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Société - Conférence de Bruxelles

Diab demande un soutien international au plan de son cabinet pour le "retour progressif" des réfugiés

Le ministre sortant des Affaires sociales met en garde contre un potentiel "nouvel exil" de Libanais et de réfugiés syriens vulnérables.

Diab demande un soutien international au plan de son cabinet pour le

Des réfugiés syriens emportent les biens qui leur restent après l’incendie du camp de Minieh, dans le nord du Liban, le 27 décembre 2020. Photo Ibrahim Chalhoub/AFP

Le Premier ministre libanais sortant, Hassane Diab, a appelé mardi la communauté internationale à soutenir le plan de son gouvernement pour le "retour progressif" des réfugiés syriens, rappelant que, pour Beyrouth, leur présence est "temporaire". M. Diab a fait ces déclarations lors d'une allocution à la conférence de Bruxelles portant sur l'avenir de la Syrie et de la région, dix ans après le début d'un conflit sanglant. Le pays du Cèdre accueille 1,5 millions de réfugiés syriens, d'après les autorités locales, dont moins d'un million sont enregistrés auprès des Nations unies.

Cinquante pays et des délégations d'ONG, d'institutions financières internationales et d'agences de l'ONU participaient actuellement virtuellement à la 5e édition de la "conférence de Bruxelles pour la Syrie", qui vise à lever des fonds pour soutenir ce pays ravagé par dix ans de guerre. L'objectif était de collecter plus de 10 milliards de dollars mais les donateurs internationaux se sont engagés à apporter 6,4 milliards de dollars d'aide en faveur du peuple syrien et de ses réfugiés, en nette baisse par rapport à l'année précédente et très en-deçà de l'objectif de 10 milliards fixé par l'ONU. Les promesses d'aides totalisent 4,4 milliards de dollars pour l'année 2021, ainsi que 2 milliards pour 2022 et les années suivantes, a précisé le commissaire européen Janez Lenarcic à l'issue de la conférence organisée par l'UE et l'ONU.

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"Les conditions actuelles sont particulièrement difficiles, autant pour le Liban que pour les Syriens déplacés, car nous sommes « tous dans le même bateau » et essayons de résister à la tempête, alors que le pays traverse une crise sans précédent", a déclaré M. Diab lors de son allocution, diffusée en visioconférence. Il a souligné que les répercussions de cette crise ont "aggravé le sort douloureux du peuple libanais et les souffrances persistantes du peuple syrien".

"Présence temporaire"
Remerciant "l'hospitalité généreuse et sans précédent des Libanais", il a souligné que "le séjour" des Syriens au Liban doit rester "temporaire et ne doit en aucun cas être interprété comme une intégration locale". Le Liban qui n'est pas signataire de la Convention de Genève du 28 juillet 1951 ne reconnaît pas les Syriens comme des réfugiés mais comme des déplacés. Un statut juridique qui donne à l'Etat d'accueil des obligations moindres. Le choix de ne pas implanter ces réfugiés est une "décision souveraine", a indiqué M. Diab, rappelant que l'implantation est "contraire à la Constitution libanaise", qui le stipule clairement dans son préambule.

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Le Premier ministre sortant a dès lors réclamé l'aide de la communauté internationale pour mettre en œuvre le plan approuvé en juillet 2020 par le gouvernement libanais et qui ambitionne un "retour progressif" des réfugiés syriens. Ce plan, précise M. Diab, repose sur trois principes : il ne faut pas lier le retour des réfugiés à une solution politique en Syrie (comme le prône la communauté internationale), il faut respecter les droits de l'homme et le principe de non-refoulement et il faut encore assurer un retour digne des réfugiés vers des destinations sûres. "Ce plan vise à rassurer les Libanais préoccupés par la réinstallation des Syriens dans leur pays d'une part, et à répondre aux aspirations de 89% des déplacés qui "veulent toujours rentrer chez eux", a déclaré Hassane Diab, citant une "enquête menée par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en mai 2019".

