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Politique - Crise gouvernementale au Liban

Riyad prêt à soutenir tout responsable libanais qui lancera de "réelles réformes"

La France tenterait d'organiser une rencontre, à Paris ou au Liban, entre Gebran Bassil et Saad Hariri.

Riyad prêt à soutenir tout responsable libanais qui lancera de

Le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Fayçal ben Farhane, lors d'une conférence de presse à Riyad, le 21 mars 2021. Photo AFP

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, a affirmé que son pays était prêt à soutenir tout programme de "réelles réformes" au Liban, peu importe la personnalité politique chargée de le mettre en application. Dans un entretien sur la chaîne de télévision américaine CNN dont des extraits ont été publiés dimanche par la presse libanaise, le chef de la diplomatie saoudienne a indiqué que Riyad "ne soutient pas d'individus spécifiques" au Liban, critiquant l'inaction de la classe politique face aux crises.

Ces déclarations saoudiennes concernant le soutien "au Liban et non à une partie spécifique", qui interviennent alors que l'ambassadeur d'Arabie au Liban Walid Boukhari a été reçu il y a quelques jours à Baabda par le chef de l'Etat Michel Aoun pour la première fois depuis deux ans, ont été saluées par le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Gebran Bassil. M. Boukhari multiplie les réunions avec des personnalités politiques, diplomatiques et des dignitaires religieux, mais le diplomate ne s'est toujours pas entretenu avec le Premier ministre désigné, Saad Hariri, et ce dernier n'a d'ailleurs pas été reçu en Arabie saoudite dans le cadre de sa tournée internationale.

L'alliance locale avec le Hezbollah
"La classe politique ne fait pas grand chose pour faire face aux difficultés rencontrées par le peuple libanais, qu'il s'agisse de la corruption endémique ou de la mauvaise gestion" des affaires, a-t-il souligné, exprimant l'espoir cependant que les dirigeants puissent "se rassembler" pour trouver des solutions aux crises. "S'ils le font, nous serons prêts à les aider", a-t-il déclaré.

A la question de la journaliste Becky Anderson concernant les capacités du Premier ministre désigné de garantir la mise en œuvre des réformes requises, le ministre saoudien a affirmé que son pays était "prêt à soutenir un plan de réformes solide. Nous espérons que Saad Hariri y parviendra, mais si nous voyons qu'un agenda de réformes est lancé par qui que ce soit au Liban nous le soutiendrons", a-t-il affirmé. "Nous n'appuyons pas de personnes spécifiques au Liban. Nous sommes prêts à nous montrer solidaires tant que la classe politique fait de vraies avancées", a-t-il ajouté.

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"Le Hezbollah est un acteur non-officiel qui dirige de facto le pays, il a un droit de veto sur tout ce qu'il s'y passe et contrôle les infrastructures essentielles", a encore déploré l'émir saoudien, affirmant que le "statu quo ne fonctionne plus" entre les différentes formations politiques et que Riyad ne peut donc plus "financer ni soutenir" cette situation. Par "statu quo", le responsable saoudien faisait référence à l'alliance entre les différentes formations politiques libanaises et le Hezbollah, qui a fait partie de plusieurs cabinets dirigés par Saad Hariri, ce que critique l'Arabie saoudite. Les relations entre Saad Hariri, qui détient la nationalité saoudienne et était très proche du royaume, se sont tendues en 2017, après l’épisode de la séquestration du Premier ministre libanais à Riyad en novembre 2017, et sa démission, sous la pression du royaume wahhabite.

La réaction de Gebran Bassil
Après la diffusion dimanche d'extraits de l'entretien de Fayçal Farhane dans la presse et les médias libanais, Gebran Bassil a salué une "prise de position avancée" de la diplomatie saoudienne qui affirme "soutenir le Liban et non une partie spécifique". Il a encore relevé dans un tweet "la volonté" de Riyad, "comme celle de la France", de soutenir un "programme de réformes que les responsables libanais s'engagent" à appliquer. "Le Premier ministre désigné s'engagera-t-il donc à mener l'audit juricomptable, à adopter une loi sur le contrôle des capitaux et à mettre un terme à la politique de subventions actuelle qui nous fait gaspiller des réserves (en devises) ?", a-t-il ajouté. Saad Hariri "s'engagera-t-il à réduire à zéro le déficit du secteur de l'électricité, à mettre en place une nouvelle politique monétaire, et à appliquer les réformes dans le secteur des infrastructures pour lesquelles les réformateurs luttent depuis des années ? Ces engagements sont attendus de nous tous, des Libanais et de la communauté internationale. Pourra-t-il y répondre ?", a poursuivi Gebran Bassil.

