Après avoir rendu hommage au Liban et ses origines dans son premier ouvrage Au bonheur de Yaya, paru en 2014 aux éditions Tamyras, le journaliste et écrivain Zahi Haddad fait le portrait de Genève à travers 126 personnalités ou comme il les a appelés 126 battements de cœur paru aux éditions Slatkine.
Vous êtes installé à Genève depuis quelques années. Est-ce que vous aviez voulu écrire cet ouvrage en signe de reconnaissance pour ce pays d’accueil ?
126 battements de cœur est un hommage au multiculturalisme de Genève, aux Genevois de toutes les origines qui s’installent au bord du lac Léman depuis plusieurs siècles et qui animent cette place internationale unique, hôte d’une vingtaine d’organisations internationales et de plus de 700 organisations non gouvernementales. C’est aussi un hommage à l’universalisme qui sous-tend chaque histoire contenue dans le livre. Mon point de départ a été le centième anniversaire de la Société des nations, l’ancêtre de l’ONU, qui a été célébré le 15 novembre 2020. Ayant vécu l’essentiel de ma vie à Genève, l’idée de ce livre m’est apparu comme une évidence, comme il était évident d’écrire sur le Liban et mes origines dans mon premier livre Au bonheur de Yaya, paru en 2014 aux éditions Tamyras.
Ce livre fait le tour de la planète et raconte des histoires de personnes venues des quatre coins du monde pour s’installer à Genève. D’après quels critères avez-vous choisi ces portraits ?
Je souhaitais rencontrer des personnalités indépendantes, issues de la société civile et à l’origine d’un projet original qui fait rayonner Genève à l’international. Les nationalités d’origine m’ont également guidé, puisqu’il y en a environ 185 à Genève dont l’apport culturel et intellectuel est passionnant et synonyme d’une extraordinaire ouverture sur le monde. Les Libanais y sont nombreux et très actifs. D’ailleurs, le plus jeune des « battements de cœur » est un Libanais de seize ans qui a déjà un extraordinaire rayonnement international.
Chacune des personnes que j’ai réunies m’a inspiré et apporté des pistes de réflexion sur moi-même et sur la marche du monde. Sur les options que nous avons pour apporter un changement « positif » à l’humanité. Autant de critères fondamentaux dans ma démarche qui ont révélé les valeurs fondamentales que sont l’altérité et l’altruisme, catalyseurs de la plupart des « 126 ». Ainsi, chacun se projette vers ses contemporains et fournit une expertise quel que soit son domaine d’activité : la mise en place d’une éducation de qualité, la promotion des droits humains ou de l’égalité des droits, la promotion de la paix par la musique, la danse ou la peinture. Tous sont exemplaires, habités par leur mission de vie qu’ils partagent. Raconter toutes ces histoires a été un extraordinaire bonheur.
Ces parcours sont-ils édifiants pour les générations montantes ? Sont-ils des leçons de vie ?
Effectivement, je pense que ces 126 cheminements sont autant de sources d’inspiration pour changer les choses. Pour les « jeunes » et pour les moins jeunes. Ils nous montrent que tout est possible. Se recentrer sur soi-même et s’amender. Jouer un rôle complémentaire à celui des organisations onusiennes et d’institutions plus « classiques ». Provoquer une réflexion profonde sur ce que nous faisons de notre humanité et de notre planète.
La société civile libanaise est un exemple de cette force, à l’instar de ce qui se passe dans de nombreux pays. Nos aspirations d’humains se ressemblent. Grâce aux « 126 », j’ai découvert le travail de personnalités flexibles, dynamiques, capables de s’adapter aux réalités du terrain sur lequel elles œuvrent, que l’on parle de contraintes géographiques ou de cultures différentes des nôtres qu’il faut prendre en compte et mettre en avant afin de ne rien imposer.
Combien de temps cette enquête a-t-elle nécessité ?
J’avais dix mois pour mener le projet jusqu’à la date anniversaire du 15 novembre 2020. Pour trouver mes principaux interlocuteurs, j’ai rencontré plusieurs centaines de personnes, des représentants d’associations, d’organisations internationales et non gouvernementales, d’institutions publiques, économiques, académiques, culturelles, scientifiques. Une période absolument passionnante qui m’a permis d’enrichir mon regard et ma compréhension de Genève. En parallèle, j’ai suivi de près le travail photographique d’Aurélien Bergot que, d’ailleurs, je remercie. Il devait également raconter des histoires, suggérer des parcours personnels, tout en faisant la part belle à Genève.
En attendant qu’une librairie libanaise accueille cet ouvrage, on peut commander la version française ou anglaise sur : www.slatkine.com ou
www.amazon.com
Rendez-vous
« De Genève à Beyrouth, multilatéralisme, multilinguisme et francophonie », c’est sous cet intitulé qu’une rencontre en ligne autour de l’ouvrage de Zahi Haddad 126 battements de cœur aura lieu le mardi 23 mars à 18h00 (Beyrouth) avec l’ambassadrice de Suisse au Liban Monika Schmutz Kirgöz, Delphine Minoui (journaliste, correspondante du Figaro au Moyen-Orient), Malaké Chaoui (directrice de la librairie francophone Antoine) ainsi que l’auteur Zahi Haddad.
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