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Économie - Électricité

Malgré le vote des avances du Trésor, les problèmes d’EDL persistent

La centrale thermique de Zahrani est à l’arrêt et le président du syndicat des propriétaires de générateurs a annoncé la hausse probable des tarifs.

Malgré le vote des avances du Trésor, les problèmes d’EDL persistent

Électricité du Liban fait aussi face à des vols qui pénalisent l’approvisionnement de certaines régions (vols de câbles au Liban-Nord ce week-end ou d’éléments métalliques sur des pylônes haute tension dans la Békaa la semaine dernière). Photo M.A.

Réunis hier, les parlementaires libanais ont approuvé le versement d’une avance de 200 millions de dollars (300 milliards de livres environ au taux officiel de 1 507,5 livres) à Électricité du Liban (EDL), qui devrait être suffisant pour répondre à ses besoins en carburant pendant deux mois. Un texte intitulé « Avance du Trésor ou obscurité » et pour lequel l’enveloppe initiale demandée par le ministère de l’Énergie et le fournisseur d’État (1 500 milliards de livres) a été revu drastiquement à la baisse, compte tenu du niveau de plus en plus inquiétant atteint par les réserves de devises de la BDL, a été adopté.

Le déblocage de ces fonds constitue en soi une bonne nouvelle pour les Libanais, à un moment où le rationnement imposé par EDL devient de plus en plus sévère, en plein contexte de crise marquée par un effondrement de la livre face au dollar (12 500 livres pour un dollar environ hier sur le marché parallèle) et de paralysie institutionnelle bloquant la formation d’un nouveau gouvernement depuis fin août 2020. Il ne permet cependant pas de résoudre les problèmes les plus immédiats que rencontre actuellement le fournisseur d’État.

Arrêt de production d’une centrale

Dans un communiqué publié dimanche soir, EDL a en effet annoncé avoir mis à l’arrêt la centrale thermique de Zahrani au Liban-Sud, suite à l’épuisement des stocks de gasoil prévus pour l’alimenter. Une pénurie liée à deux facteurs : le retard, en raison du blocage du canal de Suez depuis une semaine, d’un navire-citerne, finalement débloqué hier, en provenance du Koweït et qui devait livrer son chargement le vendredi 26 mars ; et le fait que le carburant livré il y a une dizaine de jours par un autre navire-citerne, le Histria Perla, ne serait pas conforme aux spécifications fixées par l’entreprise allemande Siemens pour le compte d’EDL.

Pour mémoire

Ghajar agite à nouveau le spectre du black-out total à fin mars

Le chargement en question a été acheté via le mécanisme de Stop Cargo, une procédure d’appel d’offres qui permet au Liban d’acheter des quantités limitées de carburant en attendant de trouver un nouveau fournisseur suite au départ de Sonatrach dans le sillage de l’affaire du fuel défectueux qui a éclaté au printemps dernier. Contactée, une source proche du dossier évoque un « différend » entre la direction d’EDL et celle des installations pétrolières au sein du ministère de l’Énergie et de l’Eau. « Personne ne veut prendre la responsabilité d’accepter une cargaison de fuel non conforme après l’affaire Sonatrach, et c’est pour cela que l’avis de Siemens a été sollicité », a explicité la source, confirmant la mise hors service des « 400 mégawatts déployés à Zahrani », soit environ un quart des capacités totales actuelles, selon nos estimations. Siemens demande à ce que le gasoil soit testé selon une méthode particulière, intitulée « ASTM D381 », soit un des trois procédés principaux pour vérifier la quantité de gomme contenue dans le carburant, selon l’entreprise autrichienne Anton Paar qui produit du matériel spécialisé pour les laboratoires. La teneur en gomme correspond aux résidus des carburants qui ne peuvent pas s’évaporer. Mais le bureau Veritas, établi aux Émirats arabes unis et à qui EDL fait appel pour tester le carburant, juge que la méthode préconisée par Siemens ne peut être appliquée pour le gasoil. Le verdict est suspendu à la réponse de Siemens qui a été à nouveau sollicité pour fournir « ses recommandations et le mécanisme utilisé pour appliquer la méthode de test », souligne EDL dans son communiqué. « Nous espérons que cette situation sera réglée dans les prochains jours. Mais il n’y a pas de risque de black-out complet d’ici là », a assuré la source proche du fournisseur.EDL a en outre précisé dans son communiqué que le Histria Perla n’avait toujours pas déchargé sa cargaison et que les « procédures bancaires » visant à régler la facture « n’ont pas été finalisées ». Les autres centrales continuent pour l’instant de fonctionner, y compris les deux navires-centrales que l’État loue depuis 2013 à l’opérateur turc Karadeniz via la filiale Karpowership, et qui sont stationnés sur les sites de Zouk (Kesrouan) et Jiyé (Chouf). Contactée, la direction du fournisseur n’a pas répondu à nos questions.Mais même en dehors de la question du carburant, des vols de câbles (Liban-Nord ce week-end) ou d’éléments métalliques sur des pylônes haute tension (dans la Békaa la semaine dernière), les problèmes s’accumulent pour EDL. Un responsable de Karporwership, Ralph Fayçal, et deux intermédiaires, Fadel Raad et Hassan Amhaz, ont par exemple été récemment appréhendés par les autorités dans le cadre d’une enquête sur des faits de corruption. Le dirigeant de la filiale était toujours détenu hier. Son avocat, Me Boutros Doumit, a lui dénoncé dans un communiqué il y a dix jours une procédure lancée sur fond « d’une campagne médiatique délibérée et systématique de la part de certains médias », ajoutant que les poursuites avaient été menées sur la base d’enregistrements fabriqués et montés par des détracteurs dans l’intention de faire du chantage. Karpowership a rappelé que l’État libanais lui devait plusieurs dizaines de millions de dollars d’arriérés dus au titre de l’exploitation des barges.

