien connues. La Hongrie a largement profité des largesses de l’Union Européenne sans rien apporter en contre partie. Je ne vois pas à quel titre il se permet de s’immiscer dans les affaires intérieures libanaises. Qu’il aille résoudre les problèmes de son pays, je suis persuadé qu’il y a de quoi largement l’occuper mais l’art est difficile alors que la critique est facile
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10 h 14, le 27 avril 2021