Le siège patriarcal maronite a estimé à 15 000 personnes la foule qui s’est rassemblée samedi à Bkerké pour soutenir la campagne patriarcale en faveur de la neutralité du Liban et d’une conférence internationale consacrée à la crise intérieure, sous les auspices des Nations unies. Toutes les chaînes de télévision, y compris la NBN, proche de Nabih Berry, ont retransmis des images du rassemblement et le discours du chef de l’Église maronite, à l’exception des chaînes al-Manar (Hezbollah) et LBCI.
Devant une foule exubérante, voire bruyante, le chef de l’Église maronite a prononcé calmement un discours vigoureux à l’encontre de ceux qui « paralysent les institutions » du pays, appelant à la « libération de l’État », maintenant que « le territoire a été libéré ». Le patriarche a clairement affirmé qu’il n’a lancé son appel à l’aide internationale qu’en désespoir de cause, après avoir constaté que tous les canaux internes du dialogue étaient coupés, et que le désaccord sur les prérogatives respectives du chef de l’État et du président du Conseil avaient paralysé la formation du gouvernement et menaçaient les institutions de « désintégration ».
Introduit par une harangue d’appui de Marie-Ange Nohra, une activiste proche de la contestation populaire du 17 octobre 2019, dont le groupe « La thaoura est femme » est à l’origine de l’appel au rassemblement, le patriarche a notamment répondu aux critiques indirectes que lui adresse le Hezbollah, qui rejette le principe même de l’« internationalisation » de la résolution de la crise interne.
L’objectif de la conférence internationale n’est pas « le déploiement de soldats et de militaires, ni une atteinte au pouvoir décisionnel libanais », a-t-il insisté.
Un coup d’État en bonne et due forme
« Vous qui êtes venus de tout le Liban, de tous âges, malgré les dangers du coronavirus, pour soutenir deux propositions, celle de la neutralité et celle d’une conférence internationale pour le Liban sous les auspices de l’ONU, vous êtes venus demander le salut du Liban », a lancé le patriarche maronite, expliquant à nouveau que « le non-respect de la neutralité est la cause unique de toutes les crises et guerres que le pays a traversées ». « À chaque fois que le Liban a suivi un axe régional ou international, le peuple s’est divisé et les guerres se sont déclenchées », a-t-il répété, affirmant vouloir donner au concept de neutralité un « caractère constitutionnel ».
Le chef de l’Église maronite n’a pas hésité à affirmer que le Liban est en fait confronté à « un coup d’État en bonne et due forme, contre son peuple et contre le pacte national ». Et de souligner que la conférence internationale qu’il appelle de ses vœux vise à « consolider la stabilité et l’identité du Liban, la souveraineté de ses frontières, et son attachement à la liberté, à l’égalité et à la neutralité ».
Réfugiés palestiniens et déplacés syriens
Réclamant un plan rapide « contre l’implantation des Palestiniens et pour le retour des déplacés syriens », Béchara Raï a affirmé qu’il « n’existe pas d’État avec deux pouvoirs en son sein, ni avec deux armées ou deux peuples », ajoutant que la solution qu’il propose vise « l’ensemble des Libanais et non une partie ».
« Je comprends votre colère et votre révolution. Ne vous taisez pas face à la pluralité des allégeances, face à la corruption, face aux violations aériennes, à l’échec de la classe politique, aux mauvais choix, à l’alignement, à la dilapidation de votre argent, au désordre dans l’enquête sur l’explosion au port, à la politisation de la justice, aux armes illégales et non libanaises, à la détention des innocents et la libération des coupables. Ne vous taisez pas face à l’implantation des Palestiniens et l’intégration des déplacés syriens, face au coup d’État, à la non-formation d’un gouvernement, à la confiscation de la décision et l’absence de réformes », a-t-il encore martelé à l’adresse de la foule. « Nous avons libéré le territoire, libérons maintenant l’État de tous ceux qui paralysent ses institutions », a conclu le patriarche maronite.
commentaires (2)
Chapeau votre éminence vous avez raison mais comment quand il y a un autre état ? Il faut diviser le Liban en deux le sud un état iranien et le reste le Liban.....
Eleni Caridopoulou
17 h 23, le 01 mars 2021