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Culture - Expositions

Du bonheur de refaire la tournée des galeries... En vrai

Petit tour en mode physique à Beyrouth pour voir, ressentir, contempler, s’imprégner de couleurs, toucher la matière, scruter le grain d’une toile, observer au plus près le travail d’un artiste et admirer la cohésion d’un ensemble d’œuvres... 

Du bonheur de refaire la tournée des galeries... En vrai

Les dégâts du 4 août totalement effacés, la galerie Art on 56th rouvre ses portes au public avec une exposition collective à l’esprit résolument positif. Photo DR

À Beyrouth, elles rouvrent graduellement leurs portes au public après une longue période de confinement. Et l’on s’y rue aussitôt pour retrouver un peu de ce sentiment de la vie d’avant le Covid-19… Une bouffée d’art que l’on saisit avec délectation, comme une respiration, un intermède salutaire dans la noirceur des jours actuels.

Selon que vous ayez envie de découvrir de nouveaux talents, de vous plonger dans un art apaisant ou de vous laisser emporter dans un univers différent, L’Orient-Le Jour vous propose sa sélection des expositions « physiques » à ne pas rater. Évidemment, masques sanitaires et distanciation sociale à l’appui.


« La montagne », un paysage quasi biblique... signé David Daoud, à la galerie Cheriff Tabet. (Huile sur toile, 150 x 150 cm).

En mood découverte

Curieux de nouveaux talents ? Ne ratez pas les expositions concomitantes qui se tiennent dans les deux galeries de Saleh Barakat. La première, dans son vaste espace de la rue Justinien (secteur Clemenceau), vous fera découvrir la quasi-œuvre au noir de Joseph el-Hourany. Un architecte urbaniste, également philosophe et musicologue de formation, qui s’est adonné secrètement durant 25 ans à sa passion pour la sculpture avant de se résoudre à en dévoiler les fruits au public (voir l’article du 8 avril). La seconde, à la galerie Agial, dans la rue Abdel-Aziz à Hamra, fera le bonheur des fans du talentueux graffeur Yazan Halwani. Après avoir bombé les murs de Beyrouth de ses « calligraffitis », il transpose désormais sa patte artistique sur des toiles réunies pour la toute première fois dans une exposition individuelle en galerie. Un accrochage qui fera également l’objet d’un article individuel à paraître dans L’OLJ. Ainsi que, dans un registre différent, l’exposition de réouverture de la galerie Sfeir-Semler consacrée au fameux artiste conceptuel Marwan Rechmaoui (But The Trees Kept Voting For The Axe) et dont le vernissage a lieu ce soir.


Mojé Assefjah, « Lucid » peinture à la tempera sur toile. (150 x 170 cm). Photo DR

En quête d’apaisement...

À la recherche d’un art tout simplement apaisant ? Plongez dans la sérénité des couleurs de Mojé Assefjah, une artiste irano-allemande au travail d’une vivifiante douceur présentée dans le cadre lumineux de la galerie Tanit hors les murs. Un petit espace clair et immaculé situé au Centre Starco, mis à disposition de la galeriste Naïla Kettaneh-Kunigk par le Group MOne en attendant la réouverture (prévue pour le 19 juin prochain) de sa vaste salle d’expositions de Mar Mikhaël, entièrement soufflée par l’explosion du port de Beyrouth.

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Après y avoir accroché le mois dernier, en mode plutôt confidentiel, confinement oblige, une série d’œuvres picturales de Ghassan Zard, l’un de ses artistes maisons, Naïla Kettaneh-Kunigk consacre cette fois ses cimaises aux toiles de cette peintre contemporaine qu’elle avait auparavant exposées dans sa galerie munichoise. Un talent international émergent à la touche immédiatement identifiable à la fluidité de son geste aussi épuré que tourbillonnant. D’un pinceau trempé dans la tempera (peinture ancienne à l’œuf) et imprégné des univers orientaux, occidentaux et asiatiques, elle reproduit en petits, moyens et grands formats la danse des drapés de couleurs. Comme une picturale célébration d’un éternel printemps. Baptisée d’ailleurs There are birds here again (Il y a à nouveau des oiseaux par ici), Mojé Assefjah a spécialement voulu dédier cette série à Beyrouth, à sa renaissance post-4 août… À l’espoir d’une vie retrouvée malgré tout. (Au centre Starco jusqu’au 23 juin. De 11h à 19h).

