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Politique - Crise au Liban

Raï : Il est inconcevable de cautionner des armes autres que celles de l'armée libanaise

"Nous ne comprenons pas comment le pouvoir transforme l'Etat en l'ennemi de son peuple", s'indigne le chef de l'Eglise maronite.

Raï : Il est inconcevable de cautionner des armes autres que celles de l'armée libanaise

Le patriarche maronite, Mar Béchara Boutros Raï, célébrant la messe dominicale devant des fidèles, le 14 mars 2021. Photo ANI

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a une nouvelle fois critiqué dimanche sans le nommer le Hezbollah, seul parti à encore détenir des armes après la fin de la guerre civile en 1990. Le prélat a ainsi estimé qu'il était inconcevable de cautionner des armes illégales, estimant que seule l'armée libanaise devait en avoir le monopole. 

Cette critique au parti chiite intervient alors qu'un dialogue entre le patriarcat maronite et la formation dirigée par Hassan Nasrallah est en cours, et au moment où les relations entre les deux pôles sont au plus bas du fait de divergences autour de questions stratégiques. En effet, le chef de l'Eglise maronite prône sans cesse la neutralité du Liban et appelle à la tenue d'une conférence internationale sous l'égide de l'ONU pour se pencher sur un Liban embourbée dans la pire crise socio-économique de ses trente dernières années. Ces appels du patriarche irritent fortement le Hezbollah et ses alliés.

"L'armée de la démocratie"

"Comme nous comprenons la colère du peuple, nous comprenons aussi celle de l'armée. Car celle-ci est issue de la population et il est inconcevable de la mettre en confrontation avec le peuple", a estimé Mgr Raï, lors de son homélie du dimanche. Lundi, le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, avait exprimé sa frustration et sa colère à l'encontre des responsables politiques du pays, leur demandant ce qu'ils comptaient faire pour résoudre les crises qui n'épargnent pas l'armée qui voit son budget de plus en plus réduit.

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"L'armée est la force légitime chargée de défendre le Liban. Il est inconcevable de justifier ou de couvrir des armes illégales à côté des siennes," a martelé Mgr Raï, dans une allusion à peine voilée à la présence armée du Hezbollah. Lors d'un rassemblement populaire à Bkerké, le 27 février dernier, le prélat avait profité de cette occasion pour critiquer les armes du parti chiite, toujours sans le nommer.

"L'armée est celle de toute la nation libanaise, personne n'a le droit d'en faire l'armée du pouvoir. L'armée est celle de la démocratie. Personne n'a le droit d'en faire une armée de répression. L'armée, dans toutes ses composantes, est le symbole de l'union nationale. En la protégeant, nous protégeons la patrie, sa souveraineté et sa neutralité positive (...)", a ajouté Mgr Raï. Il critique ainsi les autorités au pouvoir qui avaient demandé à la troupe, lundi, de rouvrir les routes bloquées pas des manifestants en colère.

"L'espoir de demain"

Béchara Raï a profité de son homélie pour s'adresser aussi aux manifestants qui battent le pavé à nouveau ces dernières semaines, après une stagnation de la révolte populaire déclenchée le 17 octobre 2019. "Les jeunes révolutionnaires sont l'espoir de demain. Nous les appelons à unifier leurs rangs, à harmoniser leurs revendications et à rendre indépendant leur mouvement pour que leur révolution soit prometteuse et constructive", a demandé le prélat. "Peut-être alors pourront-ils exhorter les responsables politiques et les dirigeants au pouvoir à former un gouvernement d'exception, capable de faire des réformes, travaillant à sauver le Liban et non à défendre des intérêts personnels, partisans et confessionnels", a-t-il lancé, au moment où le pays reste sans gouvernement depuis sept mois, en raisons d'un bras de fer politique entre le président de la République, Michel Aoun, et le Premier ministre désigné, Saad Hariri.