Il a encore appelé à ce que le "filet de sécurité sociale" soit renforcé au Liban, afin d'éviter qu'encore plus de Libanais ne sombrent "dans l'extrême pauvreté dans laquelle vivent déjà la majorité" des réfugiés, rappelant que la facture de l'accueil des réfugiés syriens entre 2011 et 2018 s'élève à 46,5 milliards de dollars, ce qui constitue "un fardeau pour l'économie libanaise". Et M. Diab de souligner l'importance de "s'attaquer en priorité aux tensions entre les communautés libanaises et les déplacés" qui sont liés, selon lui à "la concurrence entre eux pour des emplois non qualifiés et l'accès aux ressources telles que l'eau et l'électricité".

"Nouvel exil"
Peu avant, le ministre sortant des Affaires sociales et du Tourisme, Ramzi Moucharrafiyé, s'était exprimé lors d'une table-ronde en marge de la conférence, au cours de laquelle il avait mis en garde contre un potentiel "nouvel exil" que pourrait engendrer "l'aggravation de la vulnérabilité des communautés hôtes libanaises et des Syriens déplacés". "Face aux crises successives, nous n'avons pas pu aller au-delà d'une réponse humanitaire et proposer une réponse qui permettrait une amélioration" de la situation, a-t-il estimé. "L'aggravation de la vulnérabilité des communautés hôtes et des déplacés pourraient engendrer un nouvel exil", à la fois des Libanais et des Syriens, a-t-il mis en garde, alors qu'un rapport conjoint du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a placé le Liban dans la liste des pays menacés d'insécurité alimentaire. Le ministre a averti de "fortes tensions" entre ces deux groupes de population, en concurrence pour les emplois peu qualifiés et l'accès aux services publics - eau, électricité, éducation. Dans ce contexte, il a remercié les pays donateurs, les Nations unies et l'Union européenne et les a appelés à "poursuivre leur soutien au Liban" et à "accroître leurs investissements dans des projets d'infrastructure et agricoles pour favoriser le développement économique et les opportunités d'obtenir un emploi durable". Il a rappelé que le Liban avait le plus grand nombre de réfugiés par rapport à sa population, dans le monde. Le pays du Cèdre accueille 1,5 millions de réfugiés syriens, d'après les autorités locales. Moins d'un million d'entre eux sont enregistrés auprès du Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). Les dirigeants libanais estiment régulièrement que la crise socio-économique et financière aiguë que traverse le Liban depuis plus d'un an et demi est, au moins partiellement, due à la présence des réfugiés.

De son côté, le chef de l'Etat, Michel Aoun, avait reçu au palais de Baabda le représentant du HCR au Liban, Ayaki Ito, a qui il avait affirmé que le Liban a atteint "un stade d'épuisement en raison des répercussions de la crise" des réfugiés.

Le Premier ministre libanais sortant, Hassane Diab, a appelé mardi la communauté internationale à soutenir le plan de son gouvernement pour le "retour progressif" des réfugiés syriens, rappelant que, pour Beyrouth, leur présence est "temporaire". M. Diab a fait ces déclarations lors d'une allocution à la conférence de Bruxelles portant sur l'avenir de la Syrie et de la région, dix ans...

commentaires (2)

Autant s'occuper du retour des réfugiés, autant songer à faire avancer la solution pour une aide du fond monétaire international, en fonçant sur les réformes urgentes, puisque votre gouvernement semble persister jusqu'à la fin du mandat Aoun.

Esber

17 h 14, le 31 mars 2021

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Commentaires (2)

  • Autant s'occuper du retour des réfugiés, autant songer à faire avancer la solution pour une aide du fond monétaire international, en fonçant sur les réformes urgentes, puisque votre gouvernement semble persister jusqu'à la fin du mandat Aoun.

    Esber

    17 h 14, le 31 mars 2021

  • Si les ONG aident les réfugiés, ils ont aucune raison de rentrer chez eux. 1,5 millions + 70 mille naissances par an. ça va vite ! l'air du Liban est propice à la surnatalité et les naissances augmentent les allocations des familles !

    Shou fi

    18 h 01, le 30 mars 2021

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