MM. Bassil et Hariri sont à couteaux tirés depuis plusieurs années et, dernièrement, leurs formations politiques respectives s'accusent du blocage du processus gouvernemental et des réformes dans les cabinets précédents. Le Liban est en effet sans cabinet actif depuis depuis la démission de celui de Hassane Diab, il y a près de huit mois, dans la foulée des explosions meurtrières du 4 août au port de Beyrouth. Le chef de l'Etat et le Premier ministre désigné, empêtrés dans des rivalités personnelles et un bras de fer autour de la nomination des ministres et le tiers de blocage que réclame le camp aouniste, ne sont toujours pas parvenus à former une nouvelle équipe.

Depuis quelques jours, le chef du mouvement Amal Nabih Berry concocte avec le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt un compromis axé sur la mise en place d’un cabinet de 24 ministres (8 au lieu de six pour chacun des trois camps politiques). L’idée est celle du leader druze, qui l’a proposée à Michel Aoun lors d’un entretien le 20 mars au palais de Baabda. Elle a ensuite été affinée avec le président du Parlement qui y a ajouté la condition qu’aucun camp ne puisse détenir le tiers de blocage. Mercredi dernier, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a estimé qu'il était temps de mettre tout de côté, "les attentes et divergences", et de former le nouveau gouvernement. Des propos qui ont été interprétés par plusieurs observateurs comme augurant d'une possibilité qu'un compromis soit trouvé entre les différents protagonistes.

Le Hezbollah a d'ailleurs exprimé lundi, par la voix du député Ibrahim Moussaoui, son optimisme concernant la mise sur pied du cabinet Hariri, "après l'aplanissement des obstacles relatifs au nombre de ministres et au tiers de blocage".

Une réunion Hariri-Bassil sous l’égide de Paris ?
Dans ce contexte, et selon des informations rapportés lundi par notre correspondant politique Mounir Rabih, la France tente actuellement d'organiser une rencontre, à Paris ou au Liban, entre Gebran Bassil et Saad Hariri. Rien n'a toutefois encore été décidé de façon définitive et aucune confirmation n'a été donnée concernant les informations rapportées dans la presse libanaise sur un voyage imminent en France de Gebran Bassil. Ce dernier fait l'objet de pressions de la part de la France, qui ont notamment pris la forme de messages envoyés ces deux derniers jours aux différentes formations politiques libanaises par l'émissaire français Patrick Durel. Ces messages réitèrent l'importance de la formation rapide du nouveau cabinet, tout en faisant porter la responsabilité du blocage à M. Bassil. Suite à ces pressions, et à l'aune des discussions sur la mise sur pied d'une équipe de 24 ministres, le chef du CPL semblerait désormais prêt à faire certaines concessions, ajoute Mounir Rabih. D'après lui, le chef du CPL pourrait accepter de lâcher du lest sur le tiers de blocage, à condition que le ministère de l'Intérieur, chargé de l'organisation des législatives de 2022, relève de la quote-part du président (et donc de son camp).

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Dans l'attente d'une concrétisation de ces tractations, la communauté internationale se montre plutôt optimiste quant à la formation prochaine du cabinet, sans toutefois avancer de délai spécifique, rapporte Mounir Rabih. C'est dans ce cadre qu'est prévue, dans les 48 heures, une visite du ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, à Beyrouth. Selon notre correspondant, l'Egypte, qui avait mené de précédentes discussions avec les protagonistes, notamment avec Saad Hariri qui avait été reçu au Caire début février, et soutenait la mise sur pied de l'équipe de 18 ministres souhaitée par le Premier ministre désigné, doit désormais adapter sa position à la formation d'un gouvernement de 24. Le leader du courant du Futur, actuellement à Abou Dhabi, devrait donc rentrer au Liban avant l'arrivée du ministre égyptien.

