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Au Liban, le journalisme d’investigation dérange

Au Liban, le journalisme d’investigation dérange

Riad Kobeissi (g.) et Riad Tawk sur le plateau de la MTV lors de l’émission « Bi essm el-chaab », mercredi soir. Capture d’écran

Mercredi soir, Riad Tawk a invité sur son plateau, dans le cadre de son émission Bi essm el-chaab, son collègue Riad Kobeissi, chroniqueur à la tête de sa propre émission sur al-Jadeed, Yaskout hekm el-fassed, dans une rencontre attendue par les téléspectateurs qui ne font plus confiance au système judiciaire défaillant à l’image du pays. Deux journalistes d’investigation, des ténors dans le domaine, décident de se pencher ensemble sur le dossier de l’explosion du 4 août au lieu de se livrer à une concurrence acharnée, au grand dam des politiciens qui se lancent la balle quant à la responsabilité de l’explosion du nitrate d’ammonium au port de Beyrouth. Les deux jeunes gens, qui ont mené chacun de son coté sa propre enquête depuis le début de la polémique, avancent des indices clairs sur la responsabilité de différentes personnes en poste à l’époque et occupant des postes-clés dans la fonction publique ou au sein de l’administration et en lien direct avec l’affaire du port. Les deux Riad, comme les ont appelés amicalement les téléspectateurs dans leurs tweets, ont encore une fois décortiqué le déroulement de leurs investigations respectives, recoupant cette fois-ci leurs informations en direct, exposant ainsi la défaillance et le laxisme d’un État comateux en insistant sur la nécessité d’informer et de communiquer avec les blessés, les sinistrés et les familles des victimes et d’effectuer une enquête transparente. Dès l’annonce de cette émission, le journaliste de Bécharré (Riad Tawk) a subi une campagne ciblée ou plutôt un procès d’intentions l’accusant de vouloir saboter les investigations officielles et d’être à l’origine d’un complot quelconque.

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Des accusations auxquelles le journaliste a répondu sur son compte Twitter en accusant les parties dérangées par ce genre d’émission d’être des complices du système politico-judiciaro-policier œuvrant dans le sens de l’étouffement du droit des victimes d’une des plus grandes explosions de l’histoire de l’humanité. Le journaliste a mis en exergue d’ailleurs le fait qu’à chaque fois qu’un fil conducteur est dénoué, un événement survient ou une excuse est utilisée empêchant la poursuite de l’affaire. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé avec le juge Fadi Sawan qui a été finalement dessaisi du dossier d’une manière surréaliste, ce qui a suscité la colère dans la rue et un dégoût à l’égard d’un système judiciaire considéré comme faible face aux interventions politico-sécuritaires. Il est clair que ce genre de journalisme et de journalistes connus pour leur persistance et leur rigueur commence à déranger la classe politique et le système policier. Les deux journalistes ont pourtant effectué avec leur équipe des recherches minutieuses dans les couloirs des différents ministères en remontant vers la source de tous les courriers entre les différentes parties concernées par la gestion de la cargaison de nitrate d’ammonium déchargée dans les hangars du port depuis 2014.


Le tweet de Riad Tawk à la veille de son émission.

Leur travail devient très délicat actuellement, à l’ombre d’un système qui ne manque pas de mettre des bâtons dans les roues à toute personne à la recherche de la vérité dans une affaire qui dépasse clairement les capacités et la bonne foi d’un juge malgré toute l’honnêteté et le courage dont il peut être pourvu. « Le port de Beyrouth est singulier et exceptionnel en tant que symbole et axe de la corruption sur la planète Terre », explique Riad Kobeissi en direct à son collègue qui est habitué à baigner dans ce genre de bourbiers et ne semble pas hésitant, malgré toutes les menaces directes ou indirectes. La menace la plus récente étant l’assassinat de l’intellectuel et activiste Lokman Slim, dont certaines théories, fondées certes sur des rumeurs, associent son meurtre à l’explosion du 4 août. Un assassinat toujours dans les mémoires, montrant la détérioration des droits de l’Homme et le danger qui guette les journalistes dans un pays qui prétend défendre la liberté d’expression. 

Mercredi soir, Riad Tawk a invité sur son plateau, dans le cadre de son émission Bi essm el-chaab, son collègue Riad Kobeissi, chroniqueur à la tête de sa propre émission sur al-Jadeed, Yaskout hekm el-fassed, dans une rencontre attendue par les téléspectateurs qui ne font plus confiance au système judiciaire défaillant à l’image du pays. Deux journalistes d’investigation, des...

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