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Moyen-Orient - Commémoration

Présumés abattus par des jihadistes, les dépouilles mortelles de Boulos Yazigi et Youhanna Ibrahim introuvables

Les patriarcats grec-orthodoxe et syriaque-orthodoxe gardent vivante la mémoire des archevêques d’Alep disparus en Syrie en 2013.

Présumés abattus par des jihadistes, les dépouilles mortelles de Boulos Yazigi  et Youhanna Ibrahim introuvables

Les archevêques d’Alep disparus, Youhanna Ibrahim et Boulos Yazigi. Photo ANI

À une dizaine de jours de la Pâque des communautés orthodoxes (2 mai), les patriarcats grec-orthodoxe et syriaque-orthodoxe d’Antioche ont fait mémoire des archevêques d’Alep Boulos Yazigi (frère du patriarche grec-orthodoxe Jean X d’Antioche) et Youhanna Ibrahim, disparus ensemble en Syrie en 2013, dans des circonstances jamais pleinement éclaircies. Les deux autorités ont demandé aux fidèles de leurs Églises de faire lecture, le dimanche des Rameaux, d’un communiqué paru à ce sujet, et de les citer dans leurs prières à l’occasion de la fête de Pâques. De son côté, le Conseil des Églises du Moyen-Orient (CEMO), se joignant à une requête des deux patriarcats, a demandé que la vérité sur leur disparition soit enfin établie. Un communiqué de l’agence vaticane Fidès (15/01/2019) jette une lumière toutefois incomplète sur leur mort.

« Le 22 avril 2013, nos frères les archevêques d’Alep Youhanna Ibrahim et Boulos (Paul) Yazigi ont été enlevés à leur retour d’une mission humanitaire, affirme le communiqué conjoint paru hier. Leur souvenir pèse dans nos cœurs d’un poids que les années n’effaceront pas. Nous en appelons à l’opinion publique locale et internationale, en rappelant que nous avons épuisé toutes les voies de recours diplomatiques, sécuritaires, politiques et sociales pour savoir ce qu’ils sont devenus. Sans résultat probant et sûr.

Pour mémoire

Les deux archevêques orthodoxes d’Alep enlevés en 2013 auraient été tués

« Nous sommes appelés aujourd’hui, en tant que chrétiens, à être unis par-delà toutes les appartenances ecclésiastiques particulières (…) Ce double enlèvement est la preuve qu’en tant que chrétiens, nous partageons en Orient une communauté de destin. Une communauté de destin que nous partageons aussi avec quiconque recherche la face de Dieu et sa miséricorde, quiconque ne se substitue pas à Lui, Seigneur de la Vie, et aussi peut-être Seigneur de la Résurrection.

« Confrontés à ce black-out, confrontés à des ravisseurs qui refusent de s’identifier (…) et aux efforts stériles des services de renseignements, nous réaffirmons une chose : en tant que chrétiens du Machrek, nous sommes enracinés dans cet Orient et le resterons tant que du sang coulera dans nos veines. Nous y sommes en comptant sur Dieu seul, et en notre espérance dans le Seigneur de la Résurrection. »

L’enquête inachevée

En ce qui concerne le sort final des deux archevêques, selon l’agence Fidès qui cite une enquête réalisée par une équipe conduite par Mansour Salib, chercheur syrien résidant aux États-Unis, et diffusée au travers de la plateforme numérique medium.com, nouveau réseau social lié à Twitter, les deux hommes auraient été tués en décembre 2016, trois ans après leur enlèvement, par des islamistes de Nour al-Din al-Zenki, groupe indépendant impliqué dans le conflit syrien, financé et armé durant le conflit tant par l’Arabie saoudite que par les États-Unis. Le témoin le plus important cité par l’enquête semble être un certain Yasser Mehdi, présenté comme l’un des geôliers des deux évêques, qui fut par la suite arrêté par les forces syriennes. L’une des hypothèses avancées, c’est que les auteurs de l’enlèvement cherchaient à contraindre les deux métropolites à se convertir à l’islam.

En tout état de cause, selon ce qu’indiquent les auteurs de l’enquête, le 22 avril 2013, les deux archevêques orthodoxes avaient quitté Alep à bord d’un pick-up Toyota conduit par le chauffeur Fath’allah Kabboud dans le but d’aller négocier la libération de deux prêtres, le P. Michael Kayyal, de l’Église arménienne-catholique, et le prêtre grec-orthodoxe Maher Mahfouz, enlevés précédemment par des groupes jihadistes qui contrôlaient alors les territoires se trouvant à l’est d’Alep. Boulos Yazigi et Youhanna Ibrahim, portant des habits civils, seraient tombés là dans un véritable piège, les deux prêtres mentionnés ayant été justement enlevés pour servir d’appât et rendre possible leur enlèvement. La voiture dans laquelle se trouvaient ces derniers a été bloquée par le groupe des ravisseurs et leur chauffeur, Fatha’allah Kabboud, un catholique de rite latin, père de trois enfants, a été tué séance tenante d’une balle dans la tête. Mais l’enlèvement ne fut revendiqué par aucun groupe.

En l’absence de revendication, l’affaire de la disparition des deux métropolites a été rythmée par des dépistages et des diffusions de fausses informations diffusées pour soutirer de l’argent aux Églises concernées sous prétextes de rançons exigées par les ravisseurs. L’enquête affirme entre autres que les deux métropolites auraient été torturés et qu’en 2015 l’un d’entre eux aurait été soigné dans une structure sanitaire d’Antioche, l’Antakya Devlet Hastanesi, dans la province turque de Hatay. Dans sa section finale, le dossier affirme que les deux métropolites auraient été tués et enterrés dans un lieu non précisé en décembre 2016, alors que les zones à l’est d’Alep étaient sur le point d’être reprises par l’armée syrienne. L’enquête officielle, reconnaît le dossier, n’est donc pas encore conclue, dans la mesure où il n’a pas été possible de retrouver les dépouilles mortelles des deux ecclésiastiques et de faire la lumière de manière probante sur leur sort.

À une dizaine de jours de la Pâque des communautés orthodoxes (2 mai), les patriarcats grec-orthodoxe et syriaque-orthodoxe d’Antioche ont fait mémoire des archevêques d’Alep Boulos Yazigi (frère du patriarche grec-orthodoxe Jean X d’Antioche) et Youhanna Ibrahim, disparus ensemble en Syrie en 2013, dans des circonstances jamais pleinement éclaircies. Les deux autorités ont demandé...

commentaires (2)

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Eleni Caridopoulou

18 h 08, le 23 avril 2021

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Commentaires (2)

  • ??????

    Eleni Caridopoulou

    18 h 08, le 23 avril 2021

  • Pourquoi n'évoque-t-on pas le Père Paolo Dall'Oglio disparu en Syrie à la même période? Est-ce que ces trois religieux sont toujours vivants: Yazigi, Boulos et Dall'Oglio?

    COURBAN Antoine

    09 h 14, le 23 avril 2021

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