Renault veut être « dans le match »

Renault prévoit de vendre cette année jusqu’à 350 000 véhicules électriques et hybrides, ont indiqué deux sources proches du groupe, soit plus du double de ses ventes 2020 de modèles électrifiés. Selon une hypothèse interne, le constructeur au losange pourrait écouler environ 150 000 modèles électriques et environ 200 000 modèles hybrides E-TECH, sous réserve de l’impact de la pénurie de composants électroniques, ont ajouté ces sources.

Ces volumes ne font pas pâle figure par rapport aux 450 000 livraisons de véhicules électrifiés visées par la marque Volkswagen, mais le géant allemand et l’américain Tesla continuent de creuser l’écart sur les autres constructeurs, y compris les pionniers de l’électrique. « On sera dans le match », a dit une des sources proches de Renault. Un porte-parole du groupe français a refusé de commenter. Le constructeur, occupé à redresser sa rentabilité, ne communique pas ses prévisions de volumes. Il a pour objectif à l’horizon 2025 d’avoir 30 % du mix des ventes de la marque Renault en Europe en électrique, et 35 % en hybride.

En pleine restructuration pour sortir du rouge, Renault veut miser sur ses principaux atouts, notamment celui d’avoir été précurseur avec une gamme électrique entière dix ans plus tôt. À l’automne dernier, le nouveau directeur général Luca de Meo lançait à ses troupes : « Concernant les véhicules électriques, nous sommes pionniers dans ce domaine. Ne renonçons pas à cet avantage pour tomber à la première offensive venant de la concurrence. »

Mais celle-ci s’annonce farouche. Grâce à son échelle et à sa plateforme modulaire dédiée, Volkswagen vise cette année un million de ventes de véhicules électrifiés, tandis que les ventes du « pure player » électrique Tesla pourraient se situer entre 840 000 et un million de voitures en 2021. La banque suisse UBS a récemment estimé que le géant allemand et l’outsider californien étaient de loin les mieux placés en termes d’échelle et d’architecture 100 % électrique pour profiter à terme de la révolution énergétique qui agite l’automobile, suivis du géant japonais Toyota. D’après UBS, tout constructeur vendant moins de 750 000 voitures électriques par an souffrira d’un désavantage compétitif préjudiciable pour son avenir.

Pour les constructeurs historiques n’ayant pas les moyens d’un Volkswagen ou la spécialisation d’un Tesla, le virage sera plus délicat à négocier. « En Europe, il va falloir gérer intelligemment la transition vers l’électrique, en limitant au maximum la période d’offre doublon en thermique et électrique sur le même segment », soulignait Luca de Meo en fin d’année dernière. « L’électrique sera majoritaire en Europe à partir de 2030, mais nous avons aussi devant nous une quinzaine d’années de cohabitation entre les différentes motorisations. Tous les constructeurs ne vont pas vendre uniquement des véhicules électriques en 2030 », souligne Romain Gillet, analyste chez IHS Markit.

En outre, dans le cadre de son nouveau plan stratégique, Renault a annoncé qu’il fabriquerait cinq nouveaux modèles de voitures hybrides E-TECH en Espagne. L’attribution de ces modèles à des usines espagnoles permettra de faire de ce pays « l’un de nos pôles les plus importants d’électrification et d’hybridation », a déclaré Luca de Meo. Concrètement, deux véhicules de type B-SUV (comme la Clio) seront confiés à l’usine de Valladolid, qui fabriquera aussi de nouveaux moteurs hybrides. Trois modèles de type C (comme la Mégane) et D-SUV (comme la Kadjar) seront fabriqués à Palencia, tandis que l’usine de Séville produira deux nouvelles boîtes de vitesses. La fabrication de ces produits débutera entre 2022 et 2024, a précisé Luca de Meo.

L’Espagne est le deuxième constructeur de voitures de l’Union européenne derrière l’Allemagne. Début mars, Volkswagen a annoncé qu’il allait fabriquer des voitures électriques à Barcelone, où le groupe prévoit d’investir cinq milliards d’euros dans ce type de véhicules via sa filiale espagnole Seat.

Sources : agences