Au lendemain d'une nouvelle dépréciation record de la livre libanaise, les prix de l'essence, revus chaque mercredi, ont enregistré une flambée ce matin, une énième mauvaise nouvelle pour une population déjà éprouvée par une grave crise socio-économique.
Le représentant des distributeurs de carburant, Fady Abou Chakra, a ainsi annoncé que le prix des 20 litres d'essence 95 et 98 octane passent respectivement à 38.900 LL et 40.000 LL, soit une hausse de plus de 4.000 livres en une semaine. Les 20 litres de diesel ont, eux, augmenté de 3.300 livres pour atteindre un coût de 27.700LL et la bonbonne de gaz coûte désormais 28,100LL, en augmentation de 2.300LL par rapport à la semaine dernière.
Ces dernière semaines, l'essence 98 octane était quasi introuvable dans les stations qui ont cessé de l'importer. "Il n'y a plus d'importation d'essence 98 octane. Les stations vont vendre les stocks qui leur restent", a confirmé M. Abou Chakra dans un entretien à la chaîne al-Jadeed. Il a en outre affirmé que les livraisons reprendront dans les stations du Liban-sud, après un arrêt de plusieurs jours qui a provoqué la panique des automobilistes et des files d'attente monstres. En début d'après-midi, les stations du Sud ont en effet rouvert, selon notre correspondant Mountasser Abdallah. À Tyr, de longue files d'attente se sont formées devant certaines stations. Certaines ont fermé leurs portes après que des disputes ont éclaté entre les clients.
Fixés chaque mercredi par le ministère de l’Énergie et de l’Eau, les prix de l’essence n’ont cessé de grimper ces dernières semaines. Ils atteignaient la semaine passée 34 800 et 35 800 livres libanaises respectivement pour les 20 litres d’octanes 95 et 98. Des prix déterminés à la fois par la conjoncture mondiale du prix du baril de pétrole, dernièrement en hausse et tournant hier autour des 70 dollars, ainsi que par le taux de change de la livre qui n’a cessé de fluctuer ces derniers jours pour dépasser hier la barre des 15.000 livres le dollar sur le marché noir. Une dépréciation qui accroît l'hyperinflation des prix dans un Liban englué dans de multiples crises et plonge davantage encore la population libanaise dans l'incertitude et la paupérisation, alors que plus de la moitié d'entre elle vit déjà sous le seuil de pauvreté.
Baisse des subventions
Le Premier ministre sortant, Hassane Diab, a annoncé mardi que les subventions assurées par la Banque du Liban (BDL) sur certains produits, comme le carburant, ne pourraient pas se poursuivre après le mois de mars, tandis que celles sur les autres produits ne pourraient être assurées que jusqu'en juin. La Banque centrale subventionne le blé, le carburant, les médicaments et le matériel médical au taux officiel de 1.507 livres libanaises pour un dollar, puisant pour cela dans ses réserves en devises.
Le ministre sortant des Finances Ghazi Wazni a, pour sa part, déclaré à Bloomberg que le gouvernement planchait sur une réduction "dans les prochaines semaines" de la proportion de dollars subventionnés fournis par la BDL pour les importations d’essence et de mazout et qui passeraient dans un futur proche de de 90 % à 85 %. Toujours selon Ghazi Wazni, la BDL n’a plus que "16 milliards de dollars" de réserves soit "1 à 1,5 milliard" qui peuvent être alloués aux subventions pour encore "deux ou trois mois".
commentaires (4)
Et pendant ce temps, les produits subventionnés contiennent à partir en Syrie avec l'accord tacite du pouvoir !
Yves Prevost
14 h 43, le 17 mars 2021