La mort du Dr Mohammad Ajami, décédé hier à l’aube, après avoir attendu plusieurs heures aux urgences d’un hôpital dans le sud du pays, suscite l’émoi et relance le débat sur le refus de certains hôpitaux d’administrer des soins aux patients avant de s’assurer d’être payés. Selon plusieurs de ses proches, cet oto-rhino-laryngologiste originaire du village de Maaraké (Tyr), surnommé le « médecin des pauvres », a dû patienter au moins deux heures dans les urgences de l’hôpital Alaeddine à Sarafand, en attendant l’arrivée de son fils qui devait s’acquitter de la somme de 500 000 LL. Mohammad Ajami a été victime d’un accident de voiture, alors qu’il roulait dimanche après-midi avec un ami sur la route de Teffahta, dans le sud du pays. Âgé d’une cinquantaine d’années, il a été inhumé hier dans son village d’origine en présence de nombreux amis et militants de la société civile. Le médecin était actif au sein du Parti communiste libanais (PCL) et du soulèvement populaire du 17 octobre. Des proches du médecin, qui souffrait d’une hémorragie interne, reprochent à l’établissement d’avoir entraîné sa mort, en le faisant patienter au lieu de le soigner dès son arrivée. Une version des faits démentie par l’hôpital qui affirme avoir fait le nécessaire pour tenter de sauver le Dr Ajami.
Raëd Ataya, l’un de ses amis au sein du PCL, raconte à L’Orient-Le Jour que le Dr Ajami était toujours conscient lorsqu’il est arrivé dimanche aux urgences de l’hôpital. « Là-bas, il a commencé à ressentir des douleurs au ventre. Ils lui ont demandé 500 000 LL pour lui faire passer des tests. Son fils est ensuite arrivé et il a payé la somme requise, mais le Dr Ajami a dû attendre au moins deux heures aux urgences... Il souffrait d’une hémorragie interne, mais il ne le savait pas », se désole M. Ataya. « C’est tout le système qui est responsable de sa mort, l’hôpital et le ministère de la Santé en particulier. Il aurait dû être immédiatement examiné, s’indigne ce proche du défunt. Le Dr Ajami auscultait gratuitement ceux qui n’avaient pas les moyens de payer. C’était quelqu’un de très humain et de très engagé. Il était de toutes les manifestations, de Tyr au Akkar, en passant par la Békaa. Il était apprécié de tous. »
Démenti de l’hôpital
Moussa Haïdar, un militant de Tyr proche du médecin décédé, affirme lui aussi à L’OLJ que le Dr Ajami a dû attendre « deux heures à deux heures et demie avant d’être admis à l’hôpital, en attendant que ses proches paient les 500 000 LL réclamées par l’établissement ». « Nous avons passé la soirée à essayer de lui trouver des donneurs de sang à Beyrouth et à Saïda. Puis on nous a appelés pour nous dire qu’il était mort », raconte M. Haïdar. Cette mort tragique n’est pas sans rappeler le décès en février dernier du médecin et ancien syndicaliste Nabil Kharrat des suites du coronavirus, dont l’hospitalisation avait été retardée à cause de son incapacité à payer la somme de 30 millions de livres qui lui était réclamée par l’hôpital. Sa mort avait provoqué un tollé dans le milieu médical. Selon sa famille, le Dr Kharrat avait fait la tournée des hôpitaux avant de pouvoir être pris en charge.
Contacté par L’OLJ, le Dr Mohammad Alaeddine, chirurgien à l’hôpital Alaeddine, assure pour sa part que l’établissement a soigné le Dr Ajami avant même d’avoir été payé. « Le Dr Ajami est venu aux urgences pour se faire examiner, car il était blessé à la tête et au ventre. Il a ensuite demandé le coût des examens et a refusé de se faire ausculter en nous disant qu’il se sentait en forme, raconte le Dr Alaeddine. Il est reparti de l’hôpital après avoir signé un papier déchargeant l’établissement de toute responsabilité », ajoute le médecin. Selon lui, Mohammad Ajami est revenu à l’hôpital une demi-heure plus tard en disant avoir mal au ventre. « Nous l’avons alors immédiatement examiné sans demander d’argent, assure le Dr Alaeddine. Il souffrait d’une hémorragie interne au niveau de la rate et du foie. Nous l’avons admis en salle d’opérations vers 21 heures. Il s’est éteint dans la section des soins intensifs à 2h du matin », ajoute le praticien qui maintient que l’établissement ne savait pas que le patient était lui-même médecin. « Son groupe sanguin est B-, ce qui est assez difficile à trouver. Cela a compliqué les choses. Mais nous avons fait tout ce qu’il y avait à faire », souligne le chirurgien. L’établissement a d’ailleurs publié un communiqué dans lequel il dément avoir refusé de traiter le Dr Ajami et dans lequel il affirme que ce dernier a refusé d’être pris en charge au départ. « Tout ce qui se dit sur le fait que Mohammad Ajami n’a pas été admis pour des raisons financières est faux », affirme l’hôpital.
« Ce n’est pas vrai que le Dr Ajami a refusé d’être ausculté, assure pour sa part son ami Moussa Haïdar. Ils n’ont pas voulu l’admettre à l’hôpital à cause de l’argent. Il s’était énervé contre le personnel de l’hôpital et leur avait même demandé que la personne qui l’accompagnait lors de l’accident soit soignée avant lui. » « Sans argent, il n’aurait pas été admis tout simplement », se désole M. Haïdar, qui ajoute : « Tout le monde le pleure, des militants venus des quatre coins du pays ont assisté à ses obsèques. »
L’hôpital peut raconter n’importe quoi, dr. Mohammed Ajami est décédé et ne peut défendre sa cause ni raconter la vérité!! Dire qu’ils ont fait tout leur possible pour le sauver? Peut-être ... mais pas à temps!! Ils ont quand même perdu plus de 2h alors que c’était un cas urgent!! Tant qu’on n’a pas fait les bons examens À TEMPS on ne peut juger de l’urgence du cas!! C’est un hôpital, bon Dieu!! Si eux ne vont pas agir vite pour essayer de sauver une vie, qui va le faire??
03 h 33, le 01 avril 2021