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Toutefois, le patriarche s'est dit opposé aux blocages de routes par les protestataires, les appelant à privilégier des manifestations sur les places publiques, et ce afin d'éviter tout affrontement avec l'armée ou la police. Son appel intervient après plusieurs accidents de la route mortels provoqués par ces blocages.

Le patriarche a en outre estimé que "la population est prise en otage des luttes de ceux qui sont au pouvoir. Ceux-ci ne l'ont pas libéré en dépit de tous les appels internationaux et secours populaires - comme s'ils avaient perdu toute conscience nationale et toute compassion". "Nous ne comprenons pas comment le pouvoir transforme l'Etat en l'ennemi de son peuple", s'est encore indigné le patriarche, rappelant que "l'Etat trouve la justification de son existence dans la nécessité d'assurer le bien commun" et que "le pouvoir est chargé de (...) réaliser les aspirations et droits fondamentaux de la nation, sans satisfaire des intérêts personnels ou partisans ."

"Si les responsables ne sont pas en mesure de s'asseoir ensemble pour aborder les points de discorde qui se sont accumulés jusqu'à l'explosion finale que nous connaissons, il est nécessaire de recourir à une conférence internationale parrainée par les Nations unies", a enfin demandé le patriarche.

"Néron"

Le métropolite de Beyrouth, Mgr Élias Audi, a lui aussi vertement tancé les responsables politiques lors de son homélie. "Nos responsables ont fait jeûner les gens de force et les ont affamés. C'est du terrorisme. La famine tue", a-t-il dénoncé. "Quel pays peut persister sans gouvernement ? Qu'attendons-nous pour contrôler les frontières, arrêter la contrebande et préserver l'argent des gens, alors que le pauvre citoyen ne trouve pas de quoi survivre ? Quel prix le peuple doit-il encore payer pour que les responsables assument leurs responsabilités ? La situation du pays est tragique et vous le regarder brûlez comme Néron. Oubliez vos intérêts et vos ambitions !", a lancé le métropolite de Beyrouth.

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a une nouvelle fois critiqué dimanche sans le nommer le Hezbollah, seul parti à encore détenir des armes après la fin de la guerre civile en 1990. Le prélat a ainsi estimé qu'il était inconcevable de cautionner des armes illégales, estimant que seule l'armée libanaise devait en avoir le monopole. Cette critique au parti chiite intervient...

commentaires (9)

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Eleni Caridopoulou

19 h 27, le 14 mars 2021

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Commentaires (9)

  • ???????????????

    Eleni Caridopoulou

    19 h 27, le 14 mars 2021

  • L’armée d’usurpation chez nous est l’armée iranienne le rempart de l’Iran alors qu’ils aillent faire leur guerre pour défendre leurs droits au nucléaire en Iran. Les libanais n’en ont rien à cirer de qui gagnera à la fin. Les citoyens libanais ne sont pas disposés à faire les frais pour voir les mollahs a l’aise dans leurs négociations.

    Sissi zayyat

    18 h 47, le 14 mars 2021

  • Monseigneur, certains libanais continuent à croire que les armes de la milice chiite sont là pour défendre le Liban alors que depuis que ces gens sont armés sur notre sol après les palestiniens, ils ne apportent que des guerres et des crimes. Alors il faut peut être leur expliquer que le Liban avant HB existait et n’a jamais été envahi ni vaincu par qui que ce soit et que cette armée vendue sur notre sol ne veut que notre malheur, notre pauvreté et la destruction et pays. Sinon ça se saurait depuis le temps qu’ils ont usurpé le pouvoir.

    Sissi zayyat

    18 h 44, le 14 mars 2021

  • L’armée libanaise est le rempart de l’Etat libanais. L’armée iranienne est le rempart de l’Etat iranien. L’armée du Hezbollah est le rempart de qui et de quoi ??