...et de positivisme

De renaissance, il est également question à la galerie Art on 56th. Avec une exposition collective du retour justement intitulée Come Back.

L’espace du 56 rue Youssef Hayeck, à Gemmayzé, installé depuis neuf ans dans les murs d’un bel immeuble à l’architecture typique des années du mandat, avait lui aussi été dévasté par l’explosion du 4 août. Sa propriétaire Noha Mouharam ainsi que l’une des responsables avaient même été blessées. Aujourd’hui rétablie et déterminée à reprendre avec encore plus de vigueur le cours d’une scène artistique interrompue par la tragédie et les multiples crises, elle a entièrement restauré sa galerie, prenant soin de reconstituer à l’identique l’élégance des lieux témoins du Beyrouth des années vingt, tout en effaçant toutes traces du traumatisme subi cet été. Et parce que la vie est plus forte que tout, elle y a à nouveau rassemblé une sélection d’œuvres de ses artistes maisons, libanais et régionaux, auxquels elle a ajouté de nouvelles signatures, dans une démarche qui se veut absolument positive. Et de fait, c’est ce sentiment qui se dégage de la visite de cette exposition, qui outre l’impression de place retrouvée sur les cimaises et les piédestaux des peintures d’Edgar Mazigi, Rafic Majzoub, Georges Bassil, Mansour el-Habre, des oiseaux de Semaan Khawan (accompagnés d’une bande sonore reproduisant leurs gazouillis), des sculptures de Naïm Doumit ou encore celles de l’Irakien Ahmad al-Bahrani (à l’éloquente Pietà sur tank de l’armée en bronze) accueille aussi de nouveaux venus. À l’instar de l’Irano-Américain Mahmoud Hamadani (à l’installation picturale inspirée et rythmée par une petite musique de Bach) ou du solaire et immédiatement reconnaissable Issa Halloum. (Jusqu’à fin mai, du mardi au samedi, de 11h30 à 18h).


Installation d’œuvres sur papier de Mojé Assefjah, à la galerie Tanit hors les murs. Photo DR

D’humeur voyageuse

Enfin, si vous avez envie de dépaysement temporel, rendez-vous à la galerie Cheriff Tabet (à D Beirut) qui consacre l’intégralité de ses cimaises à David Daoud, l’un de ses artistes phares.

De La fête à L’exode en passant par des paysages quasi bibliques ou côtiers, les peintures à l’huile de ce Franco-libanais vous emporteront dans un ailleurs immémorial. Il y a une touche tout à la fois poétique et rupestre dans certaines de ces grandes toiles aux scènes ouvrant l’imaginaire sur des temps anciens et indéterminés. Mais aussi, paradoxalement, un graphisme moderne dans ses portraits géants aux couleurs vives et fortes tailladées de tracés au graphite. Un ensemble d’œuvres versatiles qui délivrent une multitude de représentations allégoriques ou symboliques à déchiffrer… Et que le peintre venu spécialement pour cette exposition de France, où il vit depuis une trentaine d’années, se fera un plaisir d’expliquer aux visiteurs ce samedi 17 avril, lors d’une journée portes ouvertes de 11h à 18h. (L’exposition se poursuit, quant à elle, jusqu’au 14 mai. Du lundi au vendredi, de 11h à 19h, et les samedis, de 11h à 14h).

À Beyrouth, elles rouvrent graduellement leurs portes au public après une longue période de confinement. Et l’on s’y rue aussitôt pour retrouver un peu de ce sentiment de la vie d’avant le Covid-19… Une bouffée d’art que l’on saisit avec délectation, comme une respiration, un intermède salutaire dans la noirceur des jours actuels.
Selon que vous ayez envie de découvrir de...

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