Le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Houssam Zaki, est, lui, attendu jeudi à Beyrouth et la logistique de cette future visite a fait l'objet d'une réunion, dans l'après-midi, entre le Premier ministre sortant, Hassane Diab, et l'ambassadeur Abdel Rahman Solh, représentant du Liban à l'organisation panarabe.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, a affirmé que son pays était prêt à soutenir tout programme de "réelles réformes" au Liban, peu importe la personnalité politique chargée de le mettre en application. Dans un entretien sur la chaîne de télévision américaine CNN dont des extraits ont été publiés dimanche par la presse libanaise, le...

commentaires (14)

Le message distillé par le ministre Séoudien et qui reflète l'intérêt commun de la communauté internationale, en direction de Hariri est clair et sans ambiguïtés : Pas de soutien tant qu'il y aura compromission avec l parti de dieu ... Quant au gendre il reflète la pensée du père de tous les libanais moins un (moi !!) lequel père du peuple qui qualifiait à l'époque le parlement Libanais d'"illégitime" ce Parlement auquel il doit son élection. En outre, qui s'inquiétait de la présence de plus d'un million de réfugiés syriens au Liban. "Nous devons nous assurer du retour rapide dans leur pays des déplacés syriens, mais cette rengaine, il la ressassée  depuis son arrivée à la présidence. Comment à t il l'outrecuidance de penser un seul instant remettre les clés du pays à son gendre en bien meilleur état que lors de la mandature de son prédécesseur, qui est parti en 2014 ... belle période que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre, il a été l'instigateur du"Syria Accountability and Lebanese Sovereignty Restoration Act" (SALSRA), prévoyant l'adoption de sanctions contre Damas en raison de "son soutien au terrorisme et de son occupation du Liban" et maintenant  il vise à «établir un marché économique commun qui comprend le Liban , la Jordanie et la Syrie... en commerçant avec la LL (devenue monnaie de singe)..gardez-moi de mes amis ,quant à mes ennemis, je m'en charge !

C…

19 h 54, le 05 avril 2021

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Commentaires (14)

  • Le message distillé par le ministre Séoudien et qui reflète l'intérêt commun de la communauté internationale, en direction de Hariri est clair et sans ambiguïtés : Pas de soutien tant qu'il y aura compromission avec l parti de dieu ... Quant au gendre il reflète la pensée du père de tous les libanais moins un (moi !!) lequel père du peuple qui qualifiait à l'époque le parlement Libanais d'"illégitime" ce Parlement auquel il doit son élection. En outre, qui s'inquiétait de la présence de plus d'un million de réfugiés syriens au Liban. "Nous devons nous assurer du retour rapide dans leur pays des déplacés syriens, mais cette rengaine, il la ressassée  depuis son arrivée à la présidence. Comment à t il l'outrecuidance de penser un seul instant remettre les clés du pays à son gendre en bien meilleur état que lors de la mandature de son prédécesseur, qui est parti en 2014 ... belle période que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre, il a été l'instigateur du"Syria Accountability and Lebanese Sovereignty Restoration Act" (SALSRA), prévoyant l'adoption de sanctions contre Damas en raison de "son soutien au terrorisme et de son occupation du Liban" et maintenant  il vise à «établir un marché économique commun qui comprend le Liban , la Jordanie et la Syrie... en commerçant avec la LL (devenue monnaie de singe)..gardez-moi de mes amis ,quant à mes ennemis, je m'en charge !

    C…

    19 h 54, le 05 avril 2021

  • c est une honte de la part de tout les dirigeants etranger de vouloir accorder de la legitmite a tout les leaders mafieux

    Maroun Ghosn

    18 h 17, le 05 avril 2021

  • Avec tout l'argent qu'ils doivent pour la guerre du Yémen, il est difficile de croire à quelque soutien matériel de la part des saoudiens.

    Esber

    15 h 50, le 05 avril 2021

  • Notre gamin national qui ne sait manifestement pas devenir adulte...continue de vouloir s'affirmer là où personne ne lui demande son avis. - Irène Saïd

    Irene Said

    14 h 55, le 05 avril 2021

  • La diplomatie par le carnet de chèque n'est plus d'actualité au Royaume, surtout depuis la vente de qq pourcents d'ARAMCO. Le ministre saoudien a servi à Becky A. un discours creux, qu'on appelle vulgairement "diplomatique" qui ne mérite même pas une attention. La politique étrangère de l'Arabie se fait dans la durée & la continuité et selon des principes qui ne tournent pas au gré du vent !

    Shou fi

    14 h 25, le 05 avril 2021

  • Sans nitrate s’il vous plaît...