    Un Libanais

    18 h 18, le 14 mars 2021

  • Je suis ouvert à tous les points de vue, cependant de quelle armée parle-t-on ? Celle équipée volontairement de lance-pierres par les parrains de ceux qui vocifèrent contre le Hezbollah ? Je peux comprendre ceux qui exigent le désarmement du Hezbollah et je me joindrai a eux quand les USA et Co, puisqu’ils interdisent au Liban de s’équiper ailleurs, accepteront de livrer à notre valeureuse mais inoffensive armée, des armes permettant une vraie défense du territoire (anti aérienne et autres) nationale et pas seulement contre d’autres libanais mais surtout contre les prédateurs aux frontières qui nous entourent...En attendant tous ces discours ne sont que réthorique stérile et tendancieux....

    EL RIZ Mohamed

    17 h 00, le 14 mars 2021

  • Un journaliste, sinon historien, pourrait dans vos colonnes publier l'histoire de cette drôle d'armée Libanaise et les circonstances du refus de l'offre de financement (ou étais-ce une provocation?) du Roi Saud, pour équiper cette bien curieuse armée Libanaise volontairement sous-équipée ? Il faut bien inventer un faux ennemi et affaiblir cette armée pour promouvoir le Hezbollah en protecteur contre ceux qui ennemi ne le sont, contraints et forcés à l'auto-défense, sinon à anticiper pour mieux prévenir. Racontez-la nous l'histoire de cette armée fantôme impuissante face à toutes sortes de milices, selon les périodes. L'ennemi n'est pas celui que vous vociférez à tort et à travers, il est à l'intérieur. Impatiente de vous lire.

    Lillie Beth

    16 h 09, le 14 mars 2021

  • Que souhaite le Patriarche : l'élection du président de la république au suffrage universel ? Nie-t-il son élection parfaitement légale et légitime selon la Constitution et les modifications des Accords de Taëf. La formation du gouvernement une fois le président de la république pas seulement désigné et installé en conformité à la procédure prévue par la Constitution, ne supprime pas les prérogatives du président de la république sur la proposition du choix du Cabinet par le Premier ministre avant sa présentation à la Chambre des députés pour homologation C'est bien la lettre et l'esprit de la Constitution même après les Accords de Taëf. C'est le refus de cette procédure qui bloque la formation urgente du gouvernement.

    dintilhac bernard

    15 h 52, le 14 mars 2021

  • " Il est inconcevable de cautionner des armes autres que celles de l'armée libanaise". C'est une évidence...sauf pour le président de la république ( un comble!) et son gendre "L'armée est celle de toute la nation libanaise, personne n'a le droit d'en faire l'armée du pouvoir" . Je me souviens d'un ministre de la Défense qui avait prononcé cette hérésie, à la base de toutes les dictatures : "L'armée est au service de l'État "! Non monsieur ! L'armée est au service de la Nation et de la Patrie. L'utiliser pour défendre l'État contre la Nation, comme veut le faire le pouvoir est une monstruosité et son chef a 1000 fois raison de s'insurger.

    Yves Prevost

    15 h 25, le 14 mars 2021

  • PATRIARCHE RAI, RESTEZ SUR VOTRE POSITION. REPUDIEZ LES PROMESSES ET REFUSER LES INTIMIDATIONS ET LES MENACES DE GUERRE CIVILE. RIEN NE POURRAIT ETRE PIRE QUE CE QU,IL EN EST AUJOURD,HUI. LES LIBANAIS AFFAMES SONT DEVENUS DES MENDIANTS PAS SEULEMENT LES RESIDENTS MAIS CEUX DE LA DIASPORA AUSSI QUI ONT PERDU TOUTES LEURS ECONOMIES INVESTIES AU LIBAN. VAGUEZ SUR VOTRE PROJET D,INTERNATIONALISATION QUI FAIT PEUR AUX MERCENAIRES ET A LEUR PARAVENT. LE TOCSIN SONNE DEJA POUR EUX. INCHALLAH LE GLAS SONNERA PROCHAINEMENT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 08, le 14 mars 2021

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