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Économie - Monnaie

Les agents de change ne reçoivent plus de « dollars subventionnés »

Les agents de change ne reçoivent plus de « dollars subventionnés »

L’interruption de l’approvisionnement en dollars des cambistes de catégorie A par la Banque centrale expliquerait la hausse récente du taux de la livre libanaise pour un dollar sur le marché parallèle. Joseph Eid/AFP

Le syndicat des agents de change a indiqué dans un communiqué hier que la Banque du Liban (BDL) ne fournissait plus de « dollars subventionnés » à certains bureaux de catégorie A, comprendre ceux qui sont autorisés à exporter des devises, depuis le début du bouclage total entamé à la mi-janvier pour contenir la propagation du coronavirus.

L’expression « dollars subventionnés » fait référence aux billets verts que leur vendait la banque centrale au taux de 3 700 livres pour un dollar (selon une source proche de la profession), à charge pour eux de les revendre à 3 900 livres à certaines catégories de clients et de transactions (définies en accord avec les autorités, tels les achats de billets d’avion, les virements demandés par un employé de maison de nationalité étrangère, etc.). Ce taux fixé par la BDL n’a que peu évolué depuis le printemps de l’année dernière. Il est diffusé via l’application Sayrafa, terminal d’enregistrement dédié à la filière et déployé peu ou prou à la même période.

Cet approvisionnement en dollars a bien été interrompu, selon plusieurs sources concordantes, pour qui ce facteur explique la hausse récente du taux dollar/livre sur le marché parallèle, alors que la demande de devises augmente au fur et à mesure que l’économie du pays continue de se déconfiner. Pour le syndicat, les quantités de dollars vendus par la BDL n’étaient de toute façon pas assez importantes pour répondre à la demande, évoquant un seuil qui avait atteint 10 000 dollars par jour sur le tard.

Il reste que peu d’agents agréés respectent le taux de 3 900 livres pour un dollar, la majorité d’entre eux s’alignant sur le taux du marché parallèle qui gravitait autour de 9 500 livres hier encore. Une situation qui est d’ailleurs à l’origine de la procédure lancée par la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, qui a auditionné, voire appréhendé plusieurs professionnels ces derniers mois, avant de lancer en janvier des poursuites contre le gouverneur de la BDL Riad Salamé, pour négligence et abus de confiance. Le gouverneur est également dans le viseur de la justice suisse dans le cadre d’une enquête pour « blanchiment d’argent aggravé en lien avec de possibles détournements de fonds au préjudice de la BDL ».

Enfin, hasard du calendrier, le communiqué du syndicat des agents de change est publié quelques jours après l’annonce par le procureur financier Ali Ibrahim de la saisie de la commission spéciale d’investigation dans le cadre de poursuites visant plusieurs agents pour des faits relevant du crime de « blanchiment d’argent » et du délit de fraude.

La dépréciation de la livre, stabilisée au taux de 1 507,5 livres pour un dollar depuis 1997, fait partie des aspects les plus lourds de conséquences de la crise que traverse le Liban. Soupçonnés de manipuler les taux, une partie des agents de change légaux et agréés se sont retrouvés à plusieurs reprises dans le viseur de la justice, sans véritables résultats concrets jusqu’à présent. Le récent décrochage – le taux est passé de 8 800 à 9 500 livres en une grosse semaine – serait en partie dû au fait que les banques du pays se replient sur le marché parallèle pour acheter des dollars afin de pouvoir se conformer à la circulaire n° 154 de la BDL, qui les contraint depuis août dernier à placer avant lundi au moins 3 % de leurs dépôts en devises détenus à fin juillet 2020 auprès de leurs banques correspondantes à l’étranger. Une obligation que la banque centrale a une nouvelle fois rappelée hier.

Le syndicat des agents de change a indiqué dans un communiqué hier que la Banque du Liban (BDL) ne fournissait plus de « dollars subventionnés » à certains bureaux de catégorie A, comprendre ceux qui sont autorisés à exporter des devises, depuis le début du bouclage total entamé à la mi-janvier pour contenir la propagation du coronavirus.
L’expression « dollars...

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