Générateurs

Il ne s’agit d’ailleurs pas de la seule ardoise qu’EDL et le Liban possèdent auprès des prestataires du fournisseur d’électricité. C’est une facture du même ordre que réclamait il y a encore moins d’un mois la société américaine Primesouth, qui opère pour le compte de l’établissement public, celui des centrales de Deir Ammar (Liban-Nord) et Zahrani. Aucune information concernant le règlement définitif de la situation n’a pour l’instant été formellement annoncée, malgré les tractations lancées. L’opérateur, qui avait initialement prévu de lever les voiles à la mi-mars en l’absence de proposition crédible de règlement lui permettant de se faire payer et de prolonger son contrat d’un an comme le lui a demandé EDL, était encore aux commandes des centrales dont il a la charge, selon nos informations.

La hausse du rationnement abandonne une fois de plus les Libanais aux mains des propriétaires de générateurs privés. Ces prestataires illégaux mais tolérés qui pallient le déficit chronique de production du fournisseur d’État depuis des décennies dans tout le pays – sauf à Zahlé, où la concession locale assume ce rôle – ont en effet menacé à plusieurs reprises ces dernières années de rationner, eux aussi, la production de courant, généralement pour tenter de forcer le ministère de l’Énergie à majorer les tarifs qu’il leur impose.

Dans une déclaration à la Voix du Liban hier, le président de leur syndicat a annoncé que la filière fournissait 22 heures de courant par jour et que le prix du kilowattheure allait atteindre 1 000 livres (contre 730 actuellement) en raison de l’inflation des prix du mazout. Il se vend cette semaine à 28 000 livres les 20 litres selon le dernier ajustement, un prix en nette hausse depuis le début de l’année comme ceux de l’ensemble des carburants, sur fond de dépréciation de la livre et de levée progressive des subventions sur l’achat de dollars dont bénéficient leurs importateurs. Dans le Hermel (nord de la Békaa), les propriétaires de générateurs ont annoncé qu’ils coupaient leurs unités de production jusqu’à nouvel ordre en invoquant la hausse du rationnement et l’inflation, au-delà des limites autorisées par le ministère, des prix du mazout vendus dans cette région.

Réunis hier, les parlementaires libanais ont approuvé le versement d’une avance de 200 millions de dollars (300 milliards de livres environ au taux officiel de 1 507,5 livres) à Électricité du Liban (EDL), qui devrait être suffisant pour répondre à ses besoins en carburant pendant deux mois. Un texte intitulé « Avance du Trésor ou obscurité » et pour lequel...

commentaires (2)

Ils ne veulent pas laisser les citoyens reprendre leur souffle, ce sera très dangereux pour les politiciens et leur alliés vendus. Ils continueront à serrer l’été au jusqu’à ce que n’importe quelle solution aussi minime qu’elle soit proposée les citoyens se sentiraient privilégiés puisqu’on leur avait promis le noir total et la fin du monde.

Sissi zayyat

21 h 18, le 30 mars 2021

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Commentaires (2)

  • Ils ne veulent pas laisser les citoyens reprendre leur souffle, ce sera très dangereux pour les politiciens et leur alliés vendus. Ils continueront à serrer l’été au jusqu’à ce que n’importe quelle solution aussi minime qu’elle soit proposée les citoyens se sentiraient privilégiés puisqu’on leur avait promis le noir total et la fin du monde.

    Sissi zayyat

    21 h 18, le 30 mars 2021

  • L,EDL EST UN TROU BEANT QUE MEME SI ON VERSAIT L,EAU DE TOUS LES OCEANS ELLE NE LE REMPLIRA PAS.

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    10 h 57, le 30 mars 2021

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