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Politique - Diplomatie

Hale : Il est temps de former le gouvernement, pas de faire obstruction

Les États-Unis sont « prêts à faciliter les négociations concernant la frontière maritime entre le Liban et Israël conformément à la base sur laquelle les pourparlers ont été lancés », affirme le numéro trois de la diplomatie américaine depuis Baabda.

Hale : Il est temps de former le gouvernement, pas de faire obstruction

Le diplomate américain s'entretenant avec le patriarche Béchara Raï (Photo ANI)

Au deuxième jour de sa tournée au Liban, le secrétaire d’État adjoint américain pour les Affaires politiques, David Hale, a insisté hier sur la nécessité pour le Liban de se doter sans tarder d’une nouvelle équipe ministérielle, critiquant les obstacles posés à ce niveau par les dirigeants du pays. « Il est temps pour les responsables libanais de former le gouvernement, pas de faire obstruction », a-t-il martelé au terme d’un entretien avec le président Michel Aoun à Baabda. Le diplomate a encore mis en garde « ceux qui continuent de mettre des bâtons dans les roues des réformes » attendues par la communauté internationale et la rue libanaise, affirmant qu’ils s’exposent à « des mesures punitives ».

« Je suis venu à la demande du secrétaire d’État, Antony Blinken, afin de souligner l’engagement continu de l’administration Biden envers le peuple libanais ainsi que notre désir commun de (préserver la) stabilité » de ce pays, a déclaré David Hale, qui a lu un communiqué à l’issue de son entretien d’une trentaine de minutes avec le chef de l’État. Le peuple libanais « souffre parce que ses dirigeants n’ont pas respecté leurs engagements à faire passer le pays en premier et à résoudre les problèmes socio-économiques qui s’aggravent », a déploré le diplomate US. Les Libanais « ont perdu leurs économies » dans les banques, « n’ont plus accès aux soins de santé de base et peinent à nourrir leur famille », a-t-il dénoncé.

« Lorsque j’avais visité le Liban en 2019 et en 2020, j’avais entendu de nombreux appels au changement, de la part de Libanais de tous horizons, afin qu’un terme soit mis à la corruption et à la mauvaise gouvernance. Si cela avait eu lieu, nous aurions été sur la bonne voie pour permettre au Liban d’accomplir son incroyable potentiel », s’est désolé David Hale. Il a toutefois ajouté « qu’il n’est pas trop tard » pour atteindre cet objectif. « Nous appelons depuis longtemps les responsables à faire preuve de suffisamment de flexibilité pour mettre sur pied un cabinet capable de freiner l’effondrement en cours et de remettre le pays sur les rails d’un redressement. Il est maintenant temps de former ce gouvernement, pas de faire obstruction. Il est aussi maintenant temps de lancer un vaste chantier de réformes », a lancé le sous-secrétaire d’État. Et de réitérer la volonté de Washington et de la communauté internationale de soutenir le pays, « à condition qu’il y ait des partenaires » au Liban avec qui discuter.

« Ceux qui continuent de mettre des bâtons dans les roues des réformes mettent en péril leur relation avec les États-Unis et leurs partenaires et risquent d’être soumis à des mesures punitives », a prévenu le numéro trois de la diplomatie américaine.

David Hale a dans ce cadre cité nommément le Hezbollah et « ses armes dangereuses, ses activités de contrebande et autres actions corrompues et illicites » qui, selon lui, « sapent les institutions de l’État et privent les Libanais de leur capacité à construire un État prospère ». Il a encore dénoncé le fait que l’Iran « finance la distorsion (hezbollahie) de la vie politique libanaise ».

Faciliter les négociations

Concernant le dossier du tracé de la frontière maritime méridionale (qui fait l’objet d’un bras de fer politique entre le chef de l’État et le Premier ministre sortant Hassane Diab), David Hale a réitéré la volonté de son pays de « faciliter les négociations entre le Liban et Israël conformément à la base sur laquelle les pourparlers avaient été lancés », à l’automne 2020, c’est-à dire sur la base des 860 km2 et non des 1 430 km2 supplémentaires réclamés aujourd’hui par le Liban pour sa Zone économique exclusive. « Ces négociations peuvent débloquer d’importants avantages économiques » pour le Liban, a-t-il souligné. Le haut diplomate a proposé à Beyrouth de « faire venir des experts » afin de se pencher sur cette question.

Dans la foulée de ces déclarations, la présidence de la République a publié un communiqué dans lequel elle souligne que le chef de l’État a insisté lors de la réunion avec la délégation américaine sur l’importance d’une poursuite des discussions autour de la frontière maritime, ajoutant que Washington continue de jouer « un rôle de médiateur impartial ». Le président Aoun a, dans ce cadre, demandé à ce que des experts internationaux soient accrédités pour définir le tracé de la frontière « conformément au droit international » et à ce qu’aucune opération d’extraction des hydrocarbures offshore ne soit lancée par Tel-Aviv dans le champ Karich, situé dans le bloc de la ZEE israélienne qui empiète sur les eaux revendiquées par le Liban. Beyrouth « a le droit de faire évoluer sa position » en ce qui concerne la délimitation de sa frontière maritime « de manière à répondre à ses intérêts tout en respectant le droit international », a encore estimé Baabda. Et de souligner que le chef de l’État veille à la « souveraineté, aux droits et aux intérêts » du pays et déploie tous les efforts possibles pour que la question du tracé de la frontière soit « un sujet de consensus entre tous les Libanais et non de division », afin de « renforcer la position du Liban lors des négociations ».

Après son départ de Baabda, David Hale a été reçu par le Premier ministre sortant au Grand Sérail. Selon un communiqué du bureau de presse de M. Diab, M. Hale « a fait part de la préoccupation de l’administration américaine quant à la non-formation du nouveau gouvernement » et les participants à la réunion se sont penchés sur la crise socio-économique. De son côté, Hassane Diab a insisté sur la nécessité de former le cabinet « afin d’initier des réformes, sur la base du plan élaboré par son gouvernement ».

David Hale s’est en outre entretenu successivement de l’actualité politique locale et régionale avec le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, les chefs des Marada, Sleimane Frangié, et des Kataëb, Samy Gemayel, ainsi qu’avec le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, ce qui pourrait être interprété comme un signe de soutien à ce dernier. Le diplomate américain aura ainsi rencontré l’écrasante majorité des acteurs de la scène politique libanaise, à l’exception notable du chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, visé par des sanctions américaines depuis novembre 2020, et du Hezbollah, bête noire de Washington.

Au deuxième jour de sa tournée au Liban, le secrétaire d’État adjoint américain pour les Affaires politiques, David Hale, a insisté hier sur la nécessité pour le Liban de se doter sans tarder d’une nouvelle équipe ministérielle, critiquant les obstacles posés à ce niveau par les dirigeants du pays. « Il est temps pour les responsables libanais de former le gouvernement, pas de...

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