Aoun accepte d'allouer 40 millions de dollars d'un prêt de la BM à la réhabilitation du port

Le chef d'Etat, Michel Aoun, a accepté d'allouer 40 millions de dollars provenant d'un prêt accordé par la Banque mondiale (BM) à la réhabilitation du port de Beyrouth et, entre autres, à l'évacuation des décombres et de conteneurs de matières dangereuses. Cette annonce, faite par le ministre sortant des Travaux publics et des Transports, Michel Najjar, à l'issue d'une réunion à Baabda, intervient alors que l'entreprise allemande CombiLift attend depuis plusieurs semaines que l'Etat lui verse son dû pour l'évacuation vers l'étranger de plusieurs conteneurs de ces matières toxiques. 

Le Liban avait été secoué le 4 août 2020 par une immense explosion au port qui avait fait plus de 200 morts et au moins 6.500 blessés. La gigantesque déflagration avait ravagé des quartiers entiers de la capitale. Selon les autorités, l'explosion a été provoquée par l'incendie d'une grande quantité de nitrate d'ammonium stockée sans mesure de précaution dans le port depuis 2013.

Lors d'une réunion consacrée au port de Beyrouth, plus de sept mois après les explosions meurtrières, le président Aoun a insisté sur "la nécessité de prendre des mesures pour mettre fin au danger exacerbé posé par les décombres et les matériaux qui y sont stockés". Le ministre Najjar a de son côté indiqué, à l'issue de la réunion, que le chef de l'Etat avait "donné son accord préliminaire pour allouer une partie d'un prêt de la BM pour le financement de la reconstruction et réhabilitation du port et l'évacuation de conteneurs de matières dangereuses". "Nous avons demandé à ce que 40 des 295 millions de dollars de la BM servent à nettoyer le port, retirer les gravats et plancher sur la reconstruction", a affirmé le ministre sortant. "Une entreprise française mène actuellement une étude pour trouver le meilleur moyen de retirer ces décombres", a-t-il ajouté. Le prêt auquel fait référence M. Najjar avait été octroyé en 2018 au Liban afin de développer le secteur des transports.

Le Liban avait signé le 11 novembre 2020 un contrat avec l'entreprise allemande Combi Lift pour traiter les matières se trouvant dans 52 conteneurs à l'abandon dans le port depuis plus de dix ans, dont certains contenaient des acides corrosifs. Combi Lift doit désormais transporter ces matières chimiques dans des conteneurs spéciaux, dans le cadre d'un contrat de 3,6 millions de dollars, dont 2 millions de dollars payés par l'autorité portuaire, avaient affirmé en novembre des médias locaux.

Peu après la réunion de Baabda, le bureau de presse du Premier ministre sortant Hassane Diab a annoncé dans un communiqué que "le crédit documentaire a été ouvert en faveur de Combi Lift, lui permettant de transporter les conteneurs de matières dangereuses qui ont été collectés dans le port de Beyrouth, hors du Liban, en application du contrat signé avec la compagnie".

Le président de la République a également donné des directives pour que soient établies des "études juridiques, économiques, financières et techniques" sur la reconstruction du port. "Une partie du prêt de la BM sera réaffectée pour lancer un nouveau processus de préparation d'un cahier des charges pour la reconstruction du port", a dans ce cadre annoncé M. Najjar. "Avant qu'une entreprise, un Etat ou même la BM ne nous aide dans ce processus, nous devons décider du type de port que nous voulons", a-t-il ajouté.