    LeRougeEtLeNoir

    13 h 18, le 05 avril 2021

  • C’est les rials iraniens qui vont sauver l’économie libanaise...hahahahaha... Il faudrait que HN en importe...

    LeRougeEtLeNoir

    13 h 16, le 05 avril 2021

  • Le jour où Hariri annoncera publiquement qu’aucun ministère ne sera accordé au HB et ce quelque soit le prix à payer, les saoudiens ouvriront les vannes et sauveront le pays financièrement. Mais est ce que les pays amis seront d’accord pour une telle solution? C’est là où ne comprend plus rien. Deux pôles qui s’affrontent, l’un prêt à débloquer la situation financière en moins de deux et l’autre qui réfléchit aux conséquences dans la région et sur leurs intérêts géopolitiques et les retombées d’une telle décision qui est la seule solution aux problèmes libanais.

    Sissi zayyat

    12 h 44, le 05 avril 2021

  • L,HYPOCRISIE DE FAIRE SEMBLANT DE N,AVOIR PAS COMPRIS LES PAROLES DU CHEF DE LA DIPLOMATIE SAOUDIENNE EST GRANDE. IL NE RENIE PAS HARIRI MAIS SERAIT AVEC TOUT CELUI QUI PRESENTERAIT UN PLAN DE REFORMES TOUT EN LAISSANT COMPRENDRE QU,AVEC LE HEZBOLLAH ET SES PARAVENTS IL N,Y A PAS DE REFORMES. QUAND AU GENDRE QUI DEMANDE SI HARIRI PEUT-IL REDUIRE A ZERO LE DEFICIT DE L,ELECTRICITE, LUI QUI ETAIT EN CHARGE AVEC SON CPL POUR PLUS DE NEUF ANS, ET ALORS C,EST LE COMBLE DE L,HYPOCRISIE. LES LIBANAIS NE GOBENT PLUS VOS INEPTIES. SHEA, LEDRIAN, BOUKHARI, ET MAINTENANT LE CHEF DE LA DIPLOMATIE SAOUDIENNE, TOUS DISENT LA MEME CHOSE, CHACUN A SA FACON. MAIS TOUS DISENT QU,AVEC LE HEZBOLLAH ET SES ALLIES AUCUN GOUVERNEMENT NE PEUT FONCTIONNER. VOUS ACCROCHEZ A UNE PHRASE ET OUBLIER TOUTES LES AUTRES NE VOUS SERT A RIEN. LES LIBANAIS LISENT TOUT LE DISCOURS DE CHACUN DE CES RESPONSABLES ET LE COMPRENNENT EN ENTIER LE SURTOUT LES CONSEILS QU,ILS DONNENT ET LES MISES EN APPLICATION QU,ILS ATTENDENT POUR AIDER ET INVESTIR DANS LE PAYS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 02, le 05 avril 2021

  • Il devrait avoir la décence de disparaître des écrans celui-là... il ne se rend pas compte qu’il n’est plus rien sur la carte politique ??

    LeRougeEtLeNoir

    12 h 02, le 05 avril 2021

  • Il se veut réformiste, mais, en même temps il est arriviste à tout prix. En résumé, un faux réformiste. De qui vous vous moquez ?

    Esber

    11 h 52, le 05 avril 2021

  • AU LIEU DE S'ÉCRASER CET ENFANT GATÉ PAR LE MERCENAIRE SON BEAU PÈRE, IL REPART DE PLUS BELLE ET CONTINUE À INSULTER TOUT LE MONDE. IL SE NOMME LUI MÊME MONSIEUR PROPRE. MALGRÉ QU'IL EST DÉSIGNÉ PAR LA MAJORITÉ DES GENS COMME LE NO 1 DE LA CORRUPTION.

    Gebran Eid

    11 h 42, le 05 avril 2021

  • ca me révolte qu'un type comme Bassil ait un pouvoir de nuisance...cest le prix des compromis passés

    Jack Gardner

    11 h 22, le 05 avril 2021

  • "Saad Hariri "s'engagera t'il à réduire à zéro le déficit du secteur de l'électricité,?" Il est proprement stupéfiant d'entendre cette question posée par Gibran Bassil, en charge de ce département (directement ou par des hommes à lui) depuis 10 ans, et responsable à 100% de ce même déficit !

    Yves Prevost

    11 h 11, le 05 avril